À l’image de Greta Thunberg ou Vanessa Nakate, militante écologiste ougandaise, les femmes sont fers de lance du mouvement de défense du climat et de l’environnement à l’échelle mondiale ! Dans ce combat, la prochaine conférence internationale sur le changement climatique, COP28, qui se tiendra à Dubaï aux Émirats arabes unis du 30 novembre au 12 décembre, est décisive. Quelle place la COP accorde aux représentantes féminines, mais aussi à toutes les femmes qui sont en première ligne face au changement climatique ?
Depuis la signature de l’Accord de Paris en 2015, il s’agira de la première réunion des États pour constater le suivi des engagements pris dans ce texte pour limiter le réchauffement planétaire à +1,5 °C. L’enjeu est de limiter les impacts climatiques sur les humains et de conserver une planète vivable.
Malgré tout, un point est souvent mis de côté par les États qui participent à ces COP : les femmes et les filles sont touchées de manière disproportionnée par les impacts climatiques, par rapport aux hommes et aux garçons. Elles sont les premières affectées. ONU femmes parle du changement climatique comme d’un facteur multiplicateur de risques pour les femmes.
« Le changement climatique n’est pas qu’une crise environnementale, c’est aussi une crise sexiste qui accroit les inégalités existantes et les violences qui frappent les femmes et les filles. Faim, déscolarisation, mariages forcés, impacts sur leur santé… les risques auxquels les femmes et les filles sont confrontées sont démultipliés. »
Fanny Petitbon, responsable plaidoyer de l’ONG CARE France.
COP28 : Où sont les femmes ?
Malgré leur position face au changement climatique, les femmes ne sont pas suffisamment entendues et représentaient seulement 35 % des délégations présentes lors de la COP en Egypte l’an dernier. Cette proportion tombe même à 20 % pour les chef.fe.s des délégations gouvernementales.
La présidence émiratie de la COP28 dit vouloir s’améliorer en termes de représentativité des femmes dans les délégations, et finance l’installation d’un pavillon des femmes et de l’égalité des sexes dans l’enceinte du centre de conférences qui abritera les négociations.
« Chaque acte en faveur de l’égalité dans la lutte climatique est un pas en avant important. Sauf que la question du rôle des femmes dans la lutte contre le changement climatique ne doit pas être cantonnée à un pavillon. Par leur contribution essentielle au déploiement de solutions d’adaptation au changement climatique et à la protection des ressources naturelles, les femmes méritent mieux que quiconque leur place à la table des discussions sur le climat, sur les sujets de réduction des émissions, d’adaptation et de financement que de genre. »
Fanny Petitbon
Face au changement climatique, les femmes ont un rôle clé
Traditionnellement, les femmes jouent un rôle dans la protection des ressources naturelles et l’adaptation, la résilience des communautés face au changement climatique.
« En tant qu’agricultrices, on observe chaque jour les impacts climatiques. Aujourd’hui, il pleut quand il ne devrait pas. Dans ma communauté, ce sont les femmes qui agissent. Elles participent aux groupes communautaires et actions collectives, car les hommes n’y vont pas, ou très rarement. Nous sommes les leaders, nous sommes les productrices. »
Virginia Remache, agricultrice indigène et écoféministe en Equateur
Virginia Remache est présidente de plusieurs groupes de développement locaux. Elle a initié des actions de protection des ressources naturelles (comme les cours d’eau) ainsi que la mise en place de pratiques de restauration des écosystèmes, notamment grâce à l’agroforesterie. Virginia Remache est aussi impliquée dans un projet CARE qui a créé la première école d’agroécologie pour les femmes dans sa province.
Pour se faire entendre, Virginia Remache travaille aussi désormais avec les autorités locales pour impliquer les femmes dans les politiques de lutte contre le changement climatique.
« En tant que leaders, nous, les femmes, continuons à aller de l’avant, à diffuser les connaissances. Il est nécessaire que les femmes soient à l’avant-garde. C’est ainsi que nous continuons et que nous apprenons à nos enfants à s’adapter à la terre, à s’adapter aux plantes que nous avons. »
Virginia Remache
Il est temps que les femmes aient accès aux processus de prise de décision de l’échelle locale à internationale, mais soient aussi soutenues financièrement dans le développement des solutions qu’elles apportent.
Investir au féminin à tous les niveaux pour un développement durable plus efficace
Le pourcentage de financements climat qui reconnaît l’égalité entre les hommes et les femmes comme un objectif essentiel est seulement de 2,9 %. Cependant, les pays du Sud montrent l’exemple en facilitant l’accès des femmes aux financements et projets.
« Certains gouvernements, notamment ceux des îles Marshall et du Vietnam, ont montré la voie en facilitant l’accès des femmes aux financements afin qu’elles puissent mettre en œuvre leurs projets, et en les associant à la définition de politiques climat nationales. »
Fanny Petitbon, responsable plaidoyer chez CARE France
Le plafond de verre doit être cassé dans de nombreux secteurs phares de la transition écologique. Actuellement, 75 % des membres du conseil d’administration des entreprises privées dans le secteur des énergies renouvelables sont des hommes, selon une enquête de l’agence internationale pour les énergies renouvelables (International Renewable Energy Agency).
Les initiatives locales doivent être soutenues, comme au Kenya, en Tanzanie et au Rwanda où CARE a soutenu la création de micro-entreprises de vente de lampes solaires et de fours propres. L’objectif était de permettre aux femmes de participer au développement des énergies propres, de réduire les problèmes de santé liés à l’utilisation du charbon et la pollution intérieure, et de limiter la déforestation.
« Les femmes doivent être partie prenante et motrices dans la transition énergétique ! »
Mandakini Kaul, coordinatrice régionale de la Banque mondiale pour l’Asie du Sud lors d’une récente conférence WePOWER
Cette COP28 offre une opportunité unique de mettre en lumière et de promouvoir l’inclusion des femmes dans le mouvement mondial vers un avenir plus durable. Ne pas le faire serait un manquement à notre engagement en faveur de la justice climatique.
- CARE France est une ONG qui lutte contre les inégalités dans le monde, depuis 75 ans. Un engagement solidaire qui agit contre les grands défis de notre époque comme les inégalités hommes femmes, les changements climatiques et les crises humanitaires.
- Présente dans 111 pays, CARE France a aidé, plus de 174 millions de personnes à travers le monde en 2022. L’ONG s’attaque aux différentes causes des inégalités, qu’elles soient sociales, environnementales, juridiques, économiques ou médicales, main dans la main avec les populations locales.
- Dès novembre 2023 et en amont de la COP28, CARE France souhaite attirer l’attention sur la manière dont le dérèglement climatique impacte principalement les femmes avec la campagne : Climate change is sexist.
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