Le nouveau thriller de la plateforme au N rouge, Squid Game, n’a commencé à être diffusé que mi-septembre, mais a déjà été visionné par plus de 100 millions d’abonnés, ce qui en fait le « plus gros démarrage de l’histoire de Netflix » !
Cette série sud-coréenne met en scène des personnes précaires, marginalisées et/ou surendettées qui se retrouvent contraintes de participer à des jeux d’enfants, comme « Un, deux, trois soleil ! », pour tenter d’empocher jusqu’à 33 millions d’euros.
Et pour les perdants de ces matchs faussement enfantins, l’issue est moins joyeuse, puisqu’ils sont tout simplement froidement tués, sur ordre d’un groupe de milliardaires qui tirent les ficelles de cette impitoyable compétition.
L’intrigue est barbare, et pourtant, des millions de personnes n’arrivent pas à détourner les yeux de l’écran. Pourquoi regarder des gens sans défense se battre pour leur survie, dans le confort de notre canapé, nous fascine-il autant ?
Une gamification des destins
Squid Game suit le sort de 455 participants isolés dans un endroit reculé et forcés à jouer à des jeux enfantins pour remporter une énorme somme. Les épisodes croulent sous les rebondissements, les scènes marquantes et les symboles forts qui donnent naissance à tout un tas de théories en ligne.
De la cruauté gratuite ou la critique dystopique d’un système ? Le magazine Bustle y voit une allégorie de l’histoire et de la politique sud-coréennes, mais aussi une analyse sur la manière dont les inégalités peuvent anéantir les personnes en situation de précarité.
Ce n’est pas la première fois que la survie de destins brisés ou challengés est tournée en divertissement à l’écran pour dénoncer une réalité plus large. The Hunger Games raconte en quatre volets la punition de douze districts qui s’étaient rebellés contre le pouvoir, en mettant en scène de jeunes participants livrés à eux-mêmes qui doivent se battre pour leur survie.
Et c’est cette gamification du cruel qui nous obsède.
La gamification renvoie au fait d’insérer des éléments ludiques dans un contexte qui ne l’est pas pour motiver les personnes impliquées. Dans Hunger Games, comme dans Squid Game, les jeux servent à faire passer la pilule et à faire oublier les meurtres d’innocentes victimes.
Mais comme le note la plateforme Gametize, il s’agit surtout de montrer « un mécanisme de contrôle qui équilibre la peur et l’espoir » :
« C’est une histoire qui explore des questions plus profondes comme la corruption, la société et les classes sociales, le pouvoir des médias… »
Voir les autres galérer nous rassure
Les films Saw font partie des plus grands classiques de l’horreur et du gore. Dans les neuf (!) volets, un tueur masqué teste la volonté de survie d’étrangers en leur imposant des jeux au cours desquels ils doivent subir ou s’infliger des mutilations en tout genres.
Et tout comme Hunger Games et Squid Game, le genre fait un carton. Non pas que nous soyons tous et toutes des sadiques en puissance, mais bien parce qu’assister à toute cette horreur en sécurité derrière nos écrans… nous rassure.
La psychologue Pamela Rutledge explique à Bustle qu’une partie de l’attrait pour des séries comme Squid Game naissait de l’espoir. Pour elle, voir des personnages fictifs survivre à de terribles épreuves peut donner l’impression que nous pouvons surmonter nos propres difficultés quotidiennes.
Mathias Clasen, auteur du livre Why Horror Seduce, affirme même que les personnes adeptes de ce style de contenus « apprennent à contrôler leur peur et à mesurer leurs propres émotions ».
Cette fascination pour la survie n’est pas nouvelle — en témoignent les nombreuses exécutions publiques et les spectacles de gladiateurs qui rassemblaient des foules de curieux pendant des siècles. Bustle explique :
« Les gladiateurs étaient généralement des criminels, des esclaves ou des prisonniers de guerre qui renonçaient au peu de protection juridique dont ils bénéficiaient pour avoir la chance de gagner de l’argent. Les placer dans un duel public à mort divertissait les masses tout en garantissant que le pouvoir restait entre les mains des dirigeants au sommet. »
En étant spectateurs et spectatrices de ces destins, nous sommes comme rassurés de voir une forme de justice s’appliquer, qu’elle soit méritée ou non, tout en étant soulagés de ne pas en être les victimes.
Et tout ça, c’est du pain béni pour les dominants qui maintiennent subtilement leur pouvoir d’une main de maître.
Finalement, si on se délecte autant de ce genre de contenus, ne serait-ce pas parce qu’il s’agit d’une manière safe et divertissante d’affronter les difficultés de la vie et de se dire qu’il est possible de les surmonter… ou d’y échapper ?
À lire aussi : Pourquoi cette perruque ? Et autres questions posées par le final de Squid Game
Crédits photos : FR_tmdb et NETFLIX/YOUNGKYU PARK sur Allociné
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
On est juste conscient que ce n'est pas réel et comme souligné avant moi, les morts n'étaient pas ultra détaillé comme dans certains films. Il y a eu des films notamment américain qui montraient beaucoup de détails dans des façons de mourir, et je n'ai pas vu madz se demander si les fans de tel ou tel film se demander s'ils sont de gros sadiques.
Je n'ai pas aimé squid game parce qu'on voit des gens jouer et mourir, j'ai apprécié la série parce qu'il y a une histoire. C'est une histoire cruelle, horrible, mais une histoire racontée par des acteurs qui vont se relever et prendre un café après. Je n'ai pas l'impression que cela m'aide à affronter les épreuves de mon quotidien, ou ce genre de choses.. Vraiment, je ne vois rien d'autres qu'une histoire.