Est-ce une bonne chose qu’un employeur propose à ses salariées de faire congeler leurs ovocytes, dans le but de préserver leur capital fertilité, et d’en assurer la prise en charge d’un point de vue financier ?
De plus en plus de femmes intéressées par l’autoconservation
C’est à cette question qu’ont répondu un groupe de femmes dans le cadre d’une étude menée par l’université Monash en Australie. Au final, 42% des répondantes voient d’un bon œil l’idée que les employeurs fassent cette démarche, leur permettant ainsi de ne pas devoir choisir entre une carrière ou un projet d’enfant, mais aussi de pallier de potentielles difficultés à concevoir un enfant.
A contrario, elles sont 27% à y être défavorables. « Les personnes qui étaient les plus réticentes ont dit que cela pourrait être inutile et qu’il faudrait davantage assurer une politique réellement favorable aux familles et soutenir des aménagements du temps de travail plus flexibles », explique Molly Johnston, l’autrice de l’étude.
Si l’idée de la prise en charge de l’autoconservation par l’entreprise séduit presque la moitié des répondantes, c’est peut-être aussi parce que le coût d’une telle démarche est conséquent dans un pays comme l’Australie, puisqu’il peut dépasser les 10.000 dollars.
Toujours en Australie, certains médecins ont observé une demande grandissante ces derniers mois qu’ils mettent sur le dos de la crise sanitaire : « On a observé une augmentation de la conservation des ovocytes sur les cinq dernières années, mais on l’a vu s’accélérer l’année dernière », affirme Lynn Burmeister à The Age, spécialiste de la fertilité à Melbourne. « Je crois que c’est parce que les femmes restaient chez elles, n’avaient pas de rencard et passaient probablement du temps devant leur ordi, à parler avec leurs amies et à se renseigner sur le sujet. »
Une avancée récente en France
En France,
les entreprises n’ont pas à se mêler de la fertilité des employés. Jusqu’à tout récemment, l’autoconservation des ovocytes n’était accessible que si l’on était atteinte d’une maladie, ou bien si un traitement médical risquait d’altérer notre fertilité. Pour faire conserver ses gamètes sans raison médicale, il fallait donc se tourner vers l’étranger, ou bien faire don de ses propres ovocytes, seule possibilité de bénéficier de l’autoconservation.
Désormais, avec la toute récente révision de la loi de bioéthique, il sera ENFIN possible de préserver son capital ovocytaire sans y laisser un bras en allers-retours avec l’Espagne.
Le revers de l’autoconservation promue par les entreprises ?
Aux États-Unis, certaines entreprises comme Facebook et Apple ont habilement communiqué ces dernières années sur le fait qu’elles proposent à leurs employées de congeler leurs ovocytes.
Une proposition sympa sur le papier, mais qui pose tout de même des questions : faut-il toujours envisager le fait d’avoir un enfant comme un risque si l’on veut mener une carrière ? Pourquoi serait-il toujours aussi compliqué d’avoir un projet de famille ET envie d’évoluer dans une entreprise ?
Certes, les entreprises qui favorisent l’autoconservation permettent de ne pas avoir à sacrifier le premier pour avoir le second, et pour celles qui envisagent d’être parents plus tard, cela permet d’avancer plus sereinement. Mais c’est aussi suggérer qu’on ne peut pas envisager des horaires plus modulables ou même une meilleure répartition des tâches parentales dans les couples (remarquez comme depuis tout à l’heure, on ne parle pas des futurs pères).
Et vous, avez-vous déjà envisagé l’autoconservation de vos ovocytes, que ce soit pour des raisons de santé, comme une endométriose, ou pour pouvoir simplement envisager un projet de bébé quand ce sera le bon moment ?
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Les Commentaires
Et si une entreprise doit financer ça, elle aura encore moins envie d'employer des femmes, vu le coût.