La société protège-t-elle correctement les mineurs ? C’est la question que s’est posée L’Observatoire départemental des violences envers les femmes. Depuis 2002, cet observatoire accompagne les femmes et les enfants de Seine-Saint-Denis victimes de violences, grâce à des dispositifs adaptés à chaque situation.
À l’occasion des 21e Rencontres de l’Observatoire départemental, organisées ce jeudi 9 mars, la structure a partagé les résultats d’une étude menée auprès de 100 mineurs placés par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE). L’objectif étant d’évaluer l’efficacité de l’accompagnement et de la protection mise en place. Malheureusement, les conclusions révèlent des dysfonctionnements dramatiques.
Les violences persistent, voire empirent après le placement
Au moment de l’étude, c’est-à-dire bien après leur prise en charge par l’ASE, les 100 mineurs examinés avaient tous subi des violences sexuelles. Pour 94 d’entre eux, ces abus avaient été perpétrés par des proches, dont 72% d’inceste. Cette introduction sordide prend un tour intolérable quand l’étude nous apprend que sur ces 100 enfants, « seuls » 67 étaient déjà victimes d’abus sexuel avant le placement. Cela signifie que pour 33 d’entre eux, ces violences ont démarré après la mise en place des mesures de protections.
Toujours selon l’étude, 57 enfants ont été abusés sexuellement pendant leur placement, quelles que soient les raisons de ce placement (violences physiques, négligences…). Parmi ces mineurs, 30 ont subi des agressions au sein de leur foyer d’accueil, de la part d’autres jeunes (24) ou par des professionnels et des proches de ces derniers (6). Lors des temps de visites accordées aux familles, ce sont 15 enfants qui ont été victimes d’agressions sexuelles.
Identifier les situations de violence et agir
Dans Le Monde, Édouard Durand, juge spécialiste de ces questions et coprésident de la Ciivise (Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants) admet qu’il n’est pas surpris par de tels résultats. Ce qui le surprend en revanche « c’est que l’observatoire et le département aient le courage de le dire ». Par ailleurs, si le dire est un bon début, des actions doivent suivre.
Ces violences ont des répercussions dramatiques sur la santé des enfants. La majorité d’entre eux présente déjà des troubles psychotraumatiques comme des troubles alimentaires, de l’anxiété, des conduites à risque et parfois des idées suicidaires.
Avec cette étude, l’observatoire espère pouvoir enrichir et développer son arsenal :
« Grâce à ce travail, que nous allons partager avec l’ensemble de nos partenaires, nous allons pouvoir progresser, améliorer les pratiques et les formations au repérage des violences sexuelles »
Ernestine Ronai, responsable de l’observatoire départemental, Le Monde, 9 mars 2023
De son côté, le président de la seine Saint-Denis, Stéphane Troussel, vient d’annoncer que son prochain plan de prévention et de protection de l’enfance contiendrait un pan entier consacré aux violences sexuelles. Il compte mettre à profit, entre autres, les outils diffusés par la Ciivise, comme le kit « Melissa » qui permet de former les acteurs concernés au repérage et à l’appréhension des situations de violences sur mineurs. Le département envisage également de mener des actions de prévention dans les foyers d’accueil et de développer l’accompagnement psychotraumatique dédié aux mineurs, victimes d’abus sexuels.
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Les Commentaires
Un juge peut retirer un enfant d'une famille d'accueil ou d'un foyer pour n'importe quelle raison. Il n'est tenu par aucune enquête. Il n'a pas de compte à rendre aux familles d'accueil ou aux foyers
Par contre, ton message directe, tu supposes que les enfants mentent ou sont manipulés. Les fausses accusations d'agression sexuelle ou de viol par des enfants sont également très rares. Donc, oui c'est eux qui subissent le placement c'est donc eux qu'il faut écouter.