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Actualités France

Les élections présidentielles du futur

Alors que les élections de 2012 approchent, Lady Dylan imagine à quoi elles pourraient ressembler en 2027, en s’appuyant sur la situation actuelle.

Nos élections sont-elles imparfaites ? « Oui », répondent en chœur les grands partis, autant que les plus petits et les adeptes du vote blanc – ainsi que tous les français qui, comme chacun le sait, sont de gros râleurs.

Prenons notre boule de cristal et faisons un tour dans le futur, pour voir comment pourraient se dérouler les élections présidentielles de 2027.

Les candidats n’auront plus besoin des « 500 signatures »

C’est le débat du moment : faut-il supprimer les 500 parrainages d’élus nécessaires pour se présenter à la présidentielle ? Au cœur de la controverse, les plus perspicaces auront reconnu Marine Le Pen, qui clame haut et fort qu’elle risque de ne pas les avoir. Elle a déposé une « question prioritaire de constitutionnalité », c’est-à-dire une requête auprès du conseil constitutionnel pour obtenir l’anonymat des signatures, mais vient d’être déboutée.

Quant à ses opposants, leur cœur balance : certains affirment que le FN ne peut s’en prendre qu’à lui-même s’il est incapable de récolter 500 parrainages, tandis que d’autres sont partisans du « je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire » (cette fameuse formule de Voltaire qui n’est pas de lui) et parlent d’un « problème démocratique ». François Hollande est de cet avis, mais n’imagine pas changer la règle à quelques semaines des élections. Gageons qu’une fois élu (hop, un peu de politique-fiction), il aura à cœur de protéger la démocratie et changera le système des parrainages.

D’autres propositions ont émergé : Jacques Pélissard, président de l’Association des maires de France, souhaiterait que les élus aient deux signatures. L’une équivaudrait à un soutien, l’autre serait un « parrainage républicain » permettant de régler des problèmes comme celui que rencontre Marine Le Pen. Selon Jacques Pélissard, les maires refusent de donner leur signature car ils ne veulent pas être affiliés au FN ; ce double parrainage permettrait de clarifier les choses.

Terra Nova (un think tank – laboratoire d’idées dans la langue de Francis Cabrel – proche du PS) propose de remplacer le système actuel par des parrainages citoyens, par exemple la signature de 2% des électeurs ; cela rendrait au peuple son vrai pouvoir. Les partis représentatifs, c’est-à-dire ayant fait un bon score aux précédentes élections (législatives, par exemple), seraient eux-aussi autorisés à présenter un candidat. Plusieurs personnalités politiques, de Nicolas Sarkozy à Nathalie Arthaud, ont adhéré à cette solution.

On votera par jugement majoritaire

Pour améliorer la démocratie, Terra Nova ne manque pas d’idées. Ils ont constaté que le scrutin majoritaire à deux tours (notre système actuel) pouvait amener au deuxième tour un parti rejeté par la majorité des français – comme quoi le Front National révèle vraiment certains problèmes de notre société – et pouvait au contraire éliminer un candidat populaire à cause d’une dispersion des voix. C’est donc sur la base du traumatisme du 21 avril 2002 qu’a été imaginé le jugement majoritaire.

Avec ce type de scrutin (à un seul tour), chaque électeur donne son avis sur tous les candidats grâce à une grille qui tient lieu de bulletin de vote. D’un côté de la grille : les candidats ; de l’autre : des mentions qui vont de « excellent » à « à rejeter ». Il suffit de cocher les cases, comme pour les auto-évaluations que tout le monde a dû remplir un jour ou l’autre (sauf peut-être Marie-Georgette, 84 ans, qui risque de se mélanger un peu les pinceaux). Cela donne un classement qui prend en compte tous les avis – le calcul est un peu compliqué mais possible, en considérant pour chaque candidat la mention majoritaire et les pourcentages de mentions supérieures et inférieures.

Ce type de scrutin résoudrait également d’autres problèmes de notre démocratie : le vote utile et le vote blanc. Plus de suffrage unique à donner à un candidat que l’on n’apprécie pas tant que ça mais qui peut gagner. Plus de votes blancs puisque rejeter tous les candidats est une option possible et prise en compte. Un test dans trois bureaux de vote en 2007 a également fait état d’une baisse de l’abstention.

Une étude OpinionWay montre que ce système avantage les petits partis, à l’exception des extrêmes. Le MoDem et les Verts ont d’ailleurs fait part de leur intérêt pour ce type de scrutin, alors que le PS a refusé d’organiser sa primaire ainsi. D’après un sondage sur Slate.fr

, c’est Arnaud Montebourg qui aurait alors gagné. Le jugement majoritaire fait émerger des candidats improbables, mais qui font consensus. Vaut-il mieux que tout le monde soit moyennement satisfait ou que 51% de la population soit heureuse et 49% abattue ? Vous avez deux heures.

Le plus gros problème finalement, outre une nécessaire évolution des mentalités : la complexité du dépouillement. Mais bien sûr, dans le futur, le vote sera électronique.

Voter blanc servira à quelque chose

Attention, les futurs peuvent être pluriels et incompatibles, selon le principe des dimensions parallèles : nous venons de passer dans un monde qui ne connait pas le jugement majoritaire dont nous venons de parler.

Reste donc le problème récurrent des élections : la comptabilisation du vote blanc. Une idée pas vraiment nouvelle puisque la première fois que les français ont voté au suffrage universel (en 1848, tout de même) les bulletins blancs étaient pris en compte. Cela n’aura pas duré : en 1849, une mesure était prise pour les exclure du total des exprimés – trois ans plus tard, Louis Napoléon Bonaparte validait cette mesure avec un décret. C’était également l’année de la mise en place de la dictature impériale : un grand moment de démocratie que le Ministère de l’Intérieur qualifie aujourd’hui de « traditionnelle » en réponse à toute question relative au vote blanc.

Nombreux sont ceux qui ont essayé de faire comptabiliser le vote blanc – une vingtaine depuis les années 1980. En 2003, le groupe UDF de l’Assemblée Nationale (qui se souvient encore de l’UDF ?) a mis à l’ordre du jour une proposition de loi visant à intégrer les votes blancs dans les suffrages exprimés. Le texte a été modifié par la majorité UMP pour ne plus faire qu’une distinction entre votes blancs et votes nuls. La loi ne sera de toutes façons jamais adoptée, faute d’être examinée par le Sénat. Quant à la proposition de loi récemment présentée par Jean-Jacques Urvoas (PS), elle ne passera même pas au sein de son propre groupe parlementaire. Elle ne présentait cependant pas d’avancée significative, puisqu’elle ne prévoyait toujours pas de compter les votes blancs parmi les exprimés.

Mais revenons à notre futur. Ce que la politique ne peut pas mettre en place se produira enfin grâce à la mobilisation du peuple : en 2022, le parti du vote blanc (existant réellement de nos jours) va gagner, et son candidat démissionnera comme prévu ce qui provoquera l’organisation d’un nouveau scrutin. Face à cette révolution politique, le parti vainqueur légifèrera enfin sur la comptabilisation des votes blancs.

Les élections commenceront par des primaires

Les primaires socialistes ont fait des émules : selon un sondage Ifop pour le Journal du dimanche, 79% des personnes interrogées trouvent que la mise en place des primaires est une bonne chose, et 65% des sondés aimeraient que l’UMP mette en place le même système. Un sondage OpinionWay pour Terra Nova (le think tank revendique la paternité intellectuelle de la primaire socialiste), donne à peu près les mêmes chiffres.

Fin 2011, Terra Nova a publié un rapport contenant des propositions pour généraliser l’expérience des primaires à tous les partis qui le souhaitent. Ils parlent également de déposer une proposition de projet de loi pour donner un cadre aux primaires, un « label » pour ceux qui le désirent. La pérennisation des primaires est sans doute l’hypothèse la plus plausible de cette liste. Sur le modèle des Etats-Unis, nous aurons le plaisir de voir s’entre-déchirer tous les partis, mais cela sera sans doute un grand progrès pour la démocratie.

La généralisation des primaires redonnera peut-être au peuple confiance dans les élections. Elle donnera en tous cas de la légitimité aux candidats – sous réserve que les langues de vipère se tiennent tranquille. Elle rencontrera peut-être quelques difficultés d’adaptation dans des partis comme Chasse, pêche, nature et tradition, qui auront autant de candidats à la candidature que de militants.

Officialiser les primaires permettra de clarifier les choses : les partis pourront utiliser les bureaux de vote de la République. Les dépenses des candidats lors de la campagne ne seront plus comprises dans les comptes de campagne du vainqueur, non plus que leur temps de parole ne sera comptabilisé avec celui de leur parti. Les campagnes gagneront du coup en envergure – et les électeurs en auront encore plus ras-le-bol.

Pas trop effrayées de ce voyage dans le futur ? Quelle(s) éventualité(s) vous paraissent les plus probables ? Dans tous les cas, rendez-vous en 2027 pour vérifier ces prédictions.


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Les Commentaires

4
Avatar de Lady Dylan
19 mars 2012 à 08h03
Lady Dylan
Article très intéressant ! Le scrutin majoritaire, j'en rêve complètement. Le PS et l'UMP ne monopoliseraient plus le débat, comme s'il y avait deux modèles de français et c'est tout. Quant au FN, j'avais lu que selon ce système il devrait finir dans les derniers, avec le plus de mentions "à rejeter" (ce qui, je pense, devrait être éliminatoire).

Un point de détail : c'est pas Napoléon Bonaparte mais Louis Napoléon Bonaparte, ce qui est important puisque les deux hommes étaient bien différents sur le plan politique.
Mince, je devais avoir un coup dans le nez quand j'ai vérifié les dates pour Napoléon ! (Parce que oui, j'ai vérifié, c'est ça qui est grave, ahem.) Y aurait moyen d'éditer ça Fab ? *yeux de chat potté*

Et sinon, tu voudrais le jugement majoritaire je pense, parce que le scrutin majoritaire c'est ce qu'on a actuellement
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