Si Pär Lagerkvist n’a rien à voir avec les Lumières, son roman lui a plutôt l’air d’un texte de l’époque. C’est certainement parce que l’intrigue a lieu dans l’Italie de la Renaissance, mais pas seulement. Même dans la façon dont il est fait, on a le sentiment de retrouver les écrits de quelques uns des grands écrivains du siècle des Lumières. En lisant Le nain, on croirait presque lire Montesquieu, Voltaire, rencontrer à travers le regard de ce personnage cruel la critique qu’ils ont fait de leur société.
Piccolino est le principal nain à la cour du roi d’Italie. Même le seul, parce qu’il a volontairement incité son roi à se séparer des autres, allant même jusqu’à tuer le dernier. Piccolino est cruel, déteste autant les autres nains que tous ceux qui l’entourent. Il porte sur eux un regard aussi inhumain qu’amusant, puisqu’en se plaçant sur un point de vue tout à fait opposé aux convenances de l’époque, Piccolino en fait une critique incisive.
Le nain est présenté comme le journal de ce nain avide de sang et de gloire. Il décortique tous les travers des hommes, tout ce qui chez eux le répugne : et il y a de quoi faire. Il exècre tout, chez tout le monde, et porte autour de lui un regard bien souvent cynique. La fin est certainement le moment le plus savoureux de ce roman, présentant l’aveuglement de ce nain d’une façon si emprunte de sa subjectivité que le lecteur s’en délecte.
Pär Lagerkvist, lui, ne s’encombre pas du superflu, a un style presque banal ou en tout cas qui se limite à l’essentiel. On justifie son prix par le fait qu’il s’efforce « to find answers to the eternal questions confronting mankind » et il est vrai que par le biais de ce nain soit sauvage, soit plus lucide que ses contemporains, il en fait une bonne analyse, en tout cas précise.
Le nain, éditions Stock
Pour plus informations sur Pär Lagerkvist, voir la page du site NobelPrize.org qui lui est consacrée – en anglais.
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