Savez-vous vraiment ce que contiennent vos vêtements, en particulier si vous portez des culottes menstruelles ? Face à la crainte du choc toxique, le marketing de la peur bat son plein, y compris au rayon protection hygiénique. Fondée en 2011 par Miki Agrawal, Radha Agrawal, et Antonia Dunbar, la marque new-yorkaise Thinx Underwear reposait notamment sur la promesse de ne contenir aucun « ingrédient toxique ». Un argument et une expression vague, employés par de nombreuses marques qui participe à entretenir l’angoisse généralisée (légitime) des consommateurs et consommatrices en donnant l’impression que tout le reste du marché veut vous tuer. Or, une récente étude vient de démontrer que Thinx Underwear contenait en réalité des composés controversés. L’entreprise s’est donc retrouvée en « class-action lawsuit » : une action collective en justice menée par un grand nombre de personnes, souvent des consommateurs, pour poursuivre une personne, souvent une entreprise, afin d’obtenir une indemnisation financière. Au terme de ce procès, Thinx doit désormais la somme de quatre millions de dollars en indemnités aux clientes trompées.
La marque de culotte menstruelle Thinx, reconnue coupable de contenir des substances nocives
En effet, une association de consommatrices a déposé un recours collectif auprès de la marque Thinx pour qu’elle mène une étude sur la réalité de la composition de ses produits. L’enquête ouverte le 26 août 2020 (comme on peut le lire sur ClassAction.org) vient d’aboutir à la conclusion que ces protections menstruelles contiennent en fait des toxines nocives, notamment des substances per – et polyfluoroalkyles (PFAS). Or, celles-ci peuvent être liées à des effets néfastes sur la santé comme le développement de cancer (en cas de longue exposition à une forte concentration), estime l’agence états-unienne de protection de l’environnement. Les protections menstruelles Thinx contiendraient aussi un traitement antimicrobien Agion, qui peut lui aussi avoir des effets néfastes sur la santé (là encore, en cas de longue exposition à une forte concentration, car c’est la dose qui fait le poison).
Le recours collectif allègue que Thinx a sciemment présenté ses produits comme étant sûrs et « exempts de métaux toxiques et/ou de nanoparticules ». Or, la marque nie ses allégations et affirme que les PFAS (également surnommés « produits chimiques éternels ») ne faisaient pas partie de la conception de leurs produits. Toujours est-il qu’elle a accepté de dédommager les clientes à hauteur de quatre millions de dollars au total, au terme d’un procès qui vient de se terminer. Ainsi, toute personne qui a acheté des sous-vêtements menstruels de cette marque entre le 12 novembre 2016 et le 28 novembre 2022 peut demander à toucher une partie de cet argent. En cas de réclamation valide, il est possible de recevoir sept dollars par achat pour un maximum de trois achats… En gros, on peut être remboursée à hauteur de vingt et un dollars maximum, si on a été exposé par ses substances nocives dont la marque assurait pourtant être dépourvue.
Crise perpétuelle de la confiance dans les protections menstruelles
Mais Thinx est loi d’être la seule maque de protections menstruelles à se prétendre exempte de composés controversés. Des études indépendantes ont déjà trouvé du côté de la concurrence des taux élevés de produits chimiques suspects pour un tel usage, comme des phtalates (qui peuvent avoir un effet perturbateur hormonal), dans des serviettes et des tampons, rapporte Teen Vogue.
Ce nouveau procès repose donc la question de la composition des protections menstruelles, régulièrement sujette à controverse. Cette crise de la confiance, qui perdure et se reconfigure à chaque nouveau scandale, concerne près de 1,8 milliard de personnes menstruées à travers le monde. Mais pourquoi est-il si compliqué de produire des solutions efficaces, saines et sûres ?
Une tempête parfaite dans nos culottes
Le Guardian vient de poser la question à Chris Bobel, professeur d’études de genre et sexualité à l’Université du Massachusetts à Boston, qui estime que cela procède de la menstruelle :
« Notre priorité socialisée est de dissimuler nos corps menstrués, et non de remettre en question les types de produits que nous utilisons. C’est vraiment une configuration parfaite pour que l’industrie profite de nous et exploite notre désespoir pour passer pour non-menstruée. »
En d’autres termes, on est tellement habituées à vouloir cacher nos règles à tout prix, que l’on accepte sans sourciller d’utiliser des produits dont on connaît mal la composition et le fonctionnement. Plus on insécurise un marché, plus celui-ci peut être prêt à dépenser dans n’importe quelle piste pouvant ressembler à une solution (c’est sur nos insécurités que reposent en grande partie les marchés de la mode et de la beauté). Évidemment, cela a beaucoup à voir avec le fait que cette industrie vise principalement des femmes dans un monde encore globalement sexiste, qui se soucie donc assez peu de leur santé. Rajoutez à cela les problèmes de traçabilité de matières premières comme le coton, dont même la production en agriculture biologique peut être questionnée, et vous obtenez une tempête parfaite dans nos culottes.
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Crédit photo de Une : Capture d’écran Instagram Thinx.
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www.thinxunderwearsettlement.com.