D’habitude, je commence cette chronique hebdomadaire en louant les qualités inspirantes et motivantes de la femme exceptionnelle dont Pénélope Bagieu raconte la vie, en résumé, sur une planche de BD.
À lire aussi : Pénélope Bagieu lance « Les Culottées », des portraits en BD de femmes audacieuses !
Même si ces modèles féminins inconnus ou trop peu connus n’ont pas eu l’existence facile, elles ont pour la plupart surmonté pas mal d’obstacles, pour réussir à se faire une place au soleil, dans un monde qui faisait tout pour les étouffer.
Même si à la fin, elles meurent — comme tout le monde, j’ai envie de dire — et même si pour certaines, leur mort fut violente, j’ai toujours trouvé que le positif avait contrebalancé, voire carrément dépassé les affronts de la vie.
Phulan Devi, mariée, violée, battue, violée… avant ses 16 ans
Jusqu’à ce que je lise l’histoire bouleversante de Phulan Devi. Cette jeune Indienne, née d’une famille pauvre dans une caste défavorisée (les Mallahs), a vécu l’enfer. Mariée de force à dix ans, violée, battue, arrêtée, violée, encore violée… et là, on arrive au moment de sa vie où elle a seize ans.
C’est la colère qui la fait tenir, quand plus aucune autre émotion, lorsque plus aucune volonté, aucun sentiment ne l’anime : il reste toujours la colère, la rage de venger ses agressions et de défendre toutes celles qui souffrent, sont opprimées, et/ou victimes de viol.
Dessiner l’inimaginable… Pour qu’on ne l’ignore plus
Mais en fait, comment on dessine en BD, en couleurs vives et joyeuses, une scène de viol collectif ? Pénélope Bagieu a beaucoup hésité avant de transposer la biographie de Phulan sous le format des Culottées, ce qu’elle explique sur Twitter.
Voilà, vous êtes prévenu•es. La vie de Phulan m’inspire finalement tout autant que celle des soeurs Mariposas, ou de Lozen. Avec ce truc en plus, cette fois-ci : elle ravive ma colère, ma haine de ceux qui ont fait ça, et continue de s’octroyer tous les droits sur les femmes et leurs corps.
Phulan Devi, une histoire terriblement actuelle
Je suis révoltée par l’histoire terrible de Phulan Devi, plus révoltée encore par son actualité : elle se déroule en 2001. Pas en 1901. Dans les années 2000, au XXIème siècle. Et quinze ans plus tard, les mariages forcés d’enfants sont toujours d’actualité. Et les viols punitifs, collectifs et barbares sont toujours d’actualité en Inde.
À lire aussi : Interview de Sarojini Sahoo, féministe indienne – Carte postale d’Inde
Des histoires comme la sienne continuent d’émouvoir et de choquer, comme celle de cette jeune fille, violée dans un bus par plusieurs hommes, et laissée pour morte sur le bas-côté. Son histoire, racontée dans le documentaire India’s daughter, a été censuré en Inde, l’année dernière.
L’histoire de Phulan Devi est insupportable. Révoltante. Difficile à lire, comme elle a été difficile à représenter en dessins, pour Pénélope Bagieu. Il est d’autant plus nécessaire d’en prendre connaissance, pour prendre conscience de la réalité de cette violence.
À lire aussi : Nellie Bly, la première journaliste d’investigation — Les Culottées, par Pénélope Bagieu
À lire aussi : Brock Turner, le « violeur de Stanford », sort de prison… après 3 mois
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos newsletters ! Abonnez-vous gratuitement sur cette page.
Les Commentaires
J'ai eu du mal à contenir quelques larmes d'émotions....