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Les courants Constructivistes

Attention : sujet sensible. Le constructivisme est une avant-garde qui fut énormément critiquée en son temps et qui l’est également à notre époque : « Un carré blanc sur fond noir, c’est pas de l’art, moi aussi je sais le faire ! ». On va tenter de tordre le cou à ce genre de réflexion, en démontrant que le constructivisme fut une véritable forme de contestation au début du 20ème siècle.

Le Constructivisme Russe

Cette tendance artistique se développe dès 1913, sur les bases du cubisme et du futurisme. Son fondateur « historique » est Vladimir Tatlin. Accompagné principalement de Kasimir Malevitch et d’Alexander Rodtchenko, il propose une conception purement géométrique de l’espace (première colle, on sent l’influence du…*).

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Rodtchenko, Composition, 1919, gouache sur papier.

Les artistes utilisent des principes mathématiques et scientifiques (deuxième colle : influence du…**) et s’inspirent du nouveau monde technologique qui s’ouvre à eux. Ils traitent leurs tableaux avec les trois couleurs primaires ainsi que le blanc et le noir, dans une facture totalement impersonnelle (de grands aplats, sans aucune modulation).

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Malevitch, Sans titre, 1916, huile sur toile.

Le constructivisme est également présent sur la scène architecturale de l’époque : le plus grand projet constructiviste sera pensé par Vladimir Tatlin qui imagine le Monument à la Troisième Internationale en 1919. Véritable hymne à la modernité, cette Tour Tatlin ne fut cependant jamais réalisée.

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Maquette de la Tour Tatlin actuellement exposée au musée d’art moderne de Stockholm.

Presque aussitôt, une nouvelle branche plus radicale se créé, sous la seule impulsion de Kasimir Malevitch : c’est le suprématisme russe.

* du cubisme
** du futurisme

Le Suprématisme russe

Kasimir Malevitch va porter quasiment seul le mouvement suprématiste. Encore plus radical que le constructivisme, il prône la suprématie des moyens purement picturaux (formes représentées limitées au carré, au cercle et à la croix, et couleurs utilisées) sur les représentations du monde visible, de l’apparence. Il souhaite une réalité plastique uniquement. L’apogée de ce mouvement est atteint en 1917 avec l’œuvre de Malevitch Carré blanc sur fond blanc :

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Malevitch, Carré blanc sur fond blanc, 1917, huile sur toile.

Le petit plus qui-fait-bien-sur-une-copie-de-bac : on distingue une légère différence entre les deux blancs. Pour cause :  Malevitch a utilisé une peinture française pour le carré et une peinture russe pour le fond.

Malevitch est le premier à découvrir la puissance d’expression des espaces vides et du néant (limite au-delà de laquelle la peinture n’est plus perceptible), le monde de la totale non-représentation : c’est « le degré zéro de la peinture ».

D’autres artistes s’illustreront dans le suprématisme, pour quelques tableaux ou pour leur œuvre complète mais globalement, d’une façon moins radicale que Malevitch. On peut nommer Ivan Klioune, El Lissitzky ou encore la propre femme de Kasimir Malevitch, Nadeschda Udalzova.

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Lissitzsky, Sans titre, 1919, huile sur toile.

Le groupe hollandais De Stijl

Le groupe De Stijl se développe aux Pays-Bas, parallèlement au constructivisme et au suprématisme russe. Il est fondé en 1917 par Théo Van Doesburg (peintre et théoricien de l’art) dans la lignée de la revue littéraire portant le même nom. Dans la même veine que le constructivisme, De Stijl propose une destruction de l’art figuratif au profit de formes et de couleurs « pures ». Ce courant s’inspire également de la nouvelle modernité du monde ainsi que des machines. De Stijl se veut un art social, destiné à tous.
La figure emblématique de ce groupe est sans conteste Piet Mondrian. Sa peinture se caractérise par une limitation stricte des moyens picturaux et plastiques : des lignes droites parallèles perpendiculaires ou diagonales, des couleurs primaires (ainsi que le noir et le blanc) et des aplats à la facture parfaite.

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Mondrian, Tableau 2, 1922, huile sur toile.

D’autres artistes participent à ce groupe hollandais et permettront de le hisser parmi les courants importants de ce siècle : on peut nommer par exemple Jean Arp, Georges Vantongerloo ou encore JJP Oud.

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Vantongerloo, Intervalles, 1937, huile sur bois, Kunstmuseum.

La fin du groupe De Stijl sera provoquée par des divergences entre Piet Mondrian et Théo Van Doesburg. Ce dernier accusera le premier de manquer d’imagination et de ne pas se renouveler suffisamment.

En quoi est-ce un art contestataire ?

Pour bien comprendre ces trois courants, il faut se remémorer le contexte socio-politique du moment. Dans les pays de l’Est, l’art n’a pas échappé à la main mise du régime soviétique. Les peintres devaient faire de la peinture figurative « populaire » censée représenter le bonheur de la société soviétique. Mais bien vite, des artistes se mettent en marge de ce « réalisme socialiste » et donnent naissance aux mouvements constructiviste et suprématiste : ils prennent le contre-pied de l’art voulu par le régime en faisant des tableaux abstraits.

Il faut donc arrêter de croire que les courants constructivistes sont des courants « simplistes » ; il faut savoir voir au-delà des carrés et des lignes représentés. Les artistes de ces courants avaient un but commun : faire un art collectif et universel afin d’éloigner tout individualisme et toute subjectivité, propres selon eux à l’art figuratif.

Les courants constructivistes vont engendrer et influencer de nombreux autres courants artistiques : principalement le Op’ Art et l’art cinétique (œuvres abstraites jouant sur les illusions d’optiques). Mais c’est surtout dans le domaine de l’architecture que l’influence sera la plus forte. L’école allemande du Bauhaus sera créée sous l’impulsion de ces courants constructivistes : cette architecture sera caractérisée par l’absence d’ornements, des façades ostentatoires et un fonctionnalisme rigoureux.

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Exemples d’architectures du Bauhaus.

 

Que pensez-vous de cette nouvelle avant-garde ? Venez en débattre sur le forum dédié à cet article !

Et merci à Moossye pour le petit coup de main ! :]

A voir aussi :

– Piet Mondrian et Kasimir Makevitch dans « La naissance de l’art abstrait », dossier pédagogique du centre Pompidou.


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Les Commentaires

8
Avatar de Mademoiselle-Upanova
19 février 2009 à 01h02
Mademoiselle-Upanova
Je trouve tes articles vraiment chouettes !

Mais le problème avec les mouvements constructivistes, ( selon moi einh çà n'engage vraiment que moi ! ), c'est comment faire la nuance entre ce mouvement et les trucs vraiment à chier de gens qui se revendiquent artistes alors qu'il n'en est rien ? Après pour établir cette limite, c'est peut-être aussi ( surement même ^^ ) une histoire de contexte ! en tout cas, cimer pour tes articles !
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Voir les 8 commentaires

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