Récemment, le mouvement #BalanceTonBar a visibilisé les témoignages d’agressions ou d’administration de GHB — la « drogue du violeur » — visant des femmes dans le milieu de la nuit. Avant cela, de nombreuses initiatives avaient déjà tiré la sonnette d’alarme quant aux violences sexuelles et sexistes dans les lieux festifs. Malgré les alertes et les actions qui se multiplient, les victimes s’accumulent.
Pourtant, il y a des établissements qui ont tout compris. La plupart des sex clubs, clubs échangistes et sex parties mettent depuis longtemps un point d’honneur à ce que le consentement soit respecté entre tous les participants et participantes.
À tel point qu’il existe des « Consent monitor », ou contrôleur du consentement, qui surveillent les interactions de chacun et chacune pour s’assurer que tout le monde est OK.
« Consent monitor », un métier essentiel dans les sex clubs
Au Royaume-Uni, pas mal de sex clubs ont vu leurs licences révoquées et ont dû fermer leurs portes à la suite d’affaires de viols, de harcèlement ou d’agressions sexuelles. Pour éviter l’hécatombe et garantir la sécurité de leurs clients, et particulièrement de leurs clientes, les établissements ont donc mis les bouchées doubles et ont changé leurs priorités.
À Londres, les sex clubs et sex parties recrutent des contrôleurs de consentement formés pour garder un œil ouvert sur tous les échanges. Clairement identifiés, ils et elles se baladent en uniforme pour « s’assurer du bien-être des gens et éviter tout harcèlement ou agression sexuelle ».
Alex, un Consent Monitor dans la capitale anglaise, raconte son job à Vice :
« Une fois, j’ai dû mettre quelqu’un dehors alors que deux femmes s’amusaient ensemble. L’une d’entre elles a regardé un gars et il a pris ça comme une autorisation pour lui attraper les cheveux. Elle était visiblement paniquée. Je suis arrivé et je me suis occupé de ça. Son excuse était “Oh, c’est la façon dont elle m’a regardé. Elle était consentante”. J’ai dit : “Non. La seule forme de consentement est verbale. Et il peut bien sûr être retiré”. »
Pour le contrôleur, si on parle beaucoup de GHB en ce moment, l’alcool est de loin le moyen le plus courant de se droguer et de droguer quelqu’un dans un club. Et selon lui, c’est aussi le plus facile puisque les gens acceptent un verre sans suspicion :
« Je suis également infirmier aux urgences. Nous voyons arriver des gens qui ont été drogués. Neuf fois sur dix, il n’y a pas de drogue [illégale] impliquée. C’est de l’alcool, purement de l’alcool.
Vous savez ce que c’est que de doubler les doses ? Ils te disent, “Je t’offre une vodka tonic”, puis ils commandent une double dose plus un double shot et versent le tout dans la vodka tonic. Donc tu as un quadruple à ton insu. »
En France aussi, certaines sex parties misent tout sur le respect du consentement. Mais du côté des clubs et boîtes de nuit classiques, où celui-ci est régulièrement bafoué, rien, ou presque, n’est mis en place…
Les boîtes de nuit pourraient en prendre de la graine
Ne soyons pas dupes, presque toutes les mesures de sécurité dans les lieux festifs — des fouilles à l’entrée au personnel de sécurité qui surveille les va-et-vient dans les WC — sont là dans le but principal de contrôler la consommation de drogues, trop rarement la sécurité des fêtards et fêtardes face aux risques d’agressions, notamment sexuelles.
Matt, lui aussi Consent Monitor, confie ainsi à Vice :
« Je crois que nous devrions tous surveiller nos espaces, c’est juste un devoir communautaire de diligence. »
Un peu de lumière tamisée, d’alcool, de proximité, et beaucoup de personnes croient que les frontières du consentement deviennent floues. C’est pourtant faux : le consentement, c’est partout et tout le temps.
Consentis, une association qui lutte contre les violences sexuelles et sexistes en milieux festifs, rappelle les 5 points du consentement sexuel :
- Il est enthousiaste (la personne exprime clairement son désir)
- Il est libre et éclairé (sans pression, sans manipulation et impossible sous l’emprise excessive de drogue ou d’alcool)
- Il est spécifique (il vaut pour une seule activité sexuelle et doit être réitéré si on décide d’en entreprendre une nouvelle)
- Il est réversible (on peut se rétracter ou changer d’avis)
- Il est informé (chacun et chacune connaît les risques liés à l’activité sexuelle).
Rich, qui s’assure du consentement dans les sex clubs londoniens, raconte son expérience :
« Je suis contrôleur du consentement depuis six ans professionnellement. Il y a eu de nombreux cas où il n’y avait pas de signe clair d’un problème, alors des décisions difficiles ont été prises pour interrompre quelque chose en me basant uniquement sur mon sentiment que quelque chose ne va pas.
Par exemple, une scène basique — une fessée — avait lieu. Le langage corporel de la femme semblait figé, son visage était sans expression…
Aussi perturbant que cela puisse être d’interrompre un acte, je préfère le faire et me tromper plutôt que de rejeter mes inquiétudes comme étant trop prudentes et potentiellement ignorer une grave violation du consentement. »
Dans l’Hexagone, la plupart des employés de bars ou de clubs sont engagés pour faire régner l’ordre et empêcher la consommation de stupéfiants ; les établissements misent tout sur cet aspect, et trop peu du côté des violences sexuelles et sexistes que les clientes peuvent subir. Il existe bien des associations qui oeuvrent pour que le consentement soit respecté, mais aucun personnel interne aux établissements n’est dédié à le faire appliquer…
À quand des contrôleurs du consentement dans tous les espaces de fête ?
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Crédits photos : cottonbro (Pexels)
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