Article mis à jour, publié initialement le 22 octobre 2021,
Ces dernières années, des petites gélules beauté ont envahi le marché. Une peau rayonnante et sans acné, des cheveux qui poussent plus vite et tombent moins, des ongles plus forts… les promesses de ces compléments alimentaires font rêver.
Mais on ne peut s’empêcher de se demander : est-ce de la poudre aux yeux ?
Les compléments alimentaires beauté, efficaces ou non ?
D’après la dermatologue Martine Baspeyras, « les compléments alimentaires sont efficaces mais à condition de bien les utiliser ». Il faut d’abord différencier les sortes présentes sur le marché :
« Il y a les vitamines, mais ce qui marche très bien ce sont les oligo-éléments, en particulier le zinc : on en manque tous et toutes. »
La professionnelle conseille des cures de trois mois, lors de périodes précises de l’année, accompagnées d’un mode de vie équilibré — « Je recommande à mes patients de mieux manger : un peu plus de fruits et de légumes, si possible bio ». Car la dermatologue est catégorique : « prendre des compléments alimentaires et manger n’importe quoi, ça ne sert à rien ».
À l’automne, notre système immunitaire s’affaiblit et on constate une perte de cheveux plus importante. Martine Baspeyras mise donc sur des compléments alimentaires à base de vitamine B pour booster sa crinière. Elle met cependant en garde quant à la dose ingérée :
« Si on en prend en grande quantité, on va stimuler la pilosité. Ce n’est pas l’effet recherché. »
En période hivernale, ses petits chouchous ne sont autres que la vitamine C et D.
Le zinc, lui, est redoutable pour aider les peaux à tendance acnéique. La dermatologue encourage à faire des cures lorsqu’on en ressent le besoin. Seul problème : parfois mal assimilé par certains organismes, il peut donner mal au ventre. Pour une efficacité maximale, il doit être consommé en dehors des repas — « Je demande à mes patients de le prendre le soir au moment du coucher », conseille le docteur Baspeyras.
Ce qu’il faut néanmoins retenir, c’est que l’’efficacité des compléments alimentaires dépend de beaucoup de facteurs : une petite gélule ne peut se suffire à elle-même.
« Les dermatologues vont vraiment adapter les compléments qu’ils prescrivent en fonction de l’âge, du mode de vie et du type de peau. Il n’y a pas de recette magique qui convient à tout le monde. C’est un ensemble de choses. »
Et les probiotiques alors ?
S’il y a bien un groupe de compléments qui a la cote en ce moment, ce sont les probiotiques ! Ils ont vocation à venir équilibrer le microbiote de notre intestin — c’est-à-dire l’ensemble de bactéries, virus, parasites et champignons non pathogènes qui évoluent le long de notre système digestif. Ce microbiote intestinal est un véritable écosystème qui contribue à notre santé.
Ainsi, lorsque l’on est en dysbiose (manque de « bonnes » bactéries au niveau de la flore digestive), il est possible de constater un teint terne, ou même l’apparition de boutons d’acné car l’intestin n’assimile pas de manière correcte les aliments et vitamines.
« La règle numéro une dans ces cas-là, est de rétablir une muqueuse digestive de bonne qualité avec une flore de bonne qualité », explique le docteur Baspeyras. Interviennent donc les probiotiques : ils contiennent ces fameux micro-organismes et aident à rétablir un équilibre.
Ce n’est pas Anne-Laure Meunier, diététicienne nutritionniste et co-fondatrice de SmartDiet, qui dira le contraire :
« La santé de l’intestin est incroyablement liée à toute notre santé ! »
Elle apporte cependant quelques petites nuances autour des probiotiques : selon elle, beaucoup de mystère plane encore autour d’eux, malgré des débuts prometteurs.
« C’est très difficile d’étudier ces micro-organismes car il faut des conditions spécifiques. Comme ils vivent dans le tube digestif, il ne faut surtout pas les exposer à l’air afin de les garder en vie. Cela rend difficile l’observation de l’ingrédient. »
En effet, si l’on travaille depuis au moins vingt ans sur les probiotiques, notre compréhension de leurs effets n’en est pourtant qu’à un stade balbutiant.
« Il y a énormément de recherches car les probiotiques touchent des sphères comme les problèmes de peau, les troubles de l’humeur, l’obésité… Ils ont un impact colossal mais il faut avouer que c’est prématuré de donner du crédit à quelque chose qui est encore “in progress”. »
Pour s’assurer de l’efficacité d’un complément alimentaire, Anne-Laure Meunier recommande de se renseigner avant l’achat sur les listes de probiotiques concernés par suffisamment d’études démontrant leur efficacité.
Une chose est sûre : les yaourts sont une très bonne source de probiotiques naturels et de bonne qualité !
Focus sur les compléments alimentaires pour cheveux
Les compléments alimentaires pour l’intestion n’ont désormais plus de secret pour nous, mais qu’en est-il de ceux pour les cheveux ? À la kératine pour les fortifier, ou à la biotine (vitamine B) pour lutter contre leur chute, ils sont légion.
Selon Hovig Etoyan, propriétaire du salon éponyme à Paris, si on ne peut nier leur efficacité, rien ne vaut les soins directement appliqués sur le cuir chevelu.
« Le fait de prendre un comprimé va systématiquement fortifier le cheveu et lui faire du bien. Mais lorsque j’applique mon produit sur le cuir chevelu, je sais que c’est en train de nourrir directement les cheveux. »
En effet, certaines études suggèrent que lorsque l’on prend des compléments alimentaires, on ne peut savoir avec certitude que l’actif atteint uniquement l’organe souhaité. Très bon exemple avec le collagène, une molécule réputée lourde et complexe, comme l’explique le docteur Baspeyras :
« Quand on ingère un complément alimentaire, on ne peut pas être certain que les bénéfices vont directement sur la peau ou les cheveux. Le collagène par exemple va servir au niveau articulaire et osseux, donc il n’ira pas qu’au niveau de la peau. »
Là encore, on ne sera pas surpris d’apprendre que la clé d’un cuir chevelu sain réside dans (roulements de tambour)… Le microbiome ! La dermatologue précise :
« Pour que le cuir chevelu soit sain, il faut que ce microbiome soit réparti de manière égale sur toute la tête. Quand ce n’est pas équilibré, c’est là que l’on va constater des rougeurs et de l’irritation. »
Comme pour tout écosystème, il faut un équilibre : tant que les bonnes bactéries sont réparties de manière équitable sur l’ensemble du crâne, tout va bien. La diversité du microbiome participe à stabiliser le pH du cuir chevelu.
« En tant que coiffeur, on sait que si on arrive à traiter le cuir chevelu, on aura un joli cheveu », tranche Hovid Etoyan.
Des cheveux en bonne santé sont synonymes de sommeil, d’une alimentation équilibrée et d’un minimum de stress. Lorsque le microbiome est déséquilibré, mieux vaut s’orienter vers des soins adaptés à nos besoins : les compléments alimentaires sont… un plus. Pas plus.
Comment bien choisir ses compléments alimentaires
Un autre élément (important) pour s’assurer de l’efficacité de son complément alimentaire, c’est sa qualité — celle des ingrédients présents dans la composition, mais également de l’emballage dans lequel ils se trouvent. « Ensuite, cela va dépendre de la dose qui a été mise dedans, et cela pose un problème car c’est très rarement inscrit sur les emballages », ajoute la diététicienne Anne-Laure Meunier.
Il faut se poser la question de comment l’actif a été extrait. La méthode peut-être marquée sur la boîte, « mais ce n’est pas toujours le cas », précise Anne-Laure Meunier.
Par exemple pour les plantes : est-ce qu’elle a été bien déshydratée et conserve toutes les molécules à l’intérieur ainsi qu’une stabilité dans le temps, où est-ce qu’elle a été brûlée (« auquel cas, il y a le bon ingrédient, la bonne quantité, mais il n’apporte plus aucun bénéfice », conclut la diététicienne) ?
« Il n’y a pas une méthode particulièrement efficace, car l’extraction change suivant les types de plantes », conclut Anne-Laure Meunier.
On peut également chercher un certificat Bonnes Pratiques de Fabrications (BPF) ou GMP (Good Manufacturing Practices) sur l’emballage : délivré par l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé), il garantit la qualité du produit lors du processus de fabrication, des ingrédients utilisés mais aussi de la méthode de conservation.
La complémentarité entre les ingrédients a aussi son importance. En effet, il faut des composants qui vont aider l’actif principal à atteindre sa cible (peau, cheveux, ongles…) lors du processus de digestion. C’est le cas par exemple du magnésium qui, mélangé à de l’acide citrique, peut être mieux absorbé. Il peut également être associé aux vitamines du groupe B (notamment la B6). Anne-Laure Meunier regrette :
« Ce sont vraiment des éléments qu’il faut connaître, et avec des yeux d’humains qui ne sont pas formés à la micronutrition, il y a de gros risques de se faire avoir par le marketing. »
Enfin, la diététicienne ajoute qu’il est nécessaire de faire attention à la qualité de l’enveloppe de la gélule ou de la capsule. Ces détails vont avoir une grande influence sur son efficacité :
« Il faut que la gélule soit suffisamment gastro-résistante, pour qu’au moment où elle passe l’estomac, elle soit protégée. Sinon elle va éclater et être brûlée par le pH acide. »
Une dernière recommandation pour s’assurer de l’efficacité de nos compléments alimentaires ? Martine Baspeyras conclut sur une note d’humour :
« Respecter les posologies et ne pas faire d’associations hasardeuses. J’aime dire à mes patients que le complément alimentaire, c’est la cerise sur le gâteau… Mais pour pouvoir poser cette cerise, il faut le gâteau ! »
Crédit de Une : Nataliya Vaitkevich / Pexels
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