En lisant la première moitié des Chèvres du Pentagone, j’ai du retourner, sans mentir, le livre, une bonne dizaine de fois, pour relire le mot ‘reportage’. Parce que tout ça m’avait l’air d’un délire sorti tout droit de l’esprit tordu d’un mec sous acide. PAS la réalité, en somme.
Jon Ronson, journaliste, nous offre donc ici un reportage hallucinant sur l’armée américaine. Plus exactement, son petit penchant pour les expériences paranormales.
Sous forme d’entretiens avec différents gradés et ex militaires, mais aussi medium, etc, le livre suit le parcours de l’auteur, qui, de révélation en révélation, devient de plus en plus obsédé par son sujet. En grattant, il va petit à petit comprendre la genèse des expériences dont il entend parler, puis il retrace leurs mises en œuvre.
Pour te faire un petit résumé, un militaire très peace and love a sillonné les États-Unis en pleine époque hippie pour rencontrer tous les groupuscules New Wave possibles. Il en a ressorti un manuel plein de jolies idées pour faire évoluer l’armée américaine. Dès lors, dans le plus grand secret, un petit groupe de medium a été recruté et payé pour passer ses journées à essayer d’avoir des visions (mais vu que ce n’était pas très officiel, ils payaient eux-même leur café, ce qui semble les avoir totalement traumatisés), un hangar a été reconverti en salle d’entrainement pour que des soldats s’exercent à tuer des chèvres en les regardant et des scientifiques ont bossés sur des armes inoffensives mais efficaces.
Sur la quatrième de couverture, il y a marqué reportage, mais aussi hilarant. Soyons clair, je n’ai pas trouvé ça drôle du tout. Hallucinant pour la première partie. Parce qu’autant on se plait à imaginer qu’un jour Will Smith va nous dire qu’il fait vraiment partie des Men In Black, autant il est difficile d’imaginer une petite meute de soldats dans un hangar pourri, passant leur journée à fixer des chèvres en attendant qu’elles tombent raides mortes. Et pourtant c’est la vérité, parmi une multitude d’expériences et créations ahurissantes, sortie tout droit de l’esprit joyeux et pacifiste de quelques soldats hippies (déjà mêlé le militaire aux hippies ça semble surréaliste, en soit). C’est dingue de voir que le rêve du super soldat ninja est bien réel dans l’armée américaine, mais que pour y parvenir on est bien loin des gros effets croisés dans les films.
Pour la seconde partie, c’est pire. J’ai presque eu la nausée. Car après avoir raconté tout ce qu’il avait découvert sur ce qui s’était passé avant, Jon Ronson pointe du doigt ce qui se passe maintenant. De l’Irak à Guantanamo et ailleurs encore, les idées de ces généraux pacifistes perdurent, les expérimentations continuent, mais sont vachement moins rigolotes. Même si l’idée qu’on fasse écouter le générique de Denver le dernier Dinosaure en boucle à des prisonniers a fait marrer l’Amérique entière, on est bien loin de l’idée de départ (on va faire écouter de la musique sympa aux ennemis, ça les rendra heureux ils ne voudront plus se battre). On découvre que des idées qui nous semblaient mignonnes et inoffensives, peuvent devenir de cruelles techniques de tortures…
Aussi glaçant que passionnant, donc. Et ne vous étonnez plus que les chèvres soient si belliqueuses, nos congénères ont fait des ravages dans leurs rangs (enfin ils en ont tué au moins une) (mais pleins de hamsters).
Ce livre a été adapté en film, qui porte le même nom (en VO : The Men Who Stare at Goats), réalisé par Grant Heslov, sorti en Mars 2010, avec George Clooney, Ewan McGregor, Kevin Spacey et Jeff Bridges.
http://www.youtube.com/watch?v=SoXePyjDRtA
> Référence : Les chèvres du Pentagone, de Jon Ronson
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