Le cheval est un mammifère herbivore. Il a quatre jambes et a été domestiqué vers l’an 3000 avant ce cher Jésus. Bien qu’il ne serve plus très souvent à labourer les champs, le cheval fait encore partie intégrante de la vie des humains. Et ça, le cinéma le sait bien. Attention, je parle bien de chevaux, pas des licornes et autres êtres maléfiques à paillettes.
Je ne sais pas si c’est parceque 78,8% des adhérents à la Fédération Française d’Équitation sont des filles, mais les réalisateurs de films de chevaux veillent toujours (sauf exception) à doser la kitschitude du côté fort. J’ai remarqué quelques points qui clochent gravement et qui méritent éclaircissement.
Le hennissement
MesdmoiZelles, damoiZeaux, sachez que le cheval hennit très peu. Je vais peut-être casser ton rêve de gosse, mais les chevaux la plupart du temps c’est silencieux. Dans les films (n’importe lequel, vraiment), Princesse la jolie pouliche grise hennit pour prévenir ses copains qu’un vilain monsieur met le feu à la grange, quand son cavalier lui fait un bisou ou quand elle souffre le martyre. Dans la vraie vie, le cheval hennit quand il voit passer les gamelles de granulés et quand son meilleur pote (cheval, pas toi) s’en va. Point final. Je ne te parle même pas du « brrffrouplu » (expire fort avec tes lèvres en avant, tu visualiseras sans doute beaucoup mieux) : quand Flash fait ça, il n’est pas mécontent ou insatisfait. Il a simplement une poussière dans le naseau gauche, voilà.
L’attachement extrême à son maître
Certes, le cheval a des sentiments. Les scientifiques disent qu’il a grosso modo les facultés d’un enfant de 4 ou 5 ans. C’est plutôt pas mal. Comme tout animal, le cheval est attaché à son soigneur, celui qui le nourrit et lui enlève les cailloux sous les pieds. Mais est-ce que dans la vraie vie, si j’étais en train de me faire enlever par un humanoïde volant, ma jument viendrait me secourir avec ses petits sabots vernis ? Rien n’est moins sûr. Elle lèverait la tête tout au plus, et partirait comme une reine voir ce qu’il se passe au fond de son box. La voilà, la vérité.
À jeune cavalier, vieux cheval
Si tu lisais Martine (tu as forcément lu Martine, ne nie pas), rappelle-toi du livre où elle apprend l’équitation. La jeune enfant d’une dizaine d’années apprend à monter en deux-deux et la voilà quinze jours plus tard, sans casque, au triple galop dans les champs – et elle remporte carrément un concours de saut d’obstacles. Ceci est un mensonge éhonté. Je ne félicite pas l’écrivain et je lui montre mes fesses (na).
« Martine se la pète sans bombe en bride sur un cheval au toupet bleu et bien trop grand pour elle. Martine a eu son galop 7 dans une boîte de Smarties aussi. »
Non madame, quand tu commences l’équitation tu bringuebales comme un sac à patates et tu ressembles à un crapaud sur une boîte d’allumette. Dès que ton poney lève la queue tu te retrouves la tête dans le sable, et je ne parle même pas de l’obstacle où tu as l’impression que tu t’envoles même si la barre est bel et bien… par terre. Tout ça pour dire qu’au cinéma c’est toujours un peu pareil : chez les personnages, la monte semble innée (même sur un cheval sauvage). Et moi, je trouve ça injuste.
Et ça aussi c’est impossible, je suis formelle.
Maintenant que tu connais les points WTF des films de chevaux, voici un petit aperçu de ce que tu peux voir dans le paysage cinématographique.
Jappeloup
Je commence par ce film car il est actuellement au cinéma ! Il retrace l’histoire d’une des plus grandes figures de l’équitation française et mondiale : Jappeloup de Luze. C’était un cheval sur lequel personne n’avait parié : trop petit, castré et de race trotteur, rien ne prévoyait qu’il réussisse sa carrière dans le CSO. Il devient champion de France, d’Europe, Olympique. Et tout le monde tombe sur les fesses. Le cheval est mort en 1991 d’une crise cardiaque dans son box. Une belle histoire et une aubaine pour le réalisateur québécois Christian Duguay. Il lui suffisait de dégoter un acteur cavalier (Guillaume Canet), puis Marina Hands, Daniel Auteuil et hop au galop.
Bien que beaucoup de films mettant en scène l’équitation aient été réalisés, peu traitent du saut d’obstacle
. Celui-ci semble proche de la réalité et laisse le kitsch des retrouvailles sanglotantes et du cheval qui parle loin derrière lui. D’habitude je ne cours pas vers ce genre de long-métrage (mon dernier traumatisme en date est Cheval de Guerre), mais je me laisserai peut-être tenter. Les scènes de concours semblent plutôt réussies et je m’imagine déjà faire semblant de tenir les rênes sur mon fauteuil (yahou). Pas toi ?
Edit : Après avoir revu la bande-annonce, je ne sais plus trop finalement. Trop de hennissements tue le hennissement. Décidément.
Cheval de Guerre
L’Angleterre à l’aube de la Première Guerre Mondiale ; on découvre un cheval qui veut sauver sa peau. Un casting de foufou avec David Thewlis (Harry Potter), Benedict Cumberbatch (pas besoin de le présenter) et Tom Hiddleston (Thor, Avengers – bien plus sexy sans ses cornes d’ailleurs) et Steven Spielberg comme grand manitou. Ça partait donc carrément bien. Pour une fois je me rendais au cinéma voir un film de cheval confiante et avec pleins de bons à priori. C’était sans compter sur le choc des trente premières minutes (et des deux heures restantes). Cheval de Guerre est un ramassis de clichés et d’idées plus kitschissimes les unes que les autres. Moi qui m’attendais à fondre en larmes devant un cheval courageux et téméraire, me voilà assise devant le film le plus niais du monde. Je repasse encore et encore la scène de retrouvailles sur fond de coucher de soleil rougeoyant en me demandant sans cesse ce que le directeur de la photographie avait bien pu mettre dans son verre à ce moment-là. En plus, le spectateur n’est pas niais : j’ai remarqué que le cheval changeait de sexe à volonté au cours du film. Un équidé hermaphrodite, plutôt rare, bravo. Et les raccords, hein, prout.
Ne te sens pas trop lésé-e si tu as aimé, je t’aime bien quand même hein.
La bande-annonce annonçait plutôt du lourd, mince quoi.
Spirit, l’étalon des plaines
Pas de guerre et de morts en ribambelle cette fois-ci. Le dessin animé de Dreamworks est sorti en 2002 et il est un des seuls à utiliser un cheval en guise de héros. Le pitch : un étalon mustang dans les plaines de l’Ouest Américain qui cherche à garder sa liberté. Des colons l’attrapent et veulent l’apprivoiser, il devient le pote des Indiens et tombe amoureux d’une jument pie. À la fin tout le monde est heureux et vit dans le meilleur des mondes. Ce qui est bien avec ce film, c’est que les créateurs n’ont pas voulu que le cheval parle (bon, le spectateur entend ses pensées) mais l’idée est plutôt pas mal. La réalisation est splendide et faisait fait battre mon petit coeur de cavalière. En plus, les musiques sont signés Bryan Adams qui a fait un travail remarquable.
Bien que ce film soit dédié aux enfants (non), il reste incroyablement et excessivement triste. Je suis désolée, mais la scène dans le train avec la musique qui tue quand Spirit voit un mirage de sa mère dans la neige c’est beaucoup trop pour moi.
http://youtu.be/26G4KSsNOac
Dans la même veine tu peux voir L’homme qui murmurait à l’oreilles des chevaux qui montre un peu le travail d’éthologie (mais aussi Scarlett Johansson à douze ans, mouarf), Sport de fille qui est un film français sorti en 2011, Pur-sang qui retrace la légende du cheval de course Seabiscuit (un bon film avec Tobey Mcguire), ou Turf (non, finalement, ne regarde pas Turf).
Je suis une cavalière et en général je n’aime pas du tout les films qui traitent de l’équitation. Je trouve qu’ils dépeignent mal mon sport et les relations que je peux avoir avec mon animal. Même si, parfois, des réalisateurs font exception.
Tu en penses quoi, toi ?
Les Commentaires
Mais bon je vous l'accorde, ils ont craqué sur certains points, la monte n'est pas innée et je ne suis pas sure que mon gros lou viendrait à mon secours si j'étais en danger à l'autre bout de la ville.