Les chaussures effet pieds nus de Balenciaga : 1090€ pour ressembler à un marcheur sportif de montagne

Le moins qu’on puisse dire, c’est que le luxe a le goût de la provocation. Fraîchement dévoilée sous forme de lookbook sur fond (photoshoppé) de lieux touristiques, la nouvelle collection de la maison française Balenciaga regorge de silhouettes XXL, qui empruntent à différentes reliques des années 2000, 1990, 1980, et 1970.

Un lookbook Balenciaga déjà déroutant en soi…

Emmenée par le directeur artistique géorgien Demna Gvasalia depuis 2015, la griffe a pris pour habitude de prendre des objets triviaux du quotidien pour les détourner en version couture. Un changement de contexte déstabilisant qu’illustre bien une paire de chaussures de cette pré-collection automne-hiver 2021-2022, dévoilée le 18 avril 2021.

Des chaussures amphibies pour gambader dans la nature qui nous manque tant ?

Hormis le logo Balenciaga, elles ressemblent trait pour trait à ce qu’on appelle des chaussures minimalistes, avec un emplacement dédié pour chacun des 5 orteils. L’hiver dernier, la griffe de luxe testait déjà les eaux en s’associant justement avec Vibram Five Fingers. Une marque experte en la matière de ce genre de souliers amphibies, censés donner la sensation d’être pied nu, sur la terre comme dans la flotte.

 

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Ultra-légères et antidérapantes, ces baskets à orteils font le bonheur de beaucoup d’amoureux de la nature, pour la course à pied, des balades en trek ou même le quotidien.

Qu’une maison persiste et signe pour imposer sa version pur luxe fait déjà hurler certains critiques mode, au génie ou à l’outrage. Surtout vu leur prix : une paire à talons de 8 cm, en maille recyclée de polystyrène, est par exemple proposée sur le site de Balenciaga pour la bagatelle de 1090€.

Une esthétique du détournement façon ready-made de Marcel Duchamp

En fait, Demna Gvasalia emprunte ici, comme souvent, au concept de ready-made, selon l’artiste conceptuel Marcel Duchamp

(1887-1968). Soit un objet manufacturé qu’on détourne de sa fonction utilitaire en le changeant de contexte, de titre, et en le présentant comme une œuvre d’art. Duchamp retournait un urinoir en le rebaptisant « Fontaine » en 1917. Demna Gvasalia s’en prend aux baskets minimalistes.

 

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Mais aussi au logo « Gap » qui devient « Gay », ou la virgule Nike qui sert à former le B de Balenciaga, dans cette même collection. Ou avant cela, les immenses cabas en synthétique Ikea devenues un sac de luxe en cuir Balenciaga printemps-été 2017. Auprès de la marque qu’il a fondée, nommée « Vêtements », Demna Gvasalia reprenait même l’uniforme des coursiers DHL pour en faire un t-shirt vendu plusieurs centaines d’euros, devenu un objet aussi collector que scandaleux.

Pour ou contre la popularisation des baskets minimalistes au quotidien ?

Vu l’influence de Demna Gvasalia, qui a grandement contribué à populariser les baskets-chaussettes et les dad shoes, on risque donc bien de voir aux pieds des modeuses ce genre de chaussures minimalistes ultra clivantes (Rihanna les a adoptées). La bonne nouvelle, c’est que des modèles équivalents existent déjà dans des boutiques de sport pour moins de 100€. Même Vinted en regorge.

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