En partenariat avec UGC Distribution (notre Manifeste).
Le film Les Chatouilles sortira en salle le 14 novembre 2018. J’ai eu la chance de le voir il y a quelques semaines, puis de rencontrer certains membres du casting… Et j’ai fort envie de t’en parler.
Les Chatouilles, un film essentiel
Les Chatouilles, c’est l’histoire d’Odette. Une jeune femme, danseuse, même si ce n’est pas tout à fait sans peine. Elle a une famille a priori aimante, un meilleur pote, fait des rencontres amoureuses…
Et elle porte en elle un traumatisme lié à son enfance. Un secret, qu’elle n’a jamais partagé avec personne.
Jusqu’au jour où elle débarque dans le bureau d’une psy sur un coup de tête, et lui dévoile avoir été longtemps victime d’agressions sexuelles dans son enfance. Son bourreau ? Un ami de la famille.
Tout le film est constitué d’allers-retours entre l’adulte d’aujourd’hui, une Odette qui tente de se reconstruire, et la fillette d’alors, victime silencieuse et impuissante.
Peut-être que cette thématique, la pédophilie puisque c’est de ça qu’il s’agit, ne te semble pas très porteuse. Pourtant, j’espère que tu liras cet article jusqu’au bout : il y a de nombreuses bonnes raisons de te rendre au cinéma.
Les Chatouilles, film autobiographique
Il me semble que la puissance de l’œuvre tient en grande partie à la force de l’actrice qui incarne Odette, Andréa Bescond. Celle-ci a un lien particulier avec l’histoire de cette enfant… puisque ce récit est partiellement auto-biographique.
Il faut savoir qu’avant d’être un film réalisé par elle-même et Éric Métayer, Les Chatouilles fut une pièce de théâtre qu’ils avaient déjà co-écrite ensemble : Les chatouilles ou la danse de la colère. Mêlant chorégraphie et comédie, ce seule-en-scène cathartique a bouleversé son public.
C’est après une représentation à Avignon que François Kraus, producteur, leur a proposé d’en faire un film.
En interview, Andréa Bescond m’a expliqué que son histoire à elle
était bien plus compliquée, qu’il était impossible d’en faire un film.
Mais aussi que ce processus artistique mêlant danse, comédie, théâtre puis cinéma avait tenu une bonne place dans son processus de reconstruction.
Tu peux regarder nos échanges dans cette vidéo, tu verras la vie et la puissance que l’artiste dégage même lors d’une simple interview. Attention en revanche, elle recèle quelques spoilers.
Le jeu d’Andréa Bescond est complété à merveille par celui de Clovis Cornillac et de Karin Viard qui jouent ses parents, et par celui de Gringe qui interprète le meilleur ami d’enfance d’Odette.
Pierre Deladonchamps fait quant à lui frémir dans son rôle d’homme « bien sous tous rapports » qui cache en réalité un profil de prédateur sexuel…
Les Chatouilles, le mythe du violeur déconstruit
C’est pour moi l’une des forces du film : aborder le mythe du violeur dans une ruelle sombre en le déconstruisant par l’exemple.
On peut toujours rappeler que 91% des victimes connaissent leur agresseur, on a parfois du mal à se représenter les cas de figure que cela peut recouvrir.
Les Chatouilles a le mérite de rappeler qu’on ne reconnaît pas un violeur à son visage — un message préventif qu’il est nécessaire d’ancrer dans les esprits de toutes et tous.
Les réactions des personnages qui entourent Odette lorsqu’elle raconte son traumatisme sont un autre aspect crucial du scénario à mes yeux.
Accueillir la parole d’une victime est loin d’être forcément intuitif… Mais il y a des comportements à privilégier, d’autres à bannir. Et cela est très bien exploré à travers les réactions de l’entourage.
C’est aussi le cas de la reconstruction psychologique d’Odette, qui passe par sa relation avec sa psychologue, par sa pratique de la danse, de l’art. Car oui, il y a des moyens de se reconstruire, de se défaire du traumatisme et d’aller de l’avant !
Les Chatouilles, c’est aussi ce message d’espoir.
Pourquoi aller voir Les Chatouilles, le film sur la pédophilie
En somme, ce film est à la fois cru, dur, et onirique. Presque fantaisiste même, grâce à l’imagination d’Odette qui prend forme à l’écran.
Une petite fille qui vole au-dessus de la scène, des discussions imaginaires, des plongées dans le passé comme si l’on s’était penchées dans la Pensine de Dumbledore… La mise en scène donne une autre dimension au sujet.
J’ai trouvé ce film très réussi, évitant avec virtuosité l’écueil du pathos, donnant parfois envie de hurler et d’autres fois de rire.
Bref, je recommande à toutes et tous de le voir : il est d’utilité publique. Rendez-vous donc le 14 novembre ?
À lire aussi : J’ai été violée, et j’ai fait de cette blessure une arme pour changer le monde
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos podcasts. Toutes nos séries, à écouter d’urgence ici.
Les Commentaires
Extrait choisi :
Bah, monsieur, je s'rais tentée d'te dire que toutes les mamans ne sont pas bienveillantes envers leurs filles...