À Teahupo’o, site des épreuves de surf des Jeux Olympiques 2024, une vague de changement déferle sur les athlètes. Au cœur de cette évolution : le port du casque. Mais pourquoi ce soudain intérêt pour cet équipement de protection dans un sport réputé pour sa liberté et son côté « cool » ?
Teahupo’o : Beauté mortelle
Teahupo’o, dont le nom signifie littéralement « le Mur des crânes » en tahitien, n’a pas volé sa réputation. Ce spot de surf, considéré comme l’un des plus dangereux au monde, a déjà coûté la vie à cinq personnes et blessé des dizaines d’autres. La raison ? Une combinaison mortelle entre des vagues puissantes et un récif corallien peu profond et tranchant comme des rasoirs.
Imaginez-vous sur une vague de 12 mètres de haut, filant à toute vitesse vers ce récif. Une chute ici n’a rien d’anodin. C’est ce qui pousse aujourd’hui certains surfeurs olympiques à reconsidérer leur approche de la sécurité.
Johanne Defray, surfeuse française, en a fait l’amère expérience lors de son premier entraînement le 28 juillet. Une chute tête la première dans le corail lui a valu quatre points de suture. Depuis, elle arbore un casque lors de ses sessions, une décision qui pourrait bien faire des émules.
Le casque : Entre nécessité et résistance
Mais pourquoi le port du casque fait-il tant débat ? Après tout, dans d’autres sports olympiques comme le kayak en eaux vives ou le water-polo, les équipements de protection sont monnaie courante. La réponse est à chercher du côté de la culture du surf.
Une étude publiée en 2020 dans l’International Review for the Sociology of Sport, au titre évocateur « ‘Les casques ne sont pas cool‘ : Perceptions et attitudes des surfeurs envers les équipements de protection de la tête », met en lumière les freins psychologiques et culturels au port du casque.
Les surfeurs interrogés considéraient les casques comme « inconfortables » et susceptibles d' »entraver leur performance ». Plus surprenant encore, l’aspect esthétique joue un rôle crucial. Dans un sport où le style compte presque autant que la performance, paraître « cool » reste une préoccupation majeure pour beaucoup.
L’évolution des mentalités : Sécurité et performance
Pourtant, les choses commencent à changer. Caroline Marks, membre de l’équipe américaine et quatrième aux JO de Tokyo, a emporté un casque à Teahupo’o. Si elle n’est pas encore certaine de l’utiliser, elle reconnaît que « c’est génial d’avoir l’option » et que les casques « ont sauvé beaucoup de gens de blessures ».
Kauli Vaast, surfeur tahitien représentant la France, est familier des dangers de Teahupo’o. Bien qu’il ne porte pas systématiquement un casque, il a déclaré dans une interview à Stab Magazine en 2019 qu’il se sentait « plus confiant » avec une protection sur les vagues puissantes comme celles de Teahupo’o.
Cette évolution des mentalités pourrait bien marquer un tournant dans l’histoire du surf. La Fédération Internationale de Surf (ISA) a d’ailleurs émis une recommandation en faveur du port du casque pour ces Jeux Olympiques, sans pour autant le rendre obligatoire.
En fin de compte, la décision revient aux athlètes. Mais à mesure que la compétition s’intensifie et que les enjeux augmentent, il ne serait pas surprenant de voir de plus en plus de casques dans les vagues de Teahupo’o.
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