Au menu du petit-déjeuner des boutiques Tiffany, on pourra désormais commander des bagues de fiançailles « pour homme ». Même si, évidemment, rien n’empêchait théoriquement ces messieurs de s’offrir un anneau dit «pour femme » afin de le porter eux-mêmes, c’est un geste fort et rare de la part du joaillier américain fondé en 1837 !
Permettre aux femmes de demander leur mec en mariage ?
En effet, d’après les traditions du mariage, institution patriarcale s’il en est, c’est plutôt un homme qui demande à une femme de l’épouser. Il lui enfile alors une bague de fiançailles, traditionnellement un solitaire (un anneau serti d’un diamant), en guise de promesse d’engagement en attendant le jour J à partir duquel ils porteront tous deux une alliance.
Mais à mesure qu’on atteint l’égalité entre les genres, et que le mariage pour tous devient possible dans de plus en plus de pays, cette façon de marquer son territoire à sens unique peut paraître obsolète. C’est ce que nous raconte Hélène, 27 ans, responsable logistique dans le transport de béton, qui compte justement demander son homme en mariage :
« Je ne vais pas opter pour une bague de fiançailles, car ce n’est pas dans les habitudes de mon mec de porter des bijoux, donc ça pourrait vite faire beaucoup. Mais j’ai dessiné nos futures alliances, avec une pierre précieuse pour lui comme pour moi. Déjà que peu d’hommes portent des bijoux, alors les pierres précieuses encore moins, j’ai l’impression. Pourtant, je pense que ça peut être très beau, et ça n’a pas besoin d’être des choses massives et foncées pour faire “viriles” !
En tout cas, je trouve l’idée de bague de fiançailles “pour homme” très romantique, même si c’est aussi une occasion de plus pour les joailliers de se faire de l’argent sous prétexte d’égalité des droits. Ça peut également être une belle option pour un couple qui se pacserait, aussi par exemple.
Ça me semble également symptomatique du fait que, au fil des générations, on se marie de plus en plus tard et de moins en moins. On peut vouloir se passer la bague au doigt pour s’unir symboliquement, sans forcément passer devant le maire pour s’engager officiellement. »
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La symbolique du mariage séduit encore
En effet, seuls 148.000 mariages ont été célébrés en 2020, soit une baisse de 34 % par rapport à 2019, d’après les derniers chiffres de l’Insee publiés en janvier 2021. Sans doute en grande partie à cause de la pandémie, évidemment, mais il faut également savoir que les couples ont tendance à se marier plus tard et à se séparer davantage depuis plusieurs années maintenant. Cette dernière vingtaine, l’âge moyen des mariés a augmenté de cinq ans et demi
, toujours d’après l’Insee.
Le passage à la mairie et/ou dans un lieu de culte n’a donc plus rien d’obligatoire, même s’il reste un enjeu de lutte d’égalité des droits pour beaucoup de couples de même genre. Mais la symbolique du mariage n’est peut-être pas vouée à disparaître pour autant : elle peut au contraire se transformer, s’actualiser, pour correspondre aux désirs et réalités d’aujourd’hui, comme dans le cas d’Hélène qui posera donc bientôt un genou à terre…
…ou de Tiffany & Co qui propose désormais des bagues de fiançailles pour homme, dans la continuité de sa démarche d’inclusion : le joaillier aux boîtes bleu signature montre des couples de même genre dans ses campagnes depuis 2015, et a remplacé sa rubrique « Mariée » par un « Amour et fiançailles », en ce sens.
En finir avec la peur précieuse des hommes
Par ailleurs, le jeune joaillier français Emmanuel Tarpin, voit également de plus en plus d’hommes se tourner vers des bijoux et des pierres précieuses :
« La majorité de mes clients sont des femmes, mais les hommes représentent tout de même presque 30% de ma clientèle. Ce sont souvent des collectionneurs d’art passionnés, de tous les âges et de tous les physiques. La joaillerie masculine ne doit pas forcément être simple et discrète ou massive : elle peut aussi être colorée et joyeuse !
Qu’ils soient gays ou hétéros, je trouve que les hommes qui osent porter des bijoux montrent justement qu’ils sont assez à l’aise avec leur identité pour ne pas avoir à prouver leur masculinité ni craindre d’en manquer. »
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S’il a fondé sa société de haute joaillerie à 25 ans en 2017, ce haut savoyard formé à la Haute École d’Art et de Design de Genève s’appuie sur l’histoire pour rappeler que les bijoux ont même longtemps été des marqueurs de virilité et de puissance :
« Historiquement, les hommes portaient beaucoup plus de bijoux qu’aujourd’hui. C’était un signe extérieur de richesse et de pouvoir, du côté des rois de France comme des Maharajas. »
La nouvelle génération de joailliers gender-free
Récompensé en 2019 du prix d’Étoile montante délivré par le Fashion Group International et de Designer de l’année selon Town and Country Jewelry Awards, Emmanuel Tarpin fait d’ailleurs partie d’une jeune génération qui secoue les codes de la joaillerie en l’adressant à tous les genres. À l’instar de Yoon Ahn avec sa marque Ambush et aux bijoux de Dior Homme, ou Alan Crocetti et sa griffe à son nom.
À mesure qu’on atteint donc l’égalité entre les genres, les hommes pourraient également apprendre à prendre soin de leurs bijoux de famille…
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Les Commentaires
Je n'ai pas l'impression que le diamant solitaire soit si répandu que ça, c'est surtout dans les comédies romantiques américaines, non? Je n'en ai jamais vu sur une femme en vrai en tout cas.
Edit : orthographe