Au Royaum-Uni, l’un des pays où le recours au bistouri compte parmi les plus fréquents du monde, la jeunesse est devenue une cible privilégiée des pubs pour la chirurgie esthétique. Mais le National Health System (sorte de sécurité sociale) veut désormais interdire ce genre de pratiques.
Le Royaume-Uni interdit les pubs de chirurgie esthétique ciblant les jeunes
Comme le rapporte le grand quotidien qu’est le Guardian, le chien de garde la publicité britannique vient d’interdire aux cliniques de chirurgie esthétiques de cibler les moins de 18 ans pour des procédures telles que les augmentations mammaire, les rhinoplasties, ou encore les liposuccions.
Cela concerne l’affichage dans les villes, les magazines papier, la radio, la télévision, où les pubs ne devront pas sembler s’adresser trop explicitement à une potentielle patientèle mineure. Mais aussi les réseaux sociaux et le marketing d’influence, qui peuvent si facilement cibler un groupe d’âge (mais aussi un genre, une ville, voire une sexualité).
La tentation de la chirurgie esthétique, un enjeu de santé mentale
En vigueur depuis mai 2021, cette nouvelle régulation procède d’une enquête sur les dommages liées à ce genre de publicité sur la santé mentale des personnes adolescentes, qui inquiète le National Health System.
Car même si les mineurs et mineures britanniques ne peuvent pas passer sous le bistouri sans l’accord d’un parent ou tuteur légal, les pubs pouvaient quand même les cibler. Histoire de bien creuser leurs insécurités dès le plus jeune âge, et leur donner envie de sauter le pas de la chirurgie à peine la majorité franchie…
Protéger des jeunes particulièrement enclins à l’insatisfaction corporelle
Shahriar Coupal, le directeur du Comité de pratique publicitaire qui vient de publier un rapport alarmant sur le sujet, a ainsi communiqué publiquement autour de cette nouvelle réglementation :
« En raison des risques inhérents aux procédures d’intervention esthétique et de l’attrait potentiel de ces services pour les jeunes aux prises avec des problèmes de confiance en leur corps, il est important que nous placions la barre nécessairement haute en termes de marketing.
Les nouvelles règles garantiront que les publicités ne peuvent pas cibler les moins de 18 ans et, là où les enfants et les jeunes les voient, nos règles strictes signifient que les publicités ne peuvent pas induire en erreur ou exploiter les vulnérabilités de leur public. »
C’est donc un pas supplémentaire dans la bonne direction pour la santé mentale des jeunes au Royaume-Uni. D’autant plus quand on sait que les 18-34 ans ont davantage recours à la chirurgie esthétique que les 50-60 ans depuis 2019. Un basculement de patientèle qui en dit long sur la reconfiguration des pressions esthétiques.
Quid des « pubs » pour la chirurgie esthétique en France ?
En France, le code de la déontologie médicale interdit aux chirurgiens esthétiques de faire la promotion explicite de leurs pratiques.
Mais rien n’empêche certains malins de parler de leurs pratiques, à grands renforts de photos spectaculaires avant-après sur les réseaux sociaux (à valeur purement documentaire bien sûr…) et de relais de témoignages de patients innocemment informationnels. Bonus s’ils sont influenceurs, comme récemment Maëva Ghenam et son « lifting vaginal ».
Tant mieux si cela tente de potentiels patients à prendre rendez-vous, mais cela ne serait être que purement fortuit ! Ce n’est pas officiellement de la publicité à titre commerciale, car ces praticiens ne paient pas les réseaux sociaux pour bénéficier d’exposition publicitaire.
Plus que les chirurgiens, des médecins esthétiques deviennent même des influenceurs presque comme les autres. Passant ainsi sous les radars de l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité…
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Crédit photo de Une : © Love Island.
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Les Commentaires
Effectivement ce n'est pas toi qui a employé le terme "gommer". Mes plus plates excuses.
Je comprends ton point de vu. On ne voulait pas être blessant.
Tout a été dit.