Ces dernières années, avec la naissance des plateformes de streaming, on a passé beaucoup, mais alors beaucoup de temps devant les écrans, à mater des films et des séries par centaines.
Mais en 2021, à cause du Covid, on a eu pas mal de moments pour nous, et la perspective d’une évasion par la lecture s’est imposée comme une charmante alternative à la lumière bleue.
Ainsi, que ce soit cet été sur la plage, ou ce printemps dans notre lit, on a terminé des dizaines de romans, dont tous ne nous ont pas conquise mais qui nous ont toutefois réconcilier avec l’art de la lecture régulière.
Voici donc une sélection des plus beaux livres de l’année, selon nous.
S’adapter, de Clara Dupont-Monod
À l’heure où l’on écrit ces lignes, on vient tout juste de finir ce roman splendide, qui a remporté le prix Goncourt des lycéens et le prix Femina.
Avec une écriture très épurée, à l’os même, Clara Dupont-Monod — qui a déjà signé plusieurs romans remarqués dont La passion selon Juette, La folie du roi Marc ou encore La révolte — confirme son talent d’autrice sensible avec S’adapter, un livre qui fait parler les pierres d’une maison.
Une maison où nait un enfant dont les yeux semblent flotter, et ne se posent jamais sur rien. C’est qu’il ne peut pas voir, ce bébé. Il ne peut pas non plus soutenir sa propre tête ni marcher.
S’adapter, c’est l’histoire d’une famille, racontée par les pierres de la maison, dont la vie change du tout au tout lorsqu’elle se rend compte que son petit dernier est en situation de lourd handicap.
Dès les premières pages, S’adapter marque par la précision des sentiments qu’il décrit, par la beauté des phrases aussi, si simples et pleines à la fois.
Définitivement l’un des livres qui a marqué notre année au fer rouge.
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La familia grande, de Camille Kouchner
Impossible de passer à côté du livre qui a fait éclater l’affaire Duhamel en début d’année 2021.
Dans La familia grande, Camille Kouchner accuse le politologue Olivier Duhamel, son beau-père, d’avoir abusé son frère jumeau lorsque celui-ci n’était qu’un adolescent. Depuis, de nombreuses victimes d’inceste se sont exprimées sur les réseaux sociaux sous le hashtag #MeTooInceste.
La familia grande est plus qu’un livre, il est le symbole d’une parole qui se libère, et surtout qui est enfin écoutée, autour d’un sujet ultra-tabou.
Dedans, il y a bien sûr l’ignoble, l’indéfendable, l’immonde. Mais il y a aussi l’histoire d’une femme, l’autrice elle-même, éduquée par la plus libre des mères, féministe avant l’heure, nourrie aux idées de Simone de Beauvoir. Le récit de femmes qui se battent pour rester libres et indépendantes, envers et contre leur père, envers et contre tous.
Un grand manifeste qui a déjà été imprimé à plus de 300.000 exemplaires.
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Florida, d’Olivier Bourdeaut
Après avoir connu un immense succès avec En attendant Bojangles, qui a vite été adapté en BD, puis en pièce de théâtre et enfin en film (en salles le 5 janvier 2022), Olivier Bourdeaut a publié Pactum Salis en 2018 et Florida en 2021.
Très loin de l’univers fantasque de En attendant Bojangles, Florida raconte la vie d’une petite fille — Bourdeaut aime décidément se mettre à la place des enfants et porter un regard critique sur la manière dont les parents les élèvent — dont la mère l’a transformée en poupée pour qu’elle court les concours de mini-Miss.
Alors que la petite murit une rancœur proche de la haine pour ses parents qui sont décrits comme des bourreaux, elle nourrit secrètement une vengeance.
Un roman cruel qui traite d’un sujet souvent exploré par le cinéma (on se souvient tous du splendide Little Miss Sunshine) et la littérature mais avec une finesse analytique et un imaginaire bien spécifiques à son créateur, dont on aura décidément adoré chacune de ses œuvres.
La jeune femme et la mer, de Catherine Meurisse et Isabelle Merlet
On a rarement passé un moment plus doux qu’en parcourant cette bande dessinée scénarisée et dessinée par Catherine Meurisse et coloriée par Isabelle Merlet.
La jeune femme et la mer, c’est l’histoire de la dessinatrice elle-même qui s’installe au Japon pour « renouveler sa banque d’images mentales » et peindre la nature.
Démarre alors des aventures aux travers de différents paysages japonais, faites de rencontres, notamment avec Nami qui sait lire l’arrivée d’un typhon dans les plis de la mer, et globalement avec la nature, puissance insaisissable qui déploie ses mystères sous les yeux ébahis de la conteuse.
La jeune femme et la mer, c’est un poème foudroyant sur la place de l’homme dans la nature, qui nous a offert l’heure la plus délicate de 2021.
Plongez dans La jeune femme et la mer, 22,50€
La plus secrète mémoire des hommes de Mohamed Mbougar Sarr
Romancier sénégalais d’expression française de seulement 31 ans, Mohamed Mbougar Sarr en est déjà, avec La plus secrète mémoire des hommes, à son quatrième bouquin.
Un livre encensé par la critique qui lui a valu cette année le prix Goncourt, aka la plus prestigieuse récompense littéraire française. Il succède alors, et en beauté, à Hervé Letellier. Mohamed Mbougar Sarr est, il convient de le préciser car c’est trop rare pour ne pas être souligné, l’un des seuls hommes noirs a avoir jamais remporté le Goncourt.
La plus secrète mémoire des hommes, c’est l’histoire d’un jeune écrivain qui tombe par hasard sur un morceau du roman de T.C. Elimane, un auteur sénégalais qui n’a écrit qu’un seul livre.
Ce roman s’appelle Le Labyrinthe de l’inhumain, et si la légende dit qu’il est introuvable, il existe une femme qui en possède une copie. Cette femme, Diégane, le héros du livre, la rencontre dans un bar.
Elle est une romancière à succès sur laquelle il fantasme depuis longtemps, et à qui il propose tout de go de lui faire l’amour, avant de se débiner quelque peu devant l’expérience et l’indolence de cette femme qui pourrait être sa mère.
Après quelques étreintes, cette femme, prénommée Siga, lui prête ce qu’elle a de plus cher : son exemplaire du Labyrinthe de l’inhumain, roman dont l’auteur, souvent qualifié de « Rimbaud nègre », a mystérieusement disparu.
Lancé sur ses traces, sous l’impulsion de Siga et de sa seule obsession, Diégane se noie dans une enquête littéraire, fréquentant jours et nuits un petit cercles d’écrivains d’origine africaine à Paris, et découvrant, toujours aux trousses de T. C. Elimane, de nouvelles vérités sur le colonialisme.
Oubliez-vous dans La plus secrète mémoire des hommes, 22€
Le dernier chant, de Sonja Delzongle
Impossible de faire une sélection des meilleurs livres de l’année sans ajouter une dose de suspense avec un bon polar.
Ça tombe bien, les polars c’est la spécialité de Sonja Delzongle, qui a déjà signé plus d’une dizaine de romans noirs.
Cette écrivaine française née à Troyes revient cette année avec Le dernier chant, un polar pas comme les autres. Ici, pas de femmes découpées, pas de tueur sanguinaire dans le grand froid suédois, point d’enfant schizophrène, mais des animaux victimes d’un mal que personne ne semble comprendre.
En effet, dans le fleuve Saint-Laurent, aux États-Unis, sont retrouvés des dizaines de bélugas, d’otaries, d’orques et autres animaux marins flottent le ventre en l’air. Peu après, au Congo ce sont des singes qui sont retrouvés morts dans une réserve.
Personne n’arrive à expliquer ce qui se passe avec ces grands animaux, qui font la majesté des lieux où ils vivent.
Shan, chercheuse à l’Institut de virologie de Grenoble, se charge de l’affaire sitôt qu’on la lui porte aux yeux. Seulement, une telle investigation n’est pas sans risque, et Shan se rendra vite compte qu’avec la vérité arrive le danger.
Un polar qui a conjugué notre passion pour les récits animaliers et celle pour le grand frisson.
Faites des nuits blanches avec Le dernier chant pour 19,90€
Premier sang, d’Amélie Nothomb
On doit avoué avoir développer une certaine fascination pour l’écrivaine belge. Il faut dire qu’ils sont rares, les auteurs aussi prolifiques que la papesse de la folie douce…
En effet, Amélie Nothomb publie un livre par an depuis 1992, ce qui lui a valu une grande admiration de la part de ses fans et un certain mépris de la part du monde littéraire, qui aime lui tailler des costumes pour l’hiver.
Sauf qu’Amélie Nothomb n’en a que faire et écrit comme une acharnée, à raison d’au moins 4 heures tous les jours, comme elle l’explique régulièrement sur les plateaux de télé et lors de masterclass.
Par ailleurs, et bien qu’il lui soit parfois reproché d’écrire des romans de plus en plus cours, elle oppose à ceux qui la pensent fainéante qu’au contraire, il faut beaucoup de rigueur, de précision et de temps pour écrire un livre concis mais qui comprend tous les enjeux d’une l’intrigue !
L’autrice compare souvent l’écriture d’un roman à un accouchement et considère ses livres comme ses enfants.
Bref, après avoir reçu, en 1999, le grand prix du roman de l’Académie française et avoir été couronnée commandeur de l’ordre de la Couronne belge, Amélie Nothomb a remporté en 2021 le prix Renaudot avec ce qui est sans aucun doute son roman le plus abouti : Premier sang.
Dedans, et avec l’audace qui la caractérise, la romancière raconte son père, un homme très vite confronté à la mort.
Un bouquin qui nous noué la gorge et auquel on pensera encore longtemps.
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À l’abordage, d’Emmanuelle Bayamack-Tam
Cet été, on a fait la découverte d’Emmanuelle Bayamack-Tam, les doigts de pieds en éventail sur une plage, l’attention rivée sur son roman Arcadie. Un livre tellement drôle, cynique , cruel et splendide qu’on a pas réussi à s’en remettre et qu’on a vite acheté tous les autres livres de l’autrice sur l’application Kindle.
Ainsi, on s’est aussi familiarisé avec ses pièces de théâtre, qui ont la singularité d’être plus acides et terrifiantes que tout ce que vous pourrez lire ailleurs.
À l’abordage, sortie cette année, c’est une sorte de réécriture des Jeux de l’amour et du hasard de Marivaux, qui fait écho au roman Arcadie (Emmanuelle Bayamack-Tam a su créer une sorte d’univers étendu de son œuvre globale, un univers turbulent qui font se répondre des personnages d’un livre à l’autre).
Une pièce sur l’amour et la fureur qui nous a rendu un peu moins con.
Vous avez désormais 8 livres à acheter en vitesse histoire de les déposer aux pieds du sapin le 24 décembre… ou les garder pour vous !
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