Si un nombre croissant de victimes dénonce les violences sexistes et sexuelles dans la marine marchande, le silence et l’impunité continuent de régner.
En France comme ailleurs, des voix commencent à s’élever pour dénoncer la dimension systémique des violences sexistes et sexuelles dans le milieu très masculin de la marine marchande. Pourtant, la perspective d’un #Metoo des mers semble encore lointaine.
Un milieu machiste et violent
Dans une longue enquête, Le Monde a mis en lumière de nombreux cas de violences sexistes et sexuelles ayant eu lieu dans des navires de la marine marchande. Immergées dans ce milieu très largement composé d’hommes, de nombreuses femmes ont témoigné pour dénoncer un environnement extrêmement machiste et violent. Dans la plupart des cas, elles n’osent s’exprimer que plusieurs années après les faits.
Dans certains bateaux, les propos indécents, les réflexions sexistes et homophobes, le harcèlement et les agressions sexuelles sont invisibilisés et banalisés. Les victimes évoquent un milieu en huis clos extrêmement anxiogène et propice aux traumatismes, dans lequel il est souvent impossible de trouver un interlocuteur pour dénoncer les agresseurs.
« Nous nous sentons coincées dans une boîte en ferraille dont il est impossible de s’échapper et d’agir », déplore Suzanne, une lieutenante française ayant témoigné neuf ans après avoir subi une agression sexuelle.
Une étude pour alerter
Pour tenter de mettre un fin à l’omerta qui règne autour de ces violences, une étude sociologique s’est penchée sur le milieu de la navigation. Le Centre de recherche sur les liens sociaux a alerté sur les dangers intrinsèques au secteur en révélant que 35,5 % des femmes et 10 % des hommes interrogés déclarent avoir subi des attouchements à bord.
« Globalement, la marine marchande tarde à prendre conscience de la virilité toxique qui sévit sur ses navires et des traumatismes qu’elle provoque. Beaucoup de compagnies ont refusé de diffuser nos questionnaires en interne. Vous vous rendez compte d’où on part ? C’est l’omerta ! »
Jasmina Stevanovic, co-autrice de l’enquête du Cerlis.
Depuis 2017, année de publication de ce document, aucun nouveau travail de fond n’a été entrepris. L’enquête du Monde révèle que la culture du secret, la solidarité entre hommes et les liens de copinage au sein de la hiérarchie ont la mainmise sur le milieu de la marine.
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Crédit de l’image à la Une : Hansjörg Keller / Unsplash
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