Aux Editions Gallimard
Renée Michel a 54 ans. Elle est concierge d’un hôtel particulier où vit un microcosme composé de riches individus, le plus souvent vulgaires et prétentieux. Mais Renée n’est pas celle que l’on croit. Elle est intelligente, curieuse et cultivée. Elle se donne l’air ignare et vulgaire pour ne pas faire d’histoires en bouleversant par son érudition les stéréotypes et les idées reçues de ses voisins. Cette passionnée de littérature (Tolstoï est son écrivain favori), de philosophie et de peinture endosse donc l’apparence d’une concierge laide et grassouillette, à l’odeur de choux et au chat obèse.
Dans le même immeuble vit Paloma, une jeune surdouée de douze ans et demi. Elle est très intelligente, très riche et… très malheureuse. Sa conscience aiguë que la vie n’a aucun sens et qu’elle n’est faite que de faux semblants la pousse à concevoir un projet définitif : se suicider le jour de ses treize ans. En attendant la date fatidique elle a pour objectif de faire quelque chose d’utile des derniers mois qui lui restent à vivre, elle note dans un journal ses « pensées profondes ».
La rencontre entre ces deux personnages aura lieu à l’occasion de l’arrivée d’un nouvel habitant, l’étrange Kakuro Ozu.
Drôle et piquant, L’élégance du hérisson est à la fois un roman, un conte moderne et une réflexion philosophique sur le sens de la vie. L’écriture et le propos, à la fois sensibles et réalistes, sont tour à tour légers et réfléchis. Muriel Barbery, professeur de philosophie, a réussi le grand écart entre exigence littéraire et simplicité du propos.
Si on a parfois le sentiment que l’auteur nous emmène vers des lieux communs (« l’argent ne fait pas le bonheur », « il ne faut pas se fier aux apparences », etc.), les personnages, caricaturaux au premier abord, deviennent plus complexes au fur et à mesure de l’histoire. Même les plus grotesques possèdent des failles et une certaine humanité.
J’avoue m’être souvent sentie perdue dans les pensées de la concierge – l’histoire est parfois prétexte à un déballage de notions philosophiques qu’on pourrait penser prétentieux.
Très vite arrive la page 368. Et c’est avec une pointe de nostalgie que je quitte l’immeuble douillet du 7 rue de Grenelle et ses habitants drôles et méchants.
Finalement, pourquoi L’élégance du hérisson ? C’est Paloma qui nous l’explique : « Mme Michel, elle a l’élégance du hérisson : à l’extérieur, elle est bardée de piquants, une vraie forteresse, mais j’ai l’intuition qu’à l’intérieur, elle est aussi simplement raffinée que les hérissons, qui sont des petites bêtes faussement indolentes, farouchement solitaires et terriblement élégantes. »
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