Lee Miller – Photographe de mode, reporter de guerre
Arles dédie cet été une exposition à la photographe américaine Lee Miller (1907-1977) et à son travail prolifique d’artiste aux mille visages. Si Miller entame sa carrière dans le milieu de la mode et fréquente longtemps les surréalistes parisiens avant d’ouvrir son propre studio de photographie à New York, elle est également reporter durant la Seconde Guerre mondiale. Documentant la Libération et les camps de concentration pour le magazine Vogue, Lee Miller est ainsi à l’origine de témoignages aussi douloureux que précieux sur cette période sombre de l’histoire européenne. À travers son travail, elle a contribué à ouvrir les yeux de la société civile sur la réalité de la guerre. Une rétrospective à aborder avec le cœur bien accroché.
Où ? Espace Van Gogh, place Félix Rey, Arles
Pour en savoir plus : l’épisode « Lee Miller, une combattante » de l’émission Grande Traversée pour France Culture
Babette Mangolte – Capter le mouvement dans l’espace
Photographe proche du monde de la danse et du théâtre, lauréate 2022 du prix Women in motion des Rencontres, Babette Mangolte a documenté la scène new-yorkaise expérimentale des années 1970 à travers une profusion de clichés et de films. Développant un langage photographique rigoureux autour des notions de mouvement, d’espace et de regard, elle immortalise le travail de nombreux chorégraphes et metteurs en scène de cette époque : on y découvre les pas de danse postmodernes de Trisha Brown et Yvonne Rainer, les pièces de théâtre avant-gardistes du dramaturge Richard Foreman mais aussi le visage complice de la réalisatrice Chantal Akerman. Témoin d’une époque et d’un milieu, l’œuvre de Babette Mangolte déborde d’énergie créatrice et donne envie de se précipiter dans une salle de spectacle.
Où ? Église Sainte-Anne, 8 place de la République, Arles
Pour en savoir plus : l’interview de Babette Mangolte sur Radio France pour l’émission Entretiens sur l’art
Une avant-garde féministe – Photographies et performances des années 1970 de la collection Verbund
Exposition phare des Rencontres, Une avant-garde féministe réunit le travail de 71 femmes artistes autour de la question de l’émancipation féminine. Ancré dans les années 70 et leurs revendications sociales, leur travail s’emploie à déconstruire et à malmener la définition patriarcale de la femme en dénonçant son enfermement et les inégalités auxquelles elle se heurte à cette époque. Traitant aussi bien de domesticité que de sexualité, l’exposition donne ainsi à voir une grande profusion d’œuvres plus ou moins subversives et témoigne de la vitalité des artistes femmes de cette période. Si l’on regrette l’angle essentiellement blanc et bourgeois de la sélection – collection privée viennoise oblige, c’est néanmoins l’occasion de (re)découvrir le travail de pionnières telles que Valie Export, Annette Messager, ORLAN, Cindy Sherman ou encore Martha Wilson.
Où ? La Mécanique Générale, 3 avenue Victor Hugo, Arles
Frida Orupabo – À quelle vitesse chanterons-nous
En sortant des avant-gardes féministes, ne ratez pas la (trop courte) exposition consacrée au travail de l’artiste norvégienne-nigériane Frida Orupabo. Née en 1986, sociologue de formation, l’artiste réfléchit par le prisme de ses collages géants qui questionnent la race, le corps et le genre. Exploitant aussi bien des archives coloniales que familiales, Frida Orupabo dénonce ainsi la fétichisation du regard porté sur les corps noirs féminins et la violence qui l’accompagne. À la façon d’un docteur Frankenstein des temps modernes, elle découpe puis réassemble ses sujets et livre une œuvre aussi dérangeante que fascinante, qui nous parle de brutalité, ainsi que de réappropriation identitaire.
Où ? La Mécanique Générale, 3 avenue Victor Hugo, Arles
Pour en savoir plus : « J’avais faim d’images qui me ressemblent », interview de l’artiste pour la chaîne Louisianna
Bettina Grossman – Bettina. Poème du renouvellement permanent
La salle Henri-Comte accueille cette année la première exposition monographique du travail de l’artiste Bettina Grossman, disparue l’an dernier. Figure isolée du monde de l’art, installée à l’Hôtel Chelsea à New York, Bettina Grossman est à l’origine d’une œuvre protéiforme mêlant photographie, peinture, design et vidéo. Elle développe ainsi un langage artistique unique, proche de l’obsession, construit autour de la répétition et de la déclinaison de motifs aussi bien géométriques que textuels, sous forme de séries. On peut ainsi y admirer son œuvre, Deux heures dans la vie d’un cheveu photographié dans un évier à l’intervalle d’une minute tout en étant agité par l’eau courante -prolongation de l’expérience avec le dessin au trait. Mais aussi ses observations des vas-et-viens new-yorkais. Aussi drôle que méticuleux, le travail de Bettina Grossmann détonne et ravit à la fois.
Où ? Salle Henri Comte, 28 rue de l’Hôtel de ville, Arles
Pour en savoir plus : le documentaire Dreaming walls : Inside the Chelsea Hotel, réalisé par Amélie van Elmbt et Maya Duverdier. Prochainement en salles
Photo de une : Babette Mangolte. Lucinda Childs danse son solo « Katema » dans son loft de Broadway, 1978. Courtesy Babette Mangolte.
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