Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Love Actually ! La comédie romantique culte de Richard Curtis a dix ans tout pile, puisqu’elle est sortie au cinéma en France le 3 décembre 2013, et j’avoue que j’aurais pu passer à côté de cet évènement autour de mon film de Noël préféré si je n’avais pas vu l’information sur Films de lover ce matin même.
Maintenant que je sais, il est hors de questions que je passe à côté d’une occasion en or de parler une fois de plus de ce monument du cinéma niais-mais-outrageusement-bien-foutu. Et si on en profitait pour lister quelques leçons de vie que nous a appris le film, tiens, pendant qu’on y est ?
Alors par contre, attention, spoiler alert : courir après l’être aimé dans un aéroport une fois que ta moitié a passé le contrôle de sécurité est une mauvaise idée. C’est romantique sur le papier mais c’est peu efficace (à part bien sûr si ton but est de te faire plaquer au sol devant tout le monde par des policiers et de finir ta journée, voire ta semaine, sous les verrous).
Oh, et tant que j’y suis, en parlant de spoiler : que celles qui n’ont pas vu le film se ruent dessus, et ne lisent l’article qu’après. Ça gâcherait tout le plaisir.
Les copains avant les reu-sta (dans certains cas)
Une des relations mise en lumière dans Love Actually, c’est celle qui lie Billy Mack et son manager. Comme tu t’en souviens probablement, alors qu’il est numéro un des ventes avec son tube de Noël et qu’Elton John veut, du coup, l’inviter à sa soirée, le rocker sur le retour préfère rentrer passer les fêtes avec son pote à picoler et regarder du porno. S’ensuit une des scènes les plus émouvantes (et drôles) du monde : ces deux bourrins se prennent maladroitement dans les bras avec la larme au coin de l’oeil.
La première fois que j’ai vu Love Actually, j’ai pas vraiment compris toute la force de ce moment. J’avais quatorze ans et je trouvais ce mec trop con de refuser d’aller faire copain-copain avec une star internationale comme Elton John,de rouler des pelles dans tous les coins à des canons anonymes et de boire du champagne gratuitement. Et lui, à place, il veut se pinter la tronche sur un canapé avec son copain en t-shirt sale. MAIS POURQUOI ?
Dix ans plus tard, la raison est limpide : entre une soirée de Noël tranquille avec des potes que je connais par coeur et un gueuleton chez un artiste internationalement reconnu pour son talent et pour son côté diva, y a pas photo, je prends les premiers. Parce que rencontrer des gens bourrés de talent, OKAY, mais rencontrer des gens qui se la racontent sûrement comme des foufous, merci mais non merci. Je serais le pingouin puissance mille, ne sachant ni où me mettre, ni quoi dire de peur de froisser tout le monde.
Être totalement soi-même le soir de Noël avec ceux qu’on aime ou prendre des pinces à épiler avec des inconnus… Billy, t’avais trop raison. Pardon d’avoir remis ton bon sens en question.
Diversifiez vos cadeaux, bordel !
Love Actually, ce n’est pas que de l’amitié jolie et de l’amour naissant : c’est aussi une histoire d’adultère qui fait mal au bide. Karen (parfaite, parfaite Emma Thompson) découvre que son mari Harry (parfait, parfait Alan Rickman) la trompe avec sa secrétaire quand elle comprend que le collier qu’elle avait cru qu’il allait lui offrir pour Noël n’était pas pour elle. Elle était contente, Karen, pourtant, vu que ça fait des années que son mec lui offre toujours un foulard. Un foulard ! Tous les ans ! Je veux bien croire que c’est pratique mais eh, dites, tout de même.
Plus que tout, c’est la tristesse de comprendre que Harry n’a jamais fait d’effort pour trouver des idées de cadeaux originales pour sa femme. À mes yeux, c’est le degré 1000 de ce qu’il vaut mieux, dans la plupart des cas, éviter de faire dans une relation. En fait c’est la preuve qu’Harry, ça fait un moment qu’il en a rien à carrer, de prouver ses sentiments à sa femme. Pour moi ce foulard symbolise le cercle vicieux dans lequel certains couples peuvent tomber après quelques années.
Ça commence avec le même cadeau tous les ans pour pas se fouler, et puis l’autre a le sentiment d’être délaissée alors elle commence à ne plus se fouler non plus pour son mari qui finit par frétiller de la pine pour quelqu’un d’autre (remplace le féminin et le masculin par le genre de ton choix, évidemment).
Et puis en plus VOILÀ LES FOULARDS QUOI.
Depuis que j’ai vu Love Actually, je me promets, je me jure que je passerai du temps à trouver le cadeau parfait (mais pas forcément cher) pour mon mec. J’ai bien trop peur qu’il ne comprenne un jour « je m’emmerde avec toi mais je t’offre un truc pour la forme » en déballant son traditionnel caleçon Bob l’Éponge.
Dire des gros mots, c’est mignon
Dans le film, Natalie (Martine McCutcheon) est embauchée au 10 Downing Street pour apporter du thé au nouveau premier ministre joué par Hugh Grant. Et elle est tellement stressée au moment des présentations avec son nouveau patron qu’elle enchaîne les injures avec sa petite voix fluette.
Depuis toujours, je suis vulgaire. J’ai beau me contrôler, c’est impossible pour moi, quand je suis vraiment très anxieuse, de ne pas avoir envie de ponctuer chacune de mes phrases d’un « bite », d’un « merde » ou d’un « bordel ». Et ce que nous dit cette scène (ou plutôt, ce que j’ai envie de comprendre quand je la vois), c’est que ce n’est pas la nature du mot qui compte, c’est l’intention qu’on y met. Et un « putain » peut être bien plus mignon qu’un « je t’aime autant que les frites » tant qu’il est dit avec le coeur.
Le sachiez-tu ? Il existe une parodie pornographique de Love Actually à base de poulpe, et elle est inspirée par cette scène. À moins que je ne l’invente.
Être égoïste, parfois, c’est important
À quatorze ans, j’étais pleine de principes : je me disais qu’il était hors de question que je fasse passer un mec avant ma famille ou mes amis, ne serait-ce que le temps d’un café. À l’époque, faut dire, personne n’avait jamais voulu mettre sa langue dans ma bouche alors je me basais pas forcément sur du concret, tu vois.
Et puis en regardant Love Actually, j’ai compris que parfois, il fallait faire au cas par cas. J’ai pigé cette idée en voyant Sarah (Laura Linney) qui, alors qu’elle est sur le point de conclure avec son collègue (Rodrigo Santoro) dont elle est amoureuse en secret depuis des années, part rejoindre son frère dans son hôpital psychiatrique.
Elle sait que ça ne le fera pas se sentir mieux. Elle sait que, ce faisant, elle brise toutes ses chances avec celui aurait pu devenir son mec. Mais elle y va malgré tout, parce qu’elle ne peut pas s’empêcher de faire passer son propre bonheur après celui de son frère. Et en plus, son frère, il lui met une torgnole. Bonjour la bonne soirée quoi.
C’est un bon gars, Karl, et s’il ne la rappelle pas, ce n’est pas parce qu’il est vexé de ne pas l’avoir pénétrée. C’est juste qu’il comprend que toute sa vie, il passera en second derrière son beauf et qu’il a envie de se sentir un peu important. D’ailleurs, il a le coeur tout aussi brisé que Sarah quand il lui souhaite un Joyeux Noël le soir du réveillon, j’en suis sûre. Je veux y croire en tout cas.
Et je veux croire que s’ils avaient existé, ils auraient été heureux et auraient fait plein de petits à la peau mate et aux yeux clairs après le clap de fin.
Le moment du drame.
Alors merci Sarah, d’avoir choisi d’aller voir ton frère pour la vingtième fois de la semaine, brisant ainsi toutes tes chances avec Karl : ton erreur sera bien utile pour éduquer des générations entières à l’égoïsme bien choisi et distillé dans sa vie avec parcimonie.
Il n’y a rien qui rend plus heureux que d’écouter les Beach Boys
Quand j’ai un coup de blues de la mort, je repense à la scène finale de Love Actually — celle de l’aéroport, quand tout le monde retrouve la personne qu’il aime.
Cette scène, qui m’a fait découvrir les Beach Boys il y a dix ans, m’a permis de trouver le truc le plus réconfortant au monde : se lancer un album au hasard du groupe californien quand j’ai la peau qui luit, le moral au niveau de mes ongles de pieds au vernis écaillé et qu’il y a plus rien de cool à manger chez moi. Et ça va tout de suite tellement mieux, c’est limite de la magie.
Un peu comme ce film tout entier.
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