Régulièrement dans ma vie, je me suis inscrite sur des sites de rencontre. Soit pour trouver l’amour quand j’étais très jeune et que je vivais dans une trop petite ville, soit pour tester des trucs pour le travail, soit parce que j’avais envie de jouir de toutes les possibilités humaines qui s’offraient à moi dans une ville que je m’apprêtais à quitter. Ou alors parce que je m’ennuyais profondément.
Pour moi ça a toujours été une sorte de truc un peu par défaut parce que mine de rien, je suis de celles qui préfèrent largement avoir les pupilles qui se dilatent et tous les symptômes d’un flirt en vrai, sans préliminaire sur Internet.
C’est peut-être aussi parce que mon travail est sur Internet, et que du coup ça me rappelle d’une certaine façon mon boulot — que j’adore, mais que je n’ai pas forcément envie d’associer à des étreintes plus ou moins chastes.
En tout cas, je m’en suis toujours servie quand je n’avais pas d’autres choix. Du genre :
- je vis dans une petite ville dont j’ai fait le tour, comme mentionné précédemment,
- je suis fauchée et je peux pas sortir dans les bars rencontrer des gens,
- il est très tard et j’ai simplement envie de papoter.
Quoiqu’il en soit, comme à peu près tout dans la vie, fréquenter les sites de rencontre n’aura pas été vain en enseignements. Des enseignements qui peuvent parfois même s’appliquer au quotidien.
Le pouvoir du lol (même nul)
Avant, quand quelqu’un me plaisait, je me contentais de jouer une carte, une seule : celle du regard qui se veut évocateur. J’essayais alors de faire une moue que j’imaginais attirante, de plisser les yeux pour me donner un air sensuel.
Il existe une catégorie de personnes pour qui le regard de braise est quelque chose de naturel. Je n’en fais pas partie.
Je peux l’avoir, en effet, mais je ne le contrôle pas. Je sens juste à un moment que ma façon de communiquer par la rétine change (je veux dire, j’en ai les yeux qui piquent, comme quand je me les frotte avec de l’ail, je peux pas gérer).
Là, en effet, ça fonctionne, mais ça n’arrive que lorsque tous les signaux dans l’attitude de l’autre sont au vert. Et quand j’essaie de provoquer ça, j’ai juste l’air d’un ado qui s’essaie pour la première fois au duckface. Ou à d’un animal ronchon et mal réveillé.
Et qui dit « animal ronchon et mal réveillé », ne dit pas « donne envie de forniquer ».
Quand j’ai réalisé que cette technique seule ne fonctionnait pas, je me suis dit que j’étais contrainte à la séduction passive.
Et puis je me suis retrouvée à refaire un compte sur un site de rencontre et au lieu de répondre sérieusement (et en mentant allègrement), façon « Mon fantasme c’est le plan à 12, je suis sexy et pétillante », j’ai fait ce que je savais faire de mieux : de l’humour nul.
Et plus que n’importe quelle photo, plus que n’importe quelle phrase romantique ou à visée sexuelle, ça a marché. J’ai pas non plus croulé sous les demandes et les messages, mais j’avais enfin compris que les vannes que je pouvais pas m’empêcher de faire et pour lesquelles je m’excusais dans des situations sociales pouvaient jouer en ma faveur.
En gros, on a toutes, tous quelque chose qui peut nous donner l’opportunité de se retrouver avec une langue dans la bouche – il suffit juste de trouver quoi. Je l’avais lu partout, mais j’en avais jamais pris conscience moi-même.
Un angle bien choisi peut tout changer
C’est un truc qui me laisse chaque fois pantoise : se balader sur un site de rencontre, c’est chaque fois se rappeler qu’il suffit d’un rien pour changer totalement le visage d’une personne – et par « un rien », je ne fais aucunement allusion à un quelconque recours à la chirurgie esthétique.
Mais genre, VRAIMENT. Une fois sur deux, quand je vais sur un profil, je tombe sur un visage qui se ressemble pas d’un angle à un autre. Au fur et à mesure que je fais défiler les photos, j’ai le sosie d’Idris Elba (clic), le sosie de Chris Evans (clic) le sosie de ton père. Pour une seule et même personne, c’est beaucoup.
En même temps, c’est pas une critique. Sur ma page, j’ai actuellement trois photos : une avec mon profil préféré, une autre avec des lunettes de soleil énorme et la dernière avec mon profil préféré ET un filtre Instagram.
Moi aussi, je suis pas tout à fait honnête au fond, c’est pas un drame. Si ça se trouve, les gens se disent en faisant défiler le diapo « oh, Kate Moss (clic) ah bah non en fait c’est plus Eva Mendes (clic) … MAMIE ?! » Je sais pas.
Quand j’essaie de prendre une photo avec un air naturel dessus.
Non mais en fait, le bénéfice absolu d’avoir compris ça, c’est que les matins où je suis pas en forme et que ma confiance en moi semble s’être cachée au milieu des moumoutes de chaussettes entre mes orteils,
je prends le réflexe de ne me regarder dans la glace que sous mon angle préféré.
Et alors TAK, l’estime de soi remonte d’un coup. De ce fait, oui, après chaque rupture ou chaque échec, je peux rester des semaines en ne voyant mon visage que sous un angle. Et ça me rend jouasse, tu peux pas t’imaginer.
Prendre conscience de la phase d’exigence maximale
Je sais pas si ça te fait ça à toi aussi, mais quand je rencontre quelqu’un, quel que soit le biais de ladite rencontre, et qu’un intérêt sentimentalo-sexuel mutuel commence à poindre, j’ai tendance à être particulièrement exigeante.
D’un coup, mon cerveau a le réflexe de ne rien laisser passer, jusqu’à ce que la phase du premier échange de salive soit passée. C’est comme si mon être tout entier cherchait un moyen d’échapper à une potentielle évolution des sentiments qui pourrait me faire mal un jour.
Une faute d’orthographe suffisait à me donner envie de fuir le plus loin possible. Une blague nulle ? Même pas je voulais toucher l’autre avec un bâton. J’allais même jusqu’à faire la morte si mon intérêt amoureux avait le malheur d’envoyer un message de plus que moi sur une période donnée. Mais en vrai, cette période passe.
Et ça, je ne l’ai compris que sur les sites de rencontre parce qu’avant ça, quand j’étais au lycée ou au début de mes études, je devais tellement batailler fort pour que les personnes qui me plaisaient me remarquent que je ne passais pas par ce stade.
Maintenant que j’ai suffisamment confiance en moi pour parfois plaire avant qu’on me plaise, cet enseignement est devenu tout à fait primordial. Savoir que cette phase d’exigence maximale et ridicule peut survenir, c’est pouvoir mieux l’envoyer dans les orties quand elle déboule.
Warning – Je ne parle évidemment pas d’un manque de désir de l’autre. Je ne vous dis pas de vous forcer à embrasser quelqu’un qui ne vous plait pas. Je parle d’une phase très précise sur des détails nuls, alors que tout le reste va bien.
Peut-être même pourrais-je trouver quelque chose à redire à ce gif, s’il voulait sortir avec moi.
Et toi, à part qu’il vaut mieux essayer de ne jamais matcher son ex, t’as appris des trucs sur les sites de rencontre ?
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