Italo Calvino, immense écrivain italien, est décédé en 1985. C’est pas de chance, notamment pour la littérature et pour les universitaires d’Harvard, puisque c’est justement en 1985-1986 qu’il devait tenir un cycle de conférences sur la littérature. Il avait choisi six thèmes, six valeurs essentielles pour le lecteur et l’auteur qu’il était. Légèreté, rapidité, exactitude, visibilité, multiplicité et consistance, voilà les valeurs qu’il voulait transmettre au prochain millénaire. Malheureusement, le temps lui manquera pour rédiger le texte de sa sixième et dernière conférence.
Lorsqu’il écrit les Leçons américaines, Italo Calvino est à la tête d’une œuvre conséquente et multiforme : romans, essais, contes, autoportrait, expériences littéraires (il était membre de l’Oulipo). On peut remercier cet auteur prévoyant et méthodique d’avoir non pas pris des notes brouillonnes et peu claires, mais rédigé bien proprement ses travaux et les avoir organisés, ce qui nous vaut le plaisir de les lire dans une version quasi-achevée.
C’est donc au travers de cinq thèmes que Calvino nous cause de littérature. Un peu dans le désordre, en mêlant poésie et romans, littérature italienne et étrangère, écrits antiques et contemporains. Il fait également appel à la mythologie et à la philosophie (beaucoup). Il illustre son propos en citant, en version originale, la majorité des textes sur lesquels il s’appuie (avec, en cadeau-bonus, la traduction française). Il renvoie de temps à autre à sa propre œuvre, faisant intervenir son expérience personnelle de l’écriture comme de la lecture. Il n’est pas impossible qu’on y déniche des pistes d’exploration et de jolies idées d’emprunt/d’achat.
Le but de ces Leçons américaines n’est pas tellement faire découvrir la littérature, et d’ailleurs je les déconseille aux novices complets, mais de la décortiquer, de lui trouver un ou des fil(s) conducteur(s). Calvino nous invite donc à penser avec lui, à confronter nos propres lectures à ses conclusions. Évidemment, le parcours est d’autant plus intéressant qu’il est parsemé de références, d’extraits, de réflexions. Un poil ardu, donc, d’autant que la passion de l’expression exacte ne pousse pas Calvino à choisir un vocabulaire pauvre, et demande donc une certaine vigilance de la part du lecteur.
– Leçons américaines (aide-mémoire pour le prochain millénaire), d’Italo Calvino, aux éditions du Seuil (Points)
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