L’émancipation de l’art américain débute dès 1913, lors de l’exposition de l’Armory Show. Organisée par Walter Pach à New York dans des vieux entrepôts de l’armée américaine, elle rassemble 1300 œuvres de 300 artistes européens et américains. Bien que cette manifestation ait été critiquée de façon très virulente (le président Roosevelt dira que « Ce n’est pas de l’art ! ») à cause de tableaux comme le Nu descendant un escalier de Marcel Duchamp, elle aura pour répercussion la révélation de l’art moderne américain sur la scène artistique mondiale, dominant nettement les avant-gardes européennes. L’Ecole de New York (ou expressionnisme abstrait) apparaît dans les années 40 et rassemble de très nombreux artistes. On va citer les principaux, dont voici les caractéristiques principales.
Jackson POLLOCK (1912-1956)
Pollock est loin d’être un gai luron : bourru, malheureux, rempli de visions et d’angoisses névrotiques, il peint véritablement pour survivre (ou l’art comme thérapie). On ne peut pas parler de l’œuvre picturale de Pollock, mais de son univers entier. On associe à cet artiste les termes « action painting » et « dripping ». Le premier désigne une nouvelle façon de peindre : gestuelle, frénétique et pulsionnelle ; Pollock peignait en réalisant « une danse épuisante et sans fin » autour de sa toile posée à même le sol. Quant au second terme, il traduit la technique picturale de l’artiste : il prenait des bâtons qu’il trempait dans des boites de conserves remplies de peinture (à carrosserie) et la projetait sur la toile.
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One (number 31), 1950.
Cependant, avant de réaliser ses dripping (également appelés « all-over » : les distinctions hiérarchiques sujet/objet, haut/bas, dedans/dehors sont annulées) il a peint des œuvres figuratives. On y retrouve l’influence de l’esthétique amérindienne. Il peint des monstres, des « figures noires » d’un grande violence et enfermés dans le tableau à cause d’un cadrage serré. C’est pas joyeux, je vous avais prévenu…
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Homme nu tenant un couteau, 1938.
La fin de sa vie sera tout aussi tragique, car il meurt dans un accident voiture ; et beaucoup diront que c’est un suicide déguisé…
Willem DE KOONING (1904-1997)
Tout comme Pollock, il commencera par faire des tableaux figuratifs pour ensuite se tourner vers l’abstraction. Il mélange à fois le monde réel et son propre monde.
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Woman 1, 1952.
C’est dans cette série de Women, que l’on peut distinguer une certaine influence de Picasso : certaines difformités se sont glissées dans ce portrait. On remarque notamment le pied de la femme, qui est en fait un sabot du diable : le féminin est associé à une sorte de danger (sympa l’américain…).
De Kooning donne également une importance non négligeable à la gestuelle de sa peinture : on note ses coups de brosse vifs qui semblent trancher la toile. Un autre exemple ici :
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Composition, 1955.
Il est un des artistes les plus appréciés (et donc, l’un des plus chers) aux Etats-Unis et sa famille va vite exploiter le filon en obligeant Willem, bien qu’atteint de la malade d’Alzheimer, à peindre encore et encore, ce qui fera de sa dernière période picturale, l’une des plus médiocres.
Mark ROTHKO (1903-1970)
D’origine Russe, Rothko débarque aux USA à l’âge de 10 ans. Il s’intéresse tôt à l’art en devenant dans un premier temps professeur de dessin pour enfants. Sa première période artistique sera figurative, puis tournée vers l’onirisme comme dans ce tableau :
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Sans titre, 1945.
On trouve dans cette période des sujets comme l’opposition féminin/masculin, l’évocation de matières conflictuelles le plus souvent assemblées dans un conglomérat de formes évoquant des organes.
A la fin des années 40, Rothko passe définitivement à l’abstraction. Il met au point une formule unique : des quadrilatères de couleurs frangés et flottant dans un espace indistinct. Le critique d’art Rosenberg dira de ses compositions : « L’emblème décisif d’un absolu désincarné. C’était comme si Rothko avait conçu une version visuelle contemporaine du sonnet ou de l’haïku ».
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Sans titre (violet, noir, orange, jaune sur blanc et rouge), 1949.
A la fin de sa vie, un riche couple du Texas va le contacter pour décorer entièrement une chapelle. Il réalisera donc quatorze monochromes violets qui tapisseront cette chapelle.
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La Chapelle Rothko.
Barnett NEWMAN (1905-1970)
Il sera un des artistes le plus critiqué de cette Ecole de New York. Son projet est jugé trop anti-traditionnaliste et trop radical, voire même, provocateur. Tout comme Mark Rothko, il va mettre en place un système qui lui sera propre : celui des « zips » comme il les nomme lui-même. Ce sont de fines lignes de couleurs qui barrent le tableau verticalement de part en part. Il utilise des couleurs saturées, intenses et en contradictions les unes avec les autres.
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Onement III, 1949.
En 1948, il est à l’origine de la création du groupe « The Subject of the Artists School » qui organise des soirées, expositions et concerts, et auquel participent De Kooning, Rothko, Rosenberg et Gottlieb.
Adolf GOTTLIEB (1903-1974)
Il fait partie de ces artistes qui ont mis en place la « pictographie plastique ». C’est-à-dire, un tableau composé de signes qui évoquent une écriture et donc qui suscite une lecture. Un exemple :
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Blast 1, 1957.
On observe une réduction de la palette chromatique (ici, trois couleurs uniquement). Le cercle représente l’unité et la fermeture alors que le noir traduit plutôt la dispersion et l’ouverture. Si on va plus loin, on peut imaginer que le cercle est l’artiste ; le noir, les autres.
Parmi les autres artistes de cette Ecole de New York, on peut citer : Clyfford Still, Franz Kline, Mark Tobey, Ad Reinhardd, Robert Rauschenberg et Karel Appel. On retrouve certaines de leurs plus grandes œuvres dans la collection Peggy Guggenheim à New York.
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Travaux des principaux artistes de l’Ecole de New York.
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