Sur nos écrans depuis mercredi 12 novembre, L’Echange est le nouveau film de Clint Eastwood, avec en vedette Angelina Jolie. Présenté en compétition officielle au dernier festival de Cannes, ce drame s’inspire de faits réels, d’une histoire aussi saisissante que terrifiante : celle d’une mère qui, déterminée à retrouver son fils, se heurta à la police et à la cruauté de certains hommes…
Jamais sans mon fils
Mars 1928. Los Angeles. Un matin, Christine Collins part travailler et laisse seul à la maison Walter, son fils. Le soir, en rentrant chez elle, elle constate avec horreur la disparition de l’enfant.
Les mois passent, les recherches vont bon train mais Christine attend toujours dans l’angoisse. Lorsqu’on finit par lui apprendre que Walter a été retrouvé, sain et sauf, l’inquiétude laisse place au soulagement : le cauchemar semble toucher à sa fin. Malheureusement, les retrouvailles sont loin d’être comme elle les imaginait : Christine est persuadée que le garçon qu’on lui rend n’est pas son fils…
Submergée par ses émotions, par la pression des médias et de la police, elle ramène malgré tout l’enfant chez elle mais essaie de convaincre les enquêteurs de reprendre les recherches. En pleine prohibition, la peu glorieuse police de Los Angeles refuse cependant de l’écouter et la fait passer pour paranoïaque et irresponsable.
A l’aide du Révérend Briegleb, une personnalité locale qui combat depuis toujours les autorités de la ville, Christine Collins se lance alors dans une lutte acharnée contre le système et n’espère qu’une seule chose : retrouver son petit garçon…
Clint Eastwood au top
Pas facile de s’attaquer à l’histoire de Christine Collins tant elle est effrayante et cruelle. Pourtant, Clint Eastwood ne s’est pas dégonflé. Il aborde une nouvelle fois le thème du kidnapping d’enfant (auparavant dans Un monde parfait et Mystic River) et c’est une nouvelle fois un succès. Viennent également s’ajouter d’autres thèmes que le réalisateur affectionne particulièrement : la corruption de la police, la lutte contre le système, les mensonges et les non-dits…
Avec un scénario ultra réfléchi, L’Echange est comparable à un iceberg (si si). En premier lieu, on ne voit que le drame vécu par Christine Collins. La disparition de Walter est en effet le fil conducteur du film, la base. Puis, peu à peu, on découvre la partie immergée, à commencer par l’indifférence de la police, la misogynie de l’époque, la corruption qui règne au sein de la LAPD… Enfin, le film emprunte une dernière piste, celle d’une enquête menée au même moment et qui concerne les meurtres sordides d’enfants kidnappés.
Ainsi, l’histoire de Christine Collins n’est pas un simple fait divers mais plutôt le déclencheur d’une immense polémique et d’une lutte sans précédent contre le système juridique. Elle est également étroitement liée à l’une des plus sombres affaires d’enlèvements et d’assassinats d’enfants de l’Ouest américain. Affaire qui à l’époque glaça le sang des citoyens californiens et qui aujourd’hui secoue le monde entier.
La construction pyramidale de L’Echange nourrit sans conteste le suspense et le côté imprévisible que seule une histoire pareille peut avoir. Le mélange des genres (drame, policier, thriller) façon Eastwood est efficace et réussit à éviter la trop grande complexité. Oui, c’est une leçon de cinéma.
La mise en scène est quant à elle parfaite, rien n’est laissé au hasard. Chaque scène est précisément calculée et mise en valeur du mieux possible, grâce aux mouvements de la caméra comme au remarquable travail sur la lumière et les couleurs. Plongé au cœur de l’Amérique de la fin des années 20, les décors sont sublimes et la photographie à tomber par terre.
Seul bémol qui frappera plus certains que d’autres : sur 2h20 de film, on a tendance à ne retenir que les moments les plus percutants, émouvants, glauques et/ou atroces. Dans sa globalité, L’Echange est haletant et les péripéties s’enchaînent, cela dit il est indéniable que certains passages sont quelque peu longuets. On a à plusieurs reprises envie de bousculer l’action et de secouer les personnages, de donner un coup de fouet à cette réalisation trop précise et réglée comme du papier à musique. Dommage.
Angelina Jolie : mère courage
Christine Collins est incarnée par Angelina Jolie, qu’on retrouvait depuis quelques temps plus à la une des magazines people que sur grand écran. Sa relation avec Brad Pitt, leurs adoptions à répétition et l’accouchement de leurs jumeaux nous auraient en effet presque fait oublier que la belle (pour ne pas dire la Jolie – joke inside) est également actrice. Et une actrice talentueuse, il n’y a qu’à voir ce film.
Bouleversée par l’histoire de cette jeune mère privée de son fils et à qui l’on fait croire qu’elle a perdu la raison, Angelina Jolie offre une prestation dérangeante et intense. Elle-même maman, elle n’a pas eu de mal à imaginer la douleur qu’on doit éprouver dans une telle situation. Tantôt forte, tantôt à fleur de peau, la comédienne laisse sans voix.
Ce n’est donc pas seulement à cause de la puissance de cette affaire qu’on se retrouve rapidement avec une boule de stresse au ventre : la performance d’Angelina Jolie est véritablement sans aucune fausse note. Allons même jusqu’à dire que c’est l’atout majeur du film. Sérieuse du début jusqu’à la fin, avec un maquillage impeccable (dont on retient surtout le rouge à lèvres éclatant), le ton grave et le regard inquiet, l’actrice est comme hantée par l’angoisse du personnage et nous associe brillamment au calvaire vécu par Christine Collins.
Epaulée par des seconds rôles tout aussi charismatiques, notamment John Malkovich et Jeffrey Donovan (qui incarnent respectivement l’obstiné Révérend Briegleb et le Capitaine Jones, terrible manipulateur), Angelina Jolie nous scotche donc pendant plus de deux heures. On la voit mal échapper à une nomination aux Oscars…
Chef d’œuvre ?
L’Echange est un film chronologique poignant, très noir, pertinent et parfaitement maîtrisé, du scénario jusqu’à la réalisation en passant par le jeu des acteurs. Les scènes passent et les émotions s’enchaînent, on ne sait qui remercier en premier : Clint Eastwood pour nous avoir offert un film historique admirable ou Angelina Jolie pour sa prestation criante de vérité ?
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Les Commentaires
Je suis sortie toute chose de la salle et j'ai mis au moins une heure pour sortir du film et pour me débarasser de ce sentiment bizarre à la fin ... enfin j'en dis pas plus si vous voulez aller le voir !!
En plus Angelina Jolie est vraiment bien dans le role donc je conseille ce film si vous aimez les belles histoire dramatiques !!