Sheryl Sandberg est actuellement chef des opérations (C.O.O. en anglais) pour Facebook. Elle a étudié à Harvard, a travaillé pour le Trésor américain et a grandement contribué au succès de Google avant de rejoindre Facebook. Elle a récemment publié un ouvrage intitulé Lean In, disponible en France sous le titre En avant toutes ! (souvenez-vous, madmoiZelle avait parlé d’elle dans l’article Et si je devenais ambitieuse ?). Elle a également profité de la sortie de son livre pour lancer une fondation éponyme, Lean In.
Elle y expose son constat quant à la place de la femme au sein de la société et de l’entreprise et livre de nombreuses anecdotes.
Usurpation et ambition
L’ouvrage débute par « Que feriez-vous si vous n’aviez pas peur ? » : Sheryl Sandberg explique que face à la réussite, hommes et femmes ne réagissent pas de la même manière. Les hommes attribuent généralement leur succès à des facteurs internes, à leurs qualités : « J’étais le meilleur, le plus qualifié… » ; les femmes ont tendance à l’attribuer à des facteurs externes : « J’ai eu de la chance, j’ai travaillé dur, j’ai été aidée »… beaucoup de personnes, surtout des femmes, ont le sentiment d’usurper leur succès.
Même lorsqu’elles sont conviées à le faire, les employées ont tendance à refuser de s’asseoir près des responsables masculins car elles ont le sentiment que ce n’est pas leur place ou qu’elles seront mal perçues. Il existe donc une auto-censure des femmes qui ont du mal à saisir les opportunités menant aux postes de direction. De plus, des études montrent que l’image des femmes qui ont du pouvoir est associée à de nombreux termes péjoratifs
. De manière générale on a moins tendance à donner la parole aux femmes et elles ont moins tendance à se mettre en avant également. L’une des façons de corriger cette différence est de changer l’attitude des gens qui donnent la parole. Ainsi, un professeur a commence à interroger systématiquement un étudiant puis une étudiante afin de rétablir l’équilibre. Harvard a également lancé des programmes pour combler les écarts entre les étudiants. Il avait en effet été constaté que les hommes américains réussissaient mieux que les femmes et que les étudiants étrangers. Il s’agit d’identifier le problème et de mettre en place de petites modifications, de faire un effort afin d’offrir la même chance à chacun.
Réussir et être apprécié-e
De manière générale, lorsqu’un homme réussit professionnellement il est admiré à la fois par les hommes et par les femmes. Mais lorsqu’une femme réussit, c’est l’inverse qui se produit. Elle est considérée comme difficile à aimer, solitaire, impitoyable, dure car elle aurait renoncé à son statut de « mère nourricière » pour faire passer sa carrière en priorité.
Le mythe de « tout réussir »
Sheryl Sandberg prodigue également quelques conseils de gestion de carrière : comment créer un réseau, quand faut-il partir en congé maternité, à quel moment de sa carrière est-il préférable d’accepter un nouveau travail…
Elle parle également de grossesse et de maternité, chiffres à l’appui. Elle détaille l’équilibre qu’elle a réussi à trouver avec son mari et insiste sur l’importance d’avoir un réel partenaire, pas un compagnon récalcitrant qui n’apporte aucune aide une fois à la maison et est réfractaire au travail des femmes. Là encore Sandberg prend le temps d’expliquer quelles sont les causes du problème et quelles solutions on peut apporter aux écarts qui persistent.
La place du féminisme dans la société
« We ALL Can Do It », par Soirart
Elle termine en expliquant que lorsqu’elle était étudiante, elle pensait que le féminisme appartenait à une autre époque. Que les grands combats avaient été menés et remportés et qu’il n’y avait plus rien à faire. Que le plafond de verre avait bel et bien été brisé. Elle-même pensait que les féministes « brûlaient des soutien-gorge, n’avaient pas d’humour et détestaient les hommes »…
Une étude a d’ailleurs révélé que si on demande à des femmes si elles se considèrent « féministes », moins d’un quart répondent oui. En revanche, si on leur demande si elles sont pour « l’égalité sociale, économique, professionnelle entre hommes et femmes », plus de la moitié répondent par l’affirmative. Le terme féministe est donc toujours négativement connoté ou mal compris.
Lean In n’est pas très « théorique » mais se base plutôt sur des « cas pratiques » et les différentes façons de résoudre un conflit. Il met également en lumière des barrières intrinsèques dont on n’a pas forcément toujours conscience. Je le trouve utile pour celles qui commencent à s’intéresser au féminisme, qui s’intéressent à la culture de l’entreprise et la place qu’occupent les femmes dans le monde du travail.
Je me dis également que puisque Sheryl Sandberg est connue, qu’elle a du pouvoir, elle est suceptible d’avoir un impact important. En effet, le magazine Forbes l’a classée devant Michelle Obama dans la liste des femmes les plus puissantes au monde. Plus les gens « importants » s’impliqueront dans l’avancée de l’égalité, plus rapide sera la progression !
– Acheter En avant toutes ! sur Amazon ou chez votre libraire préféré
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos podcasts. Toutes nos séries, à écouter d’urgence ici.
Les Commentaires
Ça m'a également fait penser à la vidéo qui a découlé de l'enquête "Génération quoi ?" de France télévision (que j'ai découvert grâce à Madmoizelle d'ailleurs, thaanks ). Une fille dit clairement que selon elle, les différences de salaires dans les entreprises peuvent s'expliquer par le fait que les femmes sont susceptible de tomber enceinte et qu'elles ont leur règles...!!?? (je n'ai pas compris ce qu'elle voulait dire par là, mais j'espère que je l'ai mal interprété et qu'elle ne fait pas référence aux stupidités pseudo-scientifiques déclarant qu'il ne faut pas laissé des postes à responsabilité importantes aux femmes parce qu'elles risquent de prendre des décisions impulsive quand elles ont leur règles).
Si l'on commence à justifier des pratiques discriminantes, ont est pas sorties de l'auberge...