The Fabelmans, Oppenheimer, Indiana Jones… Si 2023 était annoncée comme une année de films de grands réalisateurs ou de grands héros, la plupart du temps, ces derniers se sont avérés être des coquilles vides.
À l’inverse, des productions plus discrètes, plus bizarres, plus criardes, que personne n’attendait où que tout le monde a jugé trop vite, se sont révélées être les plus grands moments de cinéma de 2023.
1 : Nos cérémonies de Simon Rieth, pour l’audace, l’imagination et l’amour fous
On est allées voir Nos Cérémonies avec la curiosité de découvrir une petite étrangeté du cinéma français, on en est ressorties en réalisant qu’on n’avait jamais vu ça et qu’il serait difficile de trouver un meilleur film en 2023.
Le film se déroule à Royan, en été. La photographie du film est chaude, étincelante. Ses acteurs principaux (Simon Baur, Raymond Baur et Maïra Villena) sont étranges, beaux et charismatiques. Le début du film a la légèreté d’un film adolescent dont les protagonistes sont deux frères, Tony et Noé et leur amour d’enfance, Cassandre.
On imagine que les seules tensions de ce conte viendront des frustrations et des chagrins nées d’un triangle amoureux. Seulement, ces peines n’ont rien de léger. Derrière l’amour, le désir, la jalousie, il y a une violence absolue dont on ne vous dévoilera rien, parce qu’elle constitue le concept (fou) du film. Un concept de scénario tellement bizarre mais tellement fertile en émotions, en réflexions, en trouvailles de cinéma qu’on se demande comment son réalisateur, Simon Rieth, 26 ans au moment du tournage, a pu l’imaginer.
Tous les contours de Nos Cérémonies épousent les formes insaisissables du désir brûlant, de l’amour fraternel ou romantique, de la jalousie, de la bagarre et de la mort. Le film est un magma de cinéma complètement fou et passionné qui donne à voir et sentir l’interconnexion profonde entre toutes ces choses qui semblent s’exclure. C’est dramatique, bouleversant et par-dessus tout, magique.
Si 2023 vous a laissé la désagréable sensation de ne pas être rassasié·e de cinéma et que vous n’avez pas vu Nos Cérémonies : c’est normal. Il est temps de voir le film.
2 : Barbie de Greta Gerwig, pour la profondeur vertigineuse et l’œuvre encore incomprise dans l’histoire du féminisme
Cette année, Barbie a été comme un doigt qu’on a pas arrêté de vouloir nous mettre dans la gorge. Et ça a marché : on a la nausée simplement en revoyant la miniature de la bande-annonce.
L’envie de vomir, ou du moins, de détourner le regard de Barbie et son marketing tellement forcené qu’il ressemble à la trame d’un roman dystopique, tout cela n’est pas un accident. C’est précisément l’un des aspects les plus radicaux d’un film tellement dense, paradoxal, hanté et perturbant que la plupart des critiques sont passées à côté.
Barbie est comme le sourire parfait et crispé de Margot Robbie. Il est comme ce film à 1,5 milliards de dollars au box-office qui raconte qu’une poupée, et par extension, qu’un film va sauver les femmes (pour rappel, le film raconte comment Barbie libère les femmes du patriarcat). Derrière ses airs de titan de marketing, de blockbuster lisse tellement sûr de lui, Barbie est un film extrêmement cynique.
Barbie est-il un film féministe ? Oh que oui, car Barbie a saisi combien le féminisme devait composer avec la nature mortifère d’un capitalisme bien décidé à continuer de régner sur le monde. Ce film épuisant, bourré de premier degré avec son rose criard, ses stars qui sont autant de mastodontes de l’entertainement (Margot Robbie, Ryan Gosling, et une liste de guest qui ne s’arrête jamais), ses discours tellement candides – « moquons-nous de Mattel en utilisant leur argent pour faire un film rose, féministe et émancipateur ! » résume la complexité du féminisme contemporain.
Face à l’angoisse existentielle suscitée par le fait que depuis des siècles de lutte, le patriarcat et le capitalisme semblent increvables, après des générations de féministes dont on a peur qu’elles aient sacrifié leur vie en vain, Greta Gerwig répond avec un film qui exhibe son premier degré, sa candeur son amour pour les femmes, la gentillesse, la culture pop et le rose comme forces.
En prenant ainsi le parti de la démesure, de la surenchère de moyens, de danse et de chant, d’humour, d’effusion de sentiments, Greta Gerwig nous fait éprouver la dimension vertigineuse des paradoxes du féminisme aujourd’hui. Elle joue la carte du copinage avec Mattel, utilise les codes et les outils de l’oppresseur, lui lance même des petits pics aussi insolents qu’inoffensifs, pour exister dans son monde, capitaliste et sexiste. Ça fait mal, mais c’est en l’admettant que l’on peut prendre la mesure vertigineuse des enjeux du féminisme aujourd’hui.
On tient le pari : Barbie fera date dans l’histoire du féminisme, et ce n’est pas pour son marketing.
3 : Simple comme Sylvain, pour parler d’amour et de désir flamboyants, par et pour des femmes dans un monde d’hommes
Depuis sa sortie en salles le 8 novembre, on a beaucoup lu que Simple comme Sylvain était une bonne comédie romantique, ayant de surcroit le mérite d’avoir une dimension sociale. Si cette lecture est vraie, elle est surtout très réductrice. Ne voir dans le film de Monia Chokri qu’un petit film feel-good, drôle et réconfortant se terminant sur une jolie morale reviendrait à complètement passer à côté.
En réalité, Simple comme Sylvain a de quoi faire date dans le cinéma français. Au-delà de dialogues jubilatoires portés par des acteurs prodiges, le film raconte avec finesse, humour et émotion la façon dont les normes de genre gangrènent l’amour.
Grâce à la richesse de son scénario et sa mise en scène, Monia Chokri parle d’amour avec autant de tendresse que de lucidité. Elle confronte l’idéal brûlantde l’amour et du désir à la réalité d’une société qui apprend aux femmes à s’auto-détester, à s’écraser et à croire que leur valeur dépend du regard d’un homme, et où ces derniers sont emmurés dans l’impossibilité de communiquer.
Lorsqu’on l’a rencontrée, Monia Chokri nous a notamment parlé de sexe, de la difficile conciliation entre amour, auto-détestation des femmes et impossibilité des hommes à communiquer. Alors que son chef-d’œuvre est toujours en salles, cet entretien s’avère toujours aussi précieux pour apprécier le film dans ses strates les plus profondes (mais aussi, pour vivre plus sereine et épanouie, car personne ne ressort d’une séance de Simple comme Sylvain sans s’être identifié·e) :
« Je pense que les femmes ont une capacité d’adaptation et de déploiement de leur personnalité bien supérieure à celle des hommes. Ce n’est pas leur nature mais c’est acquis : on attend d’elles que leur personnalité soit plus riche pour pouvoir être en compétition dans ce monde, alors que les hommes sont chez eux. Le monde est leur maison. »
4 : Anatomie d’une chute de Justine Triet, pour la dissection de ce que le couple produit de pire, dans un thriller troublant
Anatomie d’une chute est un film de procès doublé d’un thriller hypnotique qui nous a fait retenir notre souffle du début à la fin.
Pendant 2h30, on est plongées dans les rouages du couple, thème dont on est heureuses de constater qu’il constitue la matière de plusieurs chefs-d’œuvre de 2023.
Dans le film de Justine Triet, la chute se décline sous toutes les formes. Au sens littéral, il y a la chute de Samuel, qui tombe de plusieurs étages et meurt sur le coup. Ensuite, on le comprend en lisant le synopsis, le film explore la déflagration du couple. Plus l’exploration est de ses rouages profonde, plus on se rend compte qu’au-delà de cette famille fictionnelle, Justine Triet perce à jour des mécanismes d’emprise, de domination, de pouvoir, des sentiments de frustration, de rancune ou de jalousie qui s’exercent dans le couple de manière générale.
Avec un personnage de femme (Sandra) et un espace (le tribunal), Justine Triet soulève une foule de questions : comment rester soi-même dans un couple ? Comment ne pas se fondre dans l’autre ? Comment ne pas crever de l’autre ? Comment ne pas l’écraser ? Et que se passe-t-il quand la justice, qui pense le monde à partir d’une dichotomie entre innocence et culpabilité, pose son regard et tente de juger une structure si complexe, insondable et humaine ?
Anatomie d’une chute donne moins de réponses qu’il ne pose de questions. Il révèle le trouble au grand jour et montre combien le tribunal échoue à penser cette complexité. Au Huffington Post, Justine Triet a résumé :
Le film pose, je pense, une question plus ample que « l’a-t-elle tué ? ». Il y a aussi l’idée de « peut-on être responsable sans être coupable ? », et « peut-on être coupable sans être responsable ? ».
À lire aussi : Anatomie d’une chute : un thriller qui plonge dans la complexité (et l’enfer) du couple
5. Le règne animal de Thomas Cailley, pour le cinéma fantastique français et le monde après les darons autoritaires
Drôle, mais pince-sans-rire, tragique, mais émancipateur, fantastique mais réaliste, intime mais politique, Le Règne Animal est beaucoup plus précis qu’une réflexion sur les rapports entre l’Humain et l’Animal : il confronte surtout les limites de la masculinité face à la Nature. Il ne fait pas de concession entre la richesse du divertissement d’un film de genre et la portée émotionnelle d’un drame. En fait, Le Règne Animal est aussi hybride que les Hommes-Animaux qu’il met en scène.
Après la disparition de sa femme transformée en animal, François est obsédé par l’idée de la retrouver. Pour cela, il redouble d’autorité avec son fils, qui voit sa vie bouleversée par les choix de son père (il déménage dans le Sud et va dans un nouveau lycée).
Mais n’est-ce pas peine perdue ? Et si, même s’ils la retrouvaient, sa femme était déjà partie ? « Je ne sais pas si j’ai plus peur de ne pas la retrouver ou de la retrouver », confie François dans l’un des rares moments du film où il n’est pas en train de s’activer. La quête de ce personnage qui ne cesse de parler en citant le poète René Char, en répétant toujours les deux mêmes phrases, de donner des ordres et de courir vers nulle part est si frénétique et obsessionnelle, qu’on comprend vite qu’elle cache une profonde perte de sens.
Car, en réalité, l’ère des créatures remet profondément en question l’ordre patriarcal du monde. François est bien peu de choses face à une femme, un fils, un monde en mutation vers un état animal, qui échappe précisément aux normes de sociabilisation, c’est-à-dire aussi de domination.
Le film, dans sa forme même, évince presque le personnage de Romain Duris, dont on réalise qu’il est de moins en moins présent à l’écran au fil des scènes. Celui qui intéresse vraiment le réalisateur, c’est son fils. Au début du film, Émile a tout de l’ado timide, aux cheveux qui lui tombent sur les yeux. À ce moment, on est loin d’imaginer la place qu’il prendra dans le film (d’autant que le jeune Paul Kircher signe l’un de ses premiers rôles au cinéma, face au monument qu’est Romain Duris).
Pourtant, les questions les plus passionnantes, c’est bien Émile qui les cristallise et surtout, les vit. Comment cet enfant en train de muter (en homme adulte, mais pas que) va-t-il grandir, alors même qu’il est contraint par un phénomène étrange qui prend possession de son corps et son esprit ? Et si, cet état, qui a d’abord tout de monstrueux, était en fait profondément émancipateur ?
6 : Dalva, l’hommage bouleversant et juste aux enfants très, très mal aimés
Voici un film français qui a l’apparence d’une sortie discrète mais qui a gagné haut la main la cinquième place de ce classement.
Dalva a 12 ans mais elle s’habille, se maquille et se vit comme une femme. Un soir, elle est brusquement retirée du domicile paternel. D’abord révoltée et dans l’incompréhension totale, elle va faire la connaissance de Jayden, un éducateur, et d’autres enfants placés dans un foyer.
Dalva est la révélation d’une grande réalisatrice, et d’une grande (jeune) actrice. En mars dernier, on avait eu la chance de rencontrer Emmanuelle Nicot, qui nous a parlé de sa façon de filmer l’emprise exercée sur une petite fille par son père et d’un film qui nous plonge dans le point de vue de Dalva, qui progressivement, va réaligner son regard vers un monde plus sain, plus équilibré, dans lequel elle est aimée et aime de la bonne manière.
7 : Le Ravissement d’Iris Kaltenbäck, pour un questionnement perturbant sur la maternité et la paternité dans un thriller bouleversant
Au début du Ravissement, Lydia devient célibataire brutalement. Son compagnon la quitte après des années, sans raison particulière. La jeune femme passe alors son temps à déambuler. Elle rencontre Milos, un chauffeur de bus. Ils passent une soirée ensemble, s’entendent bien, font l’amour. Mais pour Milos, ce n’était qu’une rencontre d’un soir. Parrallèlement, Salomé la meilleure amie de Lydia accouche. Sage-femme, c’est Lydia qui met au monde sa fille.
Iris Kaltenbäck met en scène le point de rencontre entre trois phénonèmes qui finiront par être relié par un évènement commun. Tandis que Salomé prend conscience qu’elle n’avait pas envie de ce bébé ni d’être mère à son âge, Lydia, elle, se voit très spontanément éprise d’un amour infini pour cet enfant, comme s’il était le sien. Ajoutez à celà qu’au détour d’un couloir de maternité, Lydia, le bébé dans les bras, croise Milos, 9 mois après leur nuit ensemble. Elle va alors lui faire croire que cet enfant est le leur.
Inspiré d’un fait réel, Le Ravissement est une plongée minutieuse, angoissée et imprévisible dans une spirale de mensonges. Or, s’il n’est pas juste un très bon thriller mais l’un des meilleurs films cette année, c’est qu’il questionne surtout les normes de la parentalité qui travaille diférement ces trois personnages. Tous sont reliés par leur rapport à la parentalité dans sa dimension performative.
Mythomane, Lydia agit auprès de Milos comme si le bébé de Salomé était le sien. Elle joue un rôle devant Milos. Pour autant, l’amour qu’elle porte à l’enfant n’a rien de feint.
En tant que jeune mère, Salomé, est sommée de répondre aux codes de la maternité, la performer : n’être plus qu’une maman, être comblée de bonheur et surtout pas déprimée, muscler son périnée… Elle a beau aimer sa fille, elle n’arrive pas à jouer ce rôle.
Quant à Milos, on le verra changer au fil des semaines : lui qui avait peur de l’engagement au point de dire à Lydia qu’ils ne se reverraient plus, il se met à vouloir passer du temps avec Lydia et le bébé, lui présenter sa famille. Il va jusqu’à lui confier qu’il sent une connexion avec ce bébé…alors qu’il n’y en a aucun. Film troublant et insondable, Le Ravissement s’étend au-delà du mystère de Lydia, incarnée par une Hafsia Herzi troublante. Il pose la question : quelle est la part de performance dans l’amour porté à un enfant ? Qu’est-ce qui relève du jeu social, ou de la sincérité et l’amour absolu ? Enfin : que se passe-t-il quand l’amour entre en conflit avec le jeu social, et que l’on est amené, comme Lydia, à commettre l’irréparable ?
8 : Beau is Afraid d’Ari Aster, pour un grand n’importe quoi qui fait rire et peur
Beau is Afraid est un film extrêmement imparfait. Il est trop long, se ramasse avec une fin psycholigisante et sortie de nulle part qui ne marche pas du tout. Pourtant, ça a été l’un des meilleurs moments de cinéma de 2023 pour une raison très simple.
Ari Aster a parfaitement compris que l’essence du cinéma de genre est, qu’au fond, faire de la comédie, de l’horreur, de l’absurde, de l’angoisse ou même du fantastique est à peu près la même chose. Les genres ne sont pas cloisonnés et antinomiques : en réalité, ils ne sont séparés que par un léger glissement. Si Beau is Afraid est l’un des meilleurs films au cinéma cette année, c’est pour ces longues séquences de délire qui nous font passer sans que l’on sache vraiment pourquoi de la terreur au fou rire en nous faisant parfois transiter par l’hypnose et parfois même, l’ennui.
Avec son format aussi lourd qu’un bloc (le film ressemble à une crise d’épilépsie de trois heures), le film nous donne l’impression d’être Beau nous-même. Le personnage de Joaquin Phoenix est la passivité peronnifiée. Il passe son temps à être empêché, arrêté, immobilisé. Les seules moments où il avance, c’est pour fuir. Impossible dès lors de ne pas être renvoyé à sa propre condition de spectateur, pris en otage devant ce film tentaculaire, imprévisible qui ne s’arrête jamais. Avec cette mise en abime, Ari Aster nous fait éprouver ce que l’absence de repères, le sentiment de perte de sens face à la vie a de plus flippant, mais aussi drôle, poétique, bizarre. On se retrouve à éprouver autant de choses au cinoche que dans la vie.
9. Yannick de Quentin Dupieux, pour le manifeste de Quentin Dupieux en faveur des films qui ne se la pètent pas
À lire aussi : Tous les films de Quentin Dupieux sont chelous, mais Yannick l’est pour une raison particulière
Yannick est un petit film, simple, avec quelques défauts, mais ce qu’il raconte du cinéma de Quentin Dupieux en fait l’un des films les plus malins de 2023.
Yannick (Raphaël Quenard) interrompt une pièce de théâtre en pleine représentation parce que le spectacle est trop mauvais pour continuer. Il doit reprendre la soirée en main.
D’habitude, les personnages de Dupieux ne sont pas des individualités : peu importe le genre du personnage, le nom du comédien qui l’incarne. Ces derniers deviennent des anonymes, naviguant pour la plupart dans des existences absurdes.
Yannick, lui, est étrangement réaliste. Il se lève et prend la parole dans ce beau théâtre parisien, lieu où le public est habituellement privé de parole, pour nous apprendre qu’il est gardien de parking la nuit. Il n’a pas beaucoup de jours de congés, habite à Melun et se déplace en transports en commun. Il a du mal à s’exprimer à l’oral et fait des fautes de français. Il ne vient pas souvent au théâtre alors, quand il le fait, qu’il paye pour le faire, il demande simplement à en ressortir content.
En réalité, Yannick n’est pas un fou ou un bouffon : c’est un personnage de pauvre, immergé dans un espace qui n’est pas le sien. Au lieu de cacher cette tension sociale et culturelle, Quentin Dupieux la met en exergue avec ce jusqu’au-boutisme dans lequel il est le meilleur.
Contrairement aux films auxquels Dupieux nous a habitués, Yannick est bien différent d’une succession de gags, de sketchs, ou l’exploration d’un délire. Le film s’avère être le plus explicitement politique de son auteur. C’est un film simple, riche et sincère sur certaines formes « d’art » qui s’avèrent être des mascarades ne servant qu’à alimenter des inégalités sociales et du mépris de classe… au point d’en oublier d’être humble, humain et surtout, drôle.
En définitive, Yannick, c’est le cinéma que Quentin Dupieux revendique : des films qui s’éclatent, qui s’amusent. Des films qui ne servent pas à divertir les milieux mondains cherchant à suranalyser l’univers de Dupieux ou en faire un cinéma d’auteur élitiste. L’empathie, la joie qui transparait de la caméra de Dupieux posée sur Yannick, homme incroyablement pragmatique, sincère et premier degré, nous conforte dans une chose : le réalisateur est bien décidé à continuer à nous faire délirer.
10 ) Les ombres persanes de Mani Haghighi, pour la flamboyance du romantisme et du tragique, en Iran
Pas une année ne passe sans que la même évidence ne s’impose : le cinéma iranien est parmi ce qu’il y a de mieux au monde. Mani Haghighi rallume la flamme du cinéma iranien distribué en France après son confrère Saeed Roustaee, qui sortait l’extraordinaire Leila et ses frères en 2022.
Les Ombres Persanes a lieu à Téhéran, où un homme et une femme découvrent par hasard qu’un autre couple leur ressemble trait pour trait. Passé le trouble et l’incompréhension va naître une histoire d’amour… et de manipulation.
L’étrangeté du synopsis des Ombres Persanes, dont on se demande s’il relève de la science-fiction, de la magie ou du réalisme, teinte tout le film d’un halo de mystère hypnotisant. On est fascinés par la façon dont les personnages appréhendent leur double dans ce que ce dernier fait surgir et révèle d’eux-mêmes. Le clône est comme un miroir devant lequel on ne peut pas mentir. À partir de cette idée de scénario folle, le film fait surgir avec une intensité brûlante les mécanismes, les sentiments, la violence enfouis. C’est romantique, tragique, révoltant, c’est étrange et puissant.
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Les Commentaires
Sinon j'ai vraiment adoré Barbie bizarre... Et America Ferrera était grandiose.