Sur les réseaux sociaux, on vous a demandé quels films parmi vos préférés vous avaient fait complètement déchanter en les revoyant. Voici vos meilleures réponses. R.I.P les années 1990.
Le classique : Friends (1994)
C’est la série qui est revenue le plus souvent dans vos réponses. Friends n’a pas résisté à l’épreuve du temps et vous a laissé de terribles souvenirs. Dans la série, les femmes, les personnages transgenres (la mère de Chandler) ou anciennement gros (Monica) sont les boucs émissaires des hommes, majoritairement blancs, hétéros et minces :
Entre les blagues grossophobes sur Monica, les vannes de mauvais goûts sur la mère de Chandler …. En 2024 ca ne passerait pas.
L’exaspérant : le journal de Bridget Jones (2001)
Réaliser qu’un film ou une série de notre adolescence était gangréné de représentations sexistes, ça fait mal, mais ça peut aussi être libérateur. C’est prendre consciences des tropes qui ont façonné notre imaginaire, consciemment ou non.
Voir les représentations néfastes auxquelles on était autrefois aveugles, c’est aussi comprendre d’où viennent les complexes, les préjugés et les réflexes dont on n’a pas toujours conscience mais nous influence dans notre rapport à nous-même et aux autres :
La grossophobie permanente alors que la fille fait au pire un 42 : ça a beaucoup perturbé ma perception de ce que le corps d’une femme doit être pour être attirable et aimée.
Vous avez aussi eu du mal à revoir Le diable s’habille en Prada, qui, comme le souligne un·e de nos lecteur·ice·s, « nous explique qu’on est un laideron quand on porte du 38 ».
Le surprenant : Beetlejuice (1988)
Certains films ont tendance à échapper aux radars des féministes alors qu’ils mériteraient le même examen critique. Un·e lecteur·ice nous a confié avoir complètement déchanté en revoyant Beetlejuice après 10 ans :
J’adore toujours autant l’univers, mais le personnage de Beetlejuice est un prédateur qui met des mains au cul et qui veut se marier à une gamine. Quand je l’ai revu il y a 2 ans, après peut-être 10 ans sans l’avoir vu, je me suis dis « ah ouais, là je me sens presque coupable d’aimer autant ce film ».
Le vintage : Just Married (1999)
Imaginez : vous quittez votre mec, alors la presse décide de mener l’enquête sur vous. Ce scénario a beau être terriblement rétrograde, il sert pourtant d’intrigue à Just Married, le jumeau maudit de Pretty Woman (comédie romantique de 1990 à propos de laquelle il y aurait sans doute aussi beaucoup à dire), avec Richard Gere et Julia Roberts :
Plus jeune, j’adorais cette « histoire d’amour » interprétée par les acteurs de Pretty Woman. En le revoyant l’autre jour, je n’ai pas tenu 5 minutes. C’est l’histoire d’un journaliste qui souhaite écrire un article sur une femme et sa vie amoureuse après un troisième mariage annulée par elle… Elle fait ce qu’elle veut, non ? On est sur un gros « shaming »
Le toxique pas romantique : Gossip Girl (2007)
Voici l’un des titres les plus récurrents de notre sondage. À longueur d’épisodes et de saisons, Gossip Girl a tenté de nous convaincre qu’être maltraitée par un homme, c’est sexy. Spoiler : personne n’y croit. Le nom de Chuck Bass est souvent revenu dans la liste ce que cette série a fait de pire :
« Dans Gossip Girl, tout le monde est grossophobe et déteste les pauvres. Le principe même de la série, sur cet espionnage permanent, est problématique. Chuck est un violeur et le pire, c’est que la série tente de lui racheter une conscience.
L’increvable : la saga James Bond (surtout la première phase avec Sean Connery, depuis 1962)
62 ans de malaise, 6 acteurs différents et pas moins de 25 films. Depuis 1962, la saga James Bond recycle inlassablement le trope de la relation à la limite de l’emprise avec une femme beaucoup plus jeune. Si les derniers volets avec Daniel Craig affichent des efforts, en donnant une représentation moins objectivée et rétrograde de ces personnages féminins, les premiers volets ne résistent pas au temps.
Pour Cary Fukunaga, le réalisateur de Mourir peut attendre, le James Bond de Sean Connery était « fondamentalement un violeur ». Dans les colonnes du Hollywood Reporter, le cinéaste a évoqué une scène d’Opération Tonnerre, un film de 1965 dans laquelle James Bond embrasse de force une infirmière. Plus tard, il suggère qu’il gardera pour lui les informations qui pourraient lui coûter son travail si elle accepte d’avoir une relation sexuelle avec lui, puis il la viole. Des séquences insoutenables quand on retombe dessus des années plus tard :
Le rapport du personnage aux femmes me paraît particulièrement toxique : un homme d’âge mûr séduit des femmes très jeunes (voire adolescentes comme dans Opération Tonnerre), dans le mépris total de leur consentement. Ces films me font aujourd’hui l’impression de glorifier des comportements proches du viol
Le douloureux : Harry Potter et la coupe de feu (2005)
Ce qui n’avait autrefois que d’innocents airs de magie résonne bien différemment aujourd’hui. Selon vous, le quatrième volet d’Harry Potter est celui qui résiste le moins bien au temps :
Outre les propos transphobes de l’autrice, qui m’ont un peu degouté.e de l’univers, dans la coupe de feu il y a énormément de clichés de genre assez sexistes (des plans sur des fesses et des poitrines alors que c’est des gamines mineures sur la scène d’entrée des beauxbatons), les deux écoles véhiculent des clichés de genre assez datés – d’un coté les filles tres sexualisées et gracieuses, de l’autre des hommes musclés et brutaux sans aucune finesse.
Le déconseillé pour les enfants : Peter-Pan de Disney (1995)
Certains films Disney sont un incontournable dans le top des films qu’on déteste redécouvrir une fois adulte. Vous nous avez notamment confié le visionnage difficile de l’un des dessins animés les plus inoffensifs en apparence, Peter Pan :
Peter Pan habite depuis 30 ans au Pays Imaginaire, lui et les autres n’ont toujours pas appris à laver leurs slips et doivent aller se chercher une fille pour le faire ? Le petit frère Michel est apte à faire la guerre mais Wendy doit rester à la maison ? Que dire de la représentation des relations féminines, qui ne seraient que des godiches jalouses toujours prêtes à se faire un sale coup… J’avais commencé à le montrer à mes enfants (nostalgie de ma propre enfance) mais j’ai arrêté en plein milieu car je ne suis vraiment pas à l’aise avec cet hymne du patriarcat.
Le dérangeant : Léon (1994)
Dans Léon, on suit un tueur à gages (Jean Reno) qui prend sous son aile Mathilda (Natalie Portman), une fillette de douze ans, seule rescapée du massacre de sa famille. L’homme va faire de Mathilda une « nettoyeuse », comme lui. Malgré ses qualités, le film résonne différemment lorsque l’on sait que le réalisateur s’est marié et a eu un enfant avec une fille plus jeune que lui de moitié. Luc Besson avait 31 ans, quand Maïwenn en avait 15 ans :
En grandissant, j’ai appris la relation entre Luc Besson et Maïwenn et je n’arrive plus à voir Léon sans être gênée par la relation entre Jean Reno et Natalie Portman.
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Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Je pense qu'il faudrait que vous arriviez à différencier les films et séries qui dénoncent ces comportements, et ceux qui les encourage.