Il y a des endroits où vous ne me verrez pas : je n’irai par exemple jamais m’aventurer dans une jungle tropicale, ayant une peur bleue des bêtes visqueuses et de l’eau stagnante. Vous ne me verrez pas non plus dans la Creuse. Mais surtout, je ne mettrais pas un pied en Alaska ; même si je crève d’envie de voir de mes yeux ses paysages d’une beauté à couper le souffle, j’ai cru comprendre qu’il y avait peu de chances d’y survivre.
La force de cet état tout au Nord du planisphère, c’est bien qu’il attire autant qu’il révulse. Les dangers sont nombreux, en Alaska (à commencer par Sarah Palin).
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Dans Le Territoire des loups, c’est cet aspect sauvage, dangereux et indomptable qui prime. Le pitch est le suivant : l’avion qui ramène des employés d’une société de forage à Anchorage se désintègre en pleine nature. Seuls sept hommes ressortent vivants de cette catastrophe aérienne, John Ottway en tête (Liam Neeson) dont le job est de protéger les employés des attaques des animaux sauvages et qui devient naturellement le leader de cette lutte pour survivre. Dans une immense pleine enneigée, par -120 000°C, dépourvus de nourriture et avec pour seule réserve d’alcool les mignonnettes de Jaques Daniel trouvées dans l’avion, les survivors vont tenter d’éviter de se laisser congeler. Bien évidemment, cette petite équipe a son lot de personnages-clichés, comme :
- Le chef naturel, taciturne et pragmatique,
- Le petit plaisantin immature,
- Le mec qui cache sa terreur sous une bonne dose de connarditude,
- Le quadra sympa,
- Le type qui meurt en premier,
- Le sosie de Steven Spielberg.
Si cette fière équipe de mâles s’attendait à n’avoir que le froid glacial pour ennemi, ils se rendent vite compte qu’ils ont fait preuve d’un peu trop d’optimisme : ils se retrouvent en effet sur le terrain de chasse d’une meute de loups affamés et mécontents de voir des inconnus non identifiés sur leurs terres. Autre petit problème technique : entre les phases de blizzard et l’infime possibilité que les hommes soient retrouvés par un avion parti à leur recherche, il va falloir qu’ils se débrouillent seuls pour rester en vie sans savoir s’ils s’en sortiront véritablement un jour
.
L'homme est un loup pour l'homme. Mais surtout pour le loup. (source image : Allociné)
Ce film est au final un très bon survival à gros potentiel anxiogène (si j’en crois la moiteur de mes mains et les sursauts des spectateurs). La scène du crash de l’avion est tellement bien foutue qu’elle est en elle-même une bonne raison de voir le film. Mais c’est surtout une oeuvre sombre où les scènes d’action succèdent aux réflexions sur le désir de vivre : ces mecs là ont-ils réellement envie de donner de leurs tripes et de se battre pour rester vivants, sachant qu’ils sont considérés comme des parias, ont des vies relativement pourries et n’ont personne – ou presque – qui les attend ?
Au final, je recommanderai sans problème ce film : si tu es bon public et que tu as envie de suer d’angoisse à t’imaginer qu’un loup va surgir de nulle part pour bouffer tous les rescapés du crash, Le Territoire des loups devrait te plaire.
En revanche, permets-moi de te dire un truc très important : il y a une scène post-générique. Je l’avais lu en regardant des critiques de spectateurs et j’en suis ravie car aucune des reviews que j’ai pu lire après coup ne l’évoquait, alors reste bien les fesses dans ton fauteuil jusqu’au dernier nom crédité, ok ? Anecdote : même les employés du cinéma où je suis allée n’étaient pas au courant, et la personne chargée de faire le tour de la salle après la projection rôdait autour de moi pendant le générique comme un loup menaçant tout en beuglant dans le talkie-walkie « y en a encore une, on peut pas éteindre ». Hallucinant.
Dans le même genre en mieux
Si le film t’a plu et t’a donné envie de voir d’autres films où des mecs crapahutent dans la nature et déploient toute la force mentale qu’ils cachent au fond d’eux pour survivre, je ne pourrais que te conseiller LE classique du genre : Délivrance, de John Boorman (1972). Cette adaptation cinématographique du livre homonyme écrit par James Dickey marque les esprits et poursuit ceux qui l’ont vue longtemps après son visionnage. C’est l’histoire de quatre mecs qui décident de passer un weekend à faire du canoë sur une rivière de Géorgie avant que la construction d’un barrage ne l’inonde.
Effrayant, étouffant, huis clos à ciel ouvert : le survival culte par excellence.
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Les Commentaires
Ouais, j'avoue, là c'était un peu dur, mais vu que le mec est barré...
En tout cas merci à celles qui ont spoilé la fin, ça m'évite de me prendre pour avoir raté ça