Tant qu’il y aura des mères qui se suicideront après avoir donné naissance, il faudra continuer de parler de tous les aspects de la maternité, et surtout de ses difficultés.
La preuve avec ce nouveau rapport édifiant, où Santé publique France et l’Inserm ont annoncé que le suicide, en France, était passé de la deuxième à la première place des causes de morts maternelles. Ensuite, viendraient les accidents cardio-vasculaires et enfin, en troisième, les morts par hémorragies. Le rapport se concentre sur la période allant de la conception à un an après la fin de la grossesse, sur les 272 morts maternelles enregistrées entre 2016 et 2018.
Un suicide toutes les 3 semaines
Comme le disait très justement Anna Roy, sage-femme militante, dans un post Instagram sur le sujet l’année dernière, le suicide maternel, c’est « le tabou dans le tabou ». En effet, le rapport recense environ un décès maternel de cause psychiatrique toutes les trois semaines en France.
Des précisions sont apportées :
Ce profil rappelle que la santé des femmes enceintes dépasse la sphère strictement obstétricale. […] Il est nécessaire d’informer les femmes enceintes, leur entourage, ainsi que le grand public, des signes de dépression périnatale, de leur fréquence et de l’importance de consulter rapidement en cas de symptômes.
Rapport de Santé publique France et l’Inserm
Catherine-Deneux Tharaux, directrice de recherche à l’Inserm, à l’AFP, partage ses réflexions sur ce qui pousserait les mères à commettre l’irréparable :
Des femmes ressentent encore une forte culpabilité à éprouver de la tristesse, un manque de plaisir avec leur enfant, un sentiment de n’être pas une bonne mère, mais verbalisent peu.
Catherine-Deneux Tharaux pour l’AFP
Effectivement, tant que la maternité sera idéalisée, tant qu’on rabâchera aux femmes « qu’avoir des enfants, ce n’est que du bonheur« , et tant qu’elles n’auront pas absolument toutes les clés en main pour savoir ce qui les attend, le suicide aura encore une bien trop haute place dans ce classement.
Les mères devraient être encouragées à parler de ce qu’elles ressentent sans tabou. Il n’y a pas de mauvais sentiments, il n’y a pas de maternité « parfaite ». La mère parfaite n’existe pas, l’instinct maternel non plus, il est urgent d’arrêter de faire croire à une quelconque faculté naturelle à élever des enfants, sous prétexte que les mères sont aussi femmes. Tout ça, c’est du pipeau. C’est du patriarcat intériorisé, c’est laisser croire aux mères qu’elles seules savent et peuvent s’occuper d’un enfant, instinctivement.
Suicide maternel : que faire pour aider les mères
Il paraît urgent de continuer à proposer un suivi médical et psychologique pendant plusieurs mois après l’accouchement. Il y a encore beaucoup de travail d’information à mener autour de la dépression post-partum. N’oublions pas que pour pouvoir parler de ses ressentis, encore faut-il avoir le sentiment qu’on sera entendue. Et ça, ça passe par une libération de la parole à l’échelle de la société.
De plus, il est urgent d’augmenter également le congé paternité/parental et que les co-parents prennent toute la place qu’il faut au sein de la famille. Une refonte de la société autour de la maternité et de la parentalité est fondamentale, parce qu’un suicide toutes les trois semaines, en France, c’est un fait qu’on ne peut, humainement, pas admettre.
Si vous vous sentez concernée, vous pouvez vous rendre aux urgences, quelque qu’elles soient. N’hésitez pas à demander de l’aide, à votre famille, vos amis et des professionnels de santé. Vous pouvez également appeler le 3114, le numéro national de prévention du suicide. Vous n’êtes pas seules, vous pouvez être aidées.
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Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
C'était même un truc du genre "le suicide est la première cause de mortalité chez les mères".