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"Photo Erik Lucatero / Unsplash"
Sexo

Le sexe a été la raison de notre rupture

Cette lectrice a vécu une grande histoire d’amour où tout était parfait… sauf le sexe. Huit ans après la rupture, elle revient sur cette expérience.

Le 21 juin 2019

Il y a 12 ans, j’ai rencontré celui qui semblait fait pour moi, comme une moitié qui me complète parfaitement. Tout était facile avec lui : notre relation était basée sur la compréhension et le respect, et nous ne nous disputions jamais. C’était réellement mon meilleur ami. Nous avions le goût des mêmes choses, les mêmes délires, nous passions notre temps à rire.

Nous étions aussi parfaitement intégrés l’un et l’autre, à nos entourages respectifs. Cette relation, c’était comme une utopie, le rêve qu’on n’oserait se permettre tant il semble inconcevable. Ce mec, c’était mon homme pour la vie, c’était sûr, et tout le monde autour de nous en était aussi persuadé.

Le sexe, véritable tabou derrière les apparences

Et pourtant, derrière les apparences se cachait un problème qui était un véritable tabou : le sexe. Très rapidement dans notre relation, je me suis rendu compte qu’il ne me désirait pas. Il m’aimait d’un amour profond, mais n’avait aucun désir sexuel pour moi.

Les rares fois où nous faisions l’amour étaient d’une simplicité déconcertante, sans folie et sans passion. Et plus les années passaient et moins le sexe était présent. De mon côté, j’avais une sexualité assez exacerbée et j’estimais que le sexe était le ciment du couple.

Ne pas être désirée par mon mec était une chose qui ne m’était jamais arrivée, et si au départ c’était simplement déconcertant, l’impact à long terme a été bien plus grave. Moi, je le désirais tout le temps, mon désir pour lui était équivalent à mon amour.

Le simple fait de le toucher, de le renifler, de sentir sa peau, ses lèvres, tout me donnait envie de coucher avec lui. Mais de son côté, ça ne prenait pas. Je tentais parfois de l’allumer avec des sous-vêtements coquins, mais cela ne fonctionnait pas. Une fois, deux fois, trois fois…

Il ne me désire pas : et si c’était moi le problème ?

Au bout d’un moment, j’ai voulu crever l’abcès. Tout ce scénario me semblait trop improbable, mais pour lui tout était normal et c’était le rapport au sexe qu’il avait toujours connu, et je ne devais pas m’en inquiéter.

Ne pas m’inquiéter, OK, je pouvais essayer. Mais il y avait malgré tout chez moi le besoin d’avoir des relations sexuelles. N’était-ce pas le comble qu’une hypersexuelle tombe amoureuse d’un asexuel ? J’écoutais ce qu’il me disait, mais je dois avouer que je ne l’entendais pas. À l’époque, je n’arrivais pas à le comprendre.

Il était hors de question pour moi de faire des scènes, ou d’aborder le sujet au quotidien en pointant du doigt un « problème ». Notre vie à côté de ça était toujours aussi parfaite, si bien que je culpabilisais d’être cette femme assoiffée de sexe qui se posait un milliard de questions. J’ai fini par me dire que c’était peut-être moi le problème, j’ai aussi fini par me demander s’il n’allait pas voir ailleurs ou alors si j’étais bien trop moche pour qu’il me désire.

Doucement, mais sûrement, et surtout sans rien dire à personne, j’ai commencé ma descente aux enfers. Dans ma tête, j’étais devenu un laideron, celle que son mec ne pouvait pas désirer tant elle était moche et je n’ai jamais été aussi complexée dans ma vie qu’à cette époque.

J’avais honte de notre problème d’incompatibilité sexuelle

J’ai commencé à me renfermer, je ne voulais plus vraiment sortir et tout ce que je n’exprimais pas avec des mots transparaissait dans mon comportement, entre jalousie et bouderie.

À cette époque, je n’osais même pas en discuter avec mes plus proches amis, j’avais véritablement honte de leur en parler. Honte de mettre des mots sur ce qu’il se passait, sur le fait que mon mec ne me désirait pas sexuellement.

J’avais honte car les années passaient, et bien que je me sois persuadée qu’il était possible de vivre une histoire d’amour incroyable même si le sexe était médiocre, en pratique, cela ne me convenait pas du tout. Et je m’en voulais de continuer à penser au sexe et du coup à me remettre sempiternellement en question parce qu’il me répondait que c’était normal.

Un matin, la douleur était trop intense. Nous n’avions pas eu de relations sexuelles depuis 6 mois, alors qu’une fois de plus en apparence notre couple fonctionnait à merveille et nous venions de nous fiancer. Je l’aimais tant, si vous saviez.

Le sexe a été la raison de notre rupture
Priscilla Du Preez / Unsplash

Le manque de relations sexuelles, un problème qui nous a mené à la rupture

Mais ce matin-là, en me réveillant en pleurant pour la énième fois, j’ai compris que la souffrance psychologique avait pris une trop grande place. Je n’acceptais plus son explication, je ne la comprenais définitivement pas et l’impact sur moi était bien trop grave. Surtout, j’étais persuadée que cette situation ne pourrait jamais s’améliorer, alors ce matin-là, je savais malheureusement ce qu’il me restait à faire. Je l’ai quitté.

Sur l’instant, je l’ai vécu comme un soulagement, certainement car je me délestais d’un mal-être profond. Je n’ai pas attendu bien longtemps avant de retrouver une vie sexuelle active, voir hyperactive. J’avais physiquement besoin de combler un affreux manque. C’était animal, je voulais juste du sexe.

Ça a duré des années, pendant lesquelles je me suis convaincue que j’avais pris la bonne décision et que je vivais ma meilleure vie. Le simple fait d’être désirée me faisait un bien fou, et je pouvais assouvir tous ces fantasmes que je ne pouvais même pas évoquer avec lui. Je me suis amusée.

Et puis un matin, j’en ai eu marre de ces aventures sans lendemain. Et il m’a manqué profondément. J’ai alors repensé à nous et j’ai essayé de refaire l’histoire à l’envers, vous savez un peu comme dans le film Eternal sunshine of my spotless mind et j’ai alors été confrontée à la plus grosse erreur de mon existence : avoir quitté l’homme de ma vie !

Du sexe sans lendemain et une prise de conscience après la rupture

Je me suis rendue compte que pendant 6 ans j’avais été tellement ivre de sexe que j’en avais oublié à quel point il me manquait. Tous ces hommes qui me désiraient, qui voulaient toucher mon corps, m’avaient fait oublier à quel point lui m’avait aimée.

Il m’a manqué soudainement si fort que j’ai cru que la douleur allait me faire mourir. Devais-je le recontacter ? Oui, mais à quoi bon relancer une histoire sans soigner la plaie avant ! Je ne devais pas oublier que la raison de la rupture avait été sa position face au sexe et le fait que je n’arrive pas à l’accepter.

Et vu comme ça, à quoi bon le recontacter pour finalement se retrouver confrontés au même problème et souffrir de nouveau ? Si je n’avais pas trouvé la solution à l’époque, pourquoi la trouverai-je aujourd’hui ? Et en vérité, c’est en me repassant notre histoire que j’ai pris conscience des nombreuses erreurs que j’avais commises toutes ces années.

La maturité m’a aussi sûrement permis d’accepter pas mal de choses. Tout d’abord, j’ai pris en compte la possibilité qu’il soit asexuel et que tout ce qu’il me disait était valable. J’ai compris aussi que j’étais en partie responsable de ma souffrance, car à l’époque j’étais trop bornée pour le croire et que j’avais fini par me convaincre que je ne lui plaisais pas physiquement, que j’étais laide.

Rester avec cet homme et être infidèle ?

Mais aussi le fait de n’en avoir jamais parlé autour de moi, de ne pas m’être livrée, de ne pas avoir pris de conseils. Si ça se trouve, je me serais rendu compte que beaucoup de couples vivaient la même chose. Certes, tout ça était de mon fait, mais n’oublions pas qu’il y avait aussi un souci d’incompatibilité entre mon hypersexualité et son asexualité, alors comment aurais-je pu gérer cela ?

C’est là que ça se complique justement, et il n’y a pas de bonne réponse, mais juste des questionnements. Beaucoup d’amis, ainsi que mon père, m’avaient dit suite à notre rupture que j’aurais dû rester avec lui et avoir des amants à côté.

À l’époque, je trouvais cette remarque absolument déplacée et impensable, tromper l’homme que j’aimais plus que tout ? Mais quelle idée ! Pendant longtemps, j’ai eu une vision très sacrée de la fidélité, comme beaucoup de monde au final. Depuis quelques années, mon avis à changé et il a changé pour une bonne raison : j’ai perdu l’homme de ma vie pour avoir sacralisé la fidélité.

Aujourd’hui, je me demande réellement si ce n’était pas la solution. Ou si nous n’aurions pas pu explorer d’autres schémas de relations, comme le couple libre ou le polyamour.

Cela fait maintenant 8 ans que nous sommes séparés, et deux années qu’il me manque terriblement et que je n’arrive pas à me reconstruire. J’ai tenté de le recontacter bien évidemment, mais il a refait sa vie et je sais que je l’ai probablement perdu à tout jamais.

À lire aussi : Je suis asexuelle, et j’aimerais bien qu’on me foute la paix — Témoignage

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Les Commentaires

8
Avatar de Junejo
16 octobre 2022 à 18h10
Junejo
le fait est que même sans étude, le sens commun admet que la détérioration des relations sexuelles dans un couple pose question. Mon compagnon pensait que je le trompais, ce n'était pas le cas du tout. Même si la libido peut faire des montagnes russes, une relation épanouie qui devient plus de relation du tout interroge l'autre. Cela me semble normal.
D'ailleurs, en relisant l'article je me rend compte que je suis totalement dans la situation inverse : un compagnon avec une hyper activité sexuelle et moi, la banquise. Je ne sais si je le retiendrais longtemps d'ailleurs
Je pense que ça dépend de l'importance que revêt le sexe pour chaque personne du couple Ce n'est pas le cas pour l'ensemble des couples
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