Le Serpent aux Milles Coupures est le dernier roman en date de DOA (le prochain, écrit à quatre mains, sortira au premier trimestre 2011). Lors de notre rencontre, il m’avait raconté que la critique qui revenait le plus à propos du Serpent, c’est qu’il était trop court, les gens le comparant sans doute au beaucoup plus long, et plus dense, Citoyens Clandestins. Pourtant, même si j’ai moi-même dévoré ce Serpent en une soirée, je ne l’ai absolument pas trouvé trop court. Il est parfait comme ça.
Mauvais endroit, mauvais moment
Omar Petit a repris les vignes du père de Stéphanie, sa femme. Et ce n’est pas du goût de tout le monde. D’abord dans le coin, plus d’un lorgnait sur les terres du vieux Dupressoir, et puis Omar est noir. Où va le monde si les noirs deviennent viticulteurs ? Alors, depuis plusieurs années, le couple et leur petite fille subissent insultes, et coups bas, mais aussi des pertes matérielles, de la destruction de pieds de vignes à l’incendie volontaire. Mais ils gardent la tête haute, attendant des jours meilleurs. Et ça ne sera pas des gendarmes que viendra la moindre aide. Personne ne semble très disposé à les soutenir, de toute façon.
Ce soir, juste à côté de ses vignes, sans qu’Omar ne le sache ni ne le soupçonne, un rendez-vous doit avoir lieu. Un rendez-vous qui n’a rien à voir avec lui d’ailleurs. Dans une voiture, patientent le fils d’un baron de la drogue argentin, et deux acolytes. Ils attendent des italiens. Et autant te dire que le but de cette rencontre n’est pas très légal…
On dit souvent « mauvais endroit, mauvais moment ». On ne pourrait pas mieux dire de ce soir-là, pour la famille Petit, pour l’argentin et pour beaucoup d’autres encore. Parce qu’à côté de ce qui va suivre, les soucis d’Omar étaient presque supportables. C’est parti pour quelques jours de peur, de larmes, de sang, dans une succession d’évènements que personne n’aurait pu imaginer.
Personne à part DOA, qui livre ici un polar délicieux, qui se déguste comme un très bon vin.
L’auteur réussit une fois encore, par la force de son écriture, a me bluffer complètement. Il ne s’attache pas vraiment aux descriptions et encore moins aux atermoiements psychologiques de personnages. Pourtant, dès la première phrase, on se retrouve parachuté dans cette vigne, la nuit. On est juste derrière l’épaule des héros du bouquin, on entend leur respiration, on a peur en même temps qu’eux. Et puis DOA a un don pour faire naître des personnages vraiment géniaux. Comme dans Citoyens Clandestins, tous ceux dont nous allons croiser la route au fil des pages du Serpent aux Milles Coupures sont incroyablement humains et pourtant certains d’entre eux deviennent cultes dès leur apparition (dont un guest de taille, pour celles qui ont aimé Citoyens Clandestins).
Un excellent moment de lecture que je ne saurais que te conseiller vivement. Du genre à te garder quelques heures, scotchée à ses pages, en te demandant comment tout ça va bien pouvoir finir…
Source – Le serpent aux mille coupures
Les Commentaires
MAIS (il y a toujours un MAIS)
Je n'ai absolument pas accroché. C'est comme ça, hein: j'ai lu en plusieurs fois, je m'emmêlais les personnages..
Après, c'est vrai que ça vaut le coup de découvrir, même si, personnellement, l'histoire ne m'a pas parlée plus que ça..