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Une femme à chapeau et lunettes en train de tenir plusieurs sacs shopping dans ses mains // Source : Shotprime via Canva
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Le secteur de l’habillement a perdu 37 000 emplois en 10 ans, et tout le monde s’en fout

Fermetures de boutiques, licenciements, liquidation, et rachat bancal : l’hécatombe de la mode milieu de gamme à la française a entraîné 4000 suppressions de postes rien qu’en 2023, et ce ne serait encore que le début. Or, il s’agit surtout de femmes, souvent peu qualifiées, dispersées sur le territoire, ce qui complique les mobilisations, l’interpellation de politiques et même du grand public.

Camaïeu, Cop.Copine, San Marina, Kookaï… la mode milieu de gamme s’effondre lentement mais sûrement en France, pour de multiples raisons.

Mais ces entreprises qui font faillite entraînent dans leur chute la suppression de milliers d’emplois qui s’affairaient autrefois dans leurs points de vente physiques. Or, il s’agit de postes principalement occupées par des femmes, parfois peu qualifiées.

@madmoizellecom

Depuis quelques mois, c’est l’hécatombe pour les marques de mode en France. 👀 Mais concrètement, pourquoi la mode milieu de gamme s’effondre aujourd’hui en France ? #mode #fastfashion #fastfashionshouldend #actu #camaieu #sanmarina #ecologie #edutok #tiktokacademie

♬ son original – Madmoizelle

De 2013 à 2023, 37 000 postes du secteur de l’habillement ont disparu

Le Monde a fait les comptes de cette hécatombe qui s’intensifie d’année en année. En 2014, 1350 postes supprimés à La Redoute. En 2017, 141 magasins La Halle aux chaussures ferment, et entraînent 730 licenciements, et il en va de même pour Mim avec 162 fermetures et 791 licenciements. En 2018, Happychic (Jules, Brice, Bizzbee) ferme 88 boutiques, 466 licenciements. En 2019, C&A se restructure, ferme 14 boutiques, et supprime 115 emplois, et l’année suivante ferme 30 magasins supplémentaires, et 200 licenciements en plus. En 2020, La Halle ferme 454 magasins et supprime 1555 emplois, Celio en ferme 102 et supprime 383 postes. En 2021, Comptoir des Cotonniers est racheté et 200 emplois passent à la trappe.

Et les choses s’accélèrent depuis la pandémie : Camaïeu, c’est 2600 postes supprimés fin 2022 ; San Marina, 680 en février 2023 ; Kookaï, 150 fin 2023 ; Minelli, 392 en janvier 2024. Globalement, d’après l’Alliance du commerce, on parle d’au moins 4000 emplois disparus rien qu’en 2023, et 37 000 suppressions ces dix dernières années. Alors que plusieurs enseignes ne tiennent encore qu’à un fil, ces chiffres terrifiants risquent de s’alourdir de plus en plus vite.

Pourquoi la crise du secteur de l’habillement ne fait que commencer

En effet, le marché de l’habillement traditionnel perd en chiffre d’affaires, de plus en plus challengé par les mastodontes de l’ultra fast fashion comme Primark et Shein. Leur succès va de pair avec la baisse de niveau de vie des Français·e·s, avec les mères isolées et leurs enfants en première ligne, relève l’Insee. Tandis que les revenus des plus aisé·e·s, s’accentuent, bien sûr, creusant toujours plus ces violentes inégalités.

À lire aussi : Comment LVMH a échappé à une procédure en justice pour fraude fiscale

Le secteur de l’habillement paye aussi le prix de la multiplication de ses points de vente depuis les années 1980 jusque dans les années 2010, sans corrélation avec le pouvoir d’achat du grand public. L’Alliance du commerce résume cette absurdité avec des chiffres très parlant : « entre 2007 et 2013, les effectifs du commerce ont continué d’augmenter de 8 %, alors que la consommation des ménages chutait de 9 % ».

La force de travail de la mode : des femmes, dispersées et méprisées, ce qui complique les mobilisations

Il aura donc fallu attendre 2015 pour que les grandes enseignes cessent leur course à l’ouverture de nouvelles boutiques, et amorcent même leurs premiers plans de sauvegarde de l’emploi. Mais la pandémie de Covid et ses confinements ont accéléré la chute des plus fragiles, tandis que les Français·e·s s’adonnent de plus en plus à la seconde main, délaissant encore plus les enseignes traditionnelles. Beaucoup de ces dernières ont survécu aux confinements grâce à des prêts garantis par l’État (PGE). Mais elles peinent encore plus à s’en sortir aujourd’hui, avec l’inflation et l’explosion des prix de l’énergie qui grève encore plus le budget des Français·e·s. Et rend encore plus coûteuse l’exploitation de trop nombreuses boutiques physiques de plus en plus désertes. Qui a encore le temps, l’envie et le budget d’aller faire du lèche-vitrine quand on peut le faire en ligne, traquer les bonnes affaires, et comprendre en deux clics si l’on peut trouver sa taille ou non.

À lire aussi : Avec Balance ton Vinted, va-t-on enfin parler du harcèlement sexuel sur la plateforme de seconde main ?

Les fermetures de boutiques et les plans de sauvegarde de l’emploi s’enchaînent donc dans l’indifférence des politiques, voire du grand public. Car il ne s’agit pas d’une seule grosse usine où tous les salarié·e·s seraient réuni·e·s au même endroit, pouvant alarmer plus facilement l’opinion locale, et faciliter une mobilisation collective. Non, il s’agit d’une multitude de boutiques réparties dans toute la France, éclatant les possibilités de mobilisations. Et ce, d’une force de travail essentiellement féminine, peu qualifiée, et même souvent de mères de famille, parfois isolé·e·s, qui ont donc moins le temps et les moyens matériels de manifester pour leur sort. À cela s’ajoute peut-être aussi le stigmate de travailler dans la mode, un secteur largement méprisé par le grand public qui n’y voit que futilité et pollution.


Les Commentaires

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Avatar de Ciredutemps
2 février 2024 à 14h02
Ciredutemps
Je vois ça comme une évolution de la société ... On est dans l'hyper-consommation. Le nombre de boutiques d'habits est complètement absurde par rapport à nos besoins.
(Après si tous les achats en boutique se reportent sur des habits neufs de fast-fashion, ça craint).
@Anthony Vincent est-ce qu'on a des études d'ailleurs sur les habitudes de consommation d'habits des français? Est-ce que globalement, on achète moins en boutique mais on achète tout autant de neuf via internet? Ou est-ce qu'on achète moins globalement ou plus de seconde main? Ça serait aussi super intéressant de voir la répartition (je soupçonne qu'il y a des personnes qui sur-consomment la fast-fashion sur internet, du coup les achats de neuf -en volume- doivent être très importants, mais concentrés sur une partie de la population).
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