Ah, Internet. On y passe tellement notre vie qu’on pense tout savoir de lui, dans ses moindres recoins un peu sombres ! Quelle douce illusion, pourtant : car l’Internet, cette belle invention, est si vaste que l’on pourrait surfer sans fin et disserter dessus pendant des semaines sans avoir fait le tour des lolcats. (Quoi, comment ça, « l’Internet n’est pas fait que de lolcats » ? On m’aurait menti ?)
C’est nul.
Alors fatalement, en vous proposant un « Le saviez-vous » spécial Internet, qui en plus s’étend (surtout) au domaine de l’informatique en général, j’avoue me sentir un peu présomptueuse. Mais je ne désespère de vous apprendre quelques petits faits insolites… Quitte à revenir à la charge plus tard avec une nouvelle fournée. N’est-ce pas.
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Pour cette première édition, parlons déjà de l’arobase, votre amie de tous les jours que vous pensez si moderne, de langages de programmation exotiques, ou encore de bugs en tous genres, et on sera déjà bien.
L’arobase existerait depuis le VIe siècle
Écoutez, on n’en est pas sûr•e•s à 100%, mais il se pourrait bien que le signe @, que nous utilisons aujourd’hui dans nos adresses email ou pour mentionner quelqu’un sur les réseaux sociaux, ne soit pas aussi récent qu’on le pense. Il n’est pas né avec Internet, ça c’est certain. Mais des linguistes émettent même une hypothèse selon laquelle il se serait déjà affiché dans les manuscrits latins du VIe siècle.
Ce qui ne veut pas dire pour autant que le moines copistes s’envoyaient de photos de chats amusants par mail, hein. Calmons-nous. L’arobase, ou plutôt le signe @ puisqu’on ne l’appelait certainement pas ainsi, aurait alors été une ligature, soit la fusion de deux lettres consécutives formant la préposition latine « ad » (vers, chez, à). Si cela reste une hypothèse faute d’un nombre suffisant de documents pour l’étayer, il n’empêche que l’on retrouve le fameux signe quoi qu’il en soit au XIIe siècle. C’est déjà pas mal.
En ce qui concerne le nom « arobase », on fait en général un lien avec une unité de mesure (poids et volume) utilisée par les commerçants espagnols au XVIIe siècle : l’arroba. Avant de se faire détrôner par le système métrique, une arroba représentait l’équivalent de 11,5 kilos. De l’unité de mesure au symbole informatique, on peut dire qu’on a parcouru du chemin… Mais une autre théorie encore plus terre à terre part du principe que le mot « arobase » est une simple contraction de « a-rond-bas », pour désigner le « a » entouré d’un rond.
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Dans tous les cas, le symbole s’est maintenu comme marqueur logique à travers les siècles, jusqu’à être prononcé « at » (à, chez) pour la première fois en anglais au XIXe siècle. Introduisant un lieu ou une adresse, ce n’est que justice s’il a été repris dès les années 1970 pour désigner le serveur de votre adresse email. Et ça c’est beau.
Comment le ctrl + alt + suppr aurait pu ne jamais exister
Tout à fait, vous avez bien lu : la fameuse combinaison que vous avez dû taper un petit millier (ou presque) de fois sous Windows aurait pu ne jamais faire partie de votre vie ! Un frisson d’horreur vous échappe à cette idée, et ô comme je le comprends… Car qu’auraient donc été nos vies, sans ces crises de nerfs passées à appuyer frénétiquement sur ces trois touches pour redémarrer le PC récalcitrant qui ne daignait plus guère fonctionner !
Je vous rassure, en vrai, c’est la combinaison à trois touches qui a failli ne pas exister – pas la fonction. Enfin, les fonctions. C’est lors d’une conférence donnée à Harvard que Bill Gates a avoué n’avoir jamais voulu de ces trois touches. Lui, il n’en voulait qu’une seule, qui devait faire sortir l’ordinateur de sa veille en tout bien tout honneur ! Mais un ingénieur d’IBM, qui travaillait sur la conception des claviers, lui aurait dit « prout ». En substance.
L’ingénieur malotru s’appelait David Bradley, et en réalité, s’il a refusé cette fantaisie à Bill Gates, ce n’était pas pour les lui briser, mais bien parce que le design du clavier ne le permettait pas (et puis il faut savoir ce qu’on veut au bout d’un moment, hein, bon.)
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Notez que finalement, nous nous sommes très bien accommodé•e•s de ces trois commandes au lieu d’une. Et quelque part, la fonction ayant été par la suite étendue, avouez qu’un redémarrage par accident aurait été plus vite arrivé avec une seule touche…
Le « bug » informatique a d’abord été un (enfoiré d’) insecte
« Oh ben, oui tiens, c’est vrai : pourquoi est-ce lorsqu’un ordinateur plante, on appelle ça un « bug », alors que ça veut dire « insecte » en anglais ? D’où cela peut-il bien provenir ? On se demande, hein. Mais qui saura nous répondre, ohlala ? »
(Je vous en prie, faites un effort de candeur. J’ai un article à écrire, moi.)
Eh bien mes petits amis, notre histoire commence en 1947, avec une femme répondant au nom de Grace Hopper. Mais vous avez peut-être déjà entendu ce nom : la dame n’était pas seulement un officier supérieur de la marine américaine, mais également une mathématicienne et informaticienne de génie qui a fini par être à l’origine du premier compilateur et du langage informatique COBOL. Et comme si tout ça ne rendait pas déjà assez bien sur un CV, c’est aussi elle qui a implanté le terme de « bug informatique ».
Bref, reprenons. Le 9 septembre 1947, Grace Hopper était tranquillement en train de travailler sur un ordinateur Harvard Mark, quand soudain, pfout ! Un court-circuit ! (Non, je ne sais pas si un court-circuit fait « pfout » dans la vraie vie, mais faites un effort d’imagination, bon sang.) Fort marrie d’avoir perdu le travail qu’elle n’avait pas sauvegardé, ou pas parce que j’extrapole un brin, elle va pour inspecter les relais électriques de l’ordinateur… et découvre que c’est une vieille mite qui a provoqué l’incident en allant se coincer là-dedans.
Il faut savoir qu’à cette époque, les ancêtres de l’ordinateur, s’ils étaient déjà des prouesses de technologie, occupaient des salles entières et produisaient beaucoup de chaleur. Chaleur qui attirait ces saloperies d’insectes qui venaient se fiche n’importe où, et tout faire planter en faisant kamikaze !!
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Cet insecte-là, en revanche, s’il meurt comme les autres, passe à la postérité ce jour-là. Car Grace Hopper, qui avait pour manie de tenir un journal de bord très (un peu trop) précis, décide alors de récupérer la mite et de la scotcher dans son journal sous la mention « le tout premier bug ». Et vous connaissez la meilleure ? Elle y est encore. (La mite, pas Grace Hopper.)
Le « Lolcode » et autres langages de programmation exotiques
Connaissez-vous ce qu’on appelle des « langages de programmation exotique » ? Si non, restez encore un peu avec moi, parce que je vous assure que c’est aussi fou que fantastique. (Enfin, moi je trouve, mais après vous ferez ce que vous voulez.)
Un langage de programmation exotique n’a rien à voir avec les tropiques, et, au bout du compte, pas grand chose à voir avec un langage de programmation classique dans le sens où il n’a pas pour but d’être utile, ni même utilisable. Ou plutôt, disons que le but n’est pas de le rendre facile d’utilisation. Car le langage de programmation exotique a quelque chose de la composition de poèmes, en ce que ses créateurs le développent dans le seul but d’exercer leur créativité, de s’amuser, de passer le temps… Ou toujours un peu dans l’idée de troller un peu, au fond – mais avec génie.
Parmi les plus connus, il y a Malbolge, qui a pour particularité d’être extrêmement compliqué… Et surtout, il y a mon petit préféré, le Lolcode. Pourquoi mon préféré ? Oh, vous allez comprendre : parce qu’il s’inspire directement du « vocabulaire » propre aux lolcats. Oui. Tout un langage informatique. À base. De lolcats. Et ça ressemble à ça :
Allez me dire après ça que le génie est mort.
À bientôt pour de nouvelles anecdotes sur le monde de l’informatique et d’Internet ! (Si vous êtes sages et partagez assez de lolcats.)
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