Joel et Ethan Coen, surnommés dans le monde du cinéma « le réalisateur à deux têtes », vont devenir « le président à deux têtes » du 68ème Festival de Cannes. Habitués de la Croisette (ils ont reçu une Palme d’Or, trois Prix de la mise en scène et un Grand Prix du Jury), ils ont aujourd’hui les rênes du plus célèbre des Festivals de cinéma.
Pour parfaire votre culture cinématographique et vous la péter avec vos potes, voici quelques anecdotes sur ce Festival aux marches rouges, et sur les frères Coen en général !
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Les anecdotes sur les frères Coen
Barton Fink, un film qui rafle tous les prix
En 1991, le président du jury est Roman Polanski et Barton Fink des frères Coen est présenté au Festival de Cannes en sélection officielle.
Polanski, trouvant la sélection indigne, sauf le film des frères Coen, fait picoler les membres de son jury la veille du vote et les incite à voter pour cette œuvre. Le lendemain, le jour du vote du palmarès, le cinéaste polonais lance : « On ne revote pas, nous avons voté hier ! »… et remet la Palme d’Or, le prix de la mise en scène (Joel Coen) et le Prix d’interprétation masculine (John Turturro) à Barton Fink.
Plus biaisé encore : Roman Polanski était prêt à accorder TOUS les prix à ce film, mais Gilles Jacob, alors délégué général du Festival, l’a freiné dans sa folie mandataire. Depuis, le règlement stipule qu’il est interdit de donner un autre prix au film qui reçoit la Palme d’Or, à l’exception des deux prix d’interprétation !
O’Brother et son Man of Constant Sorrow
O’Brother, même s’il n’a pas reçu de prix quand il était sélectionné à Cannes en 2000 (faut dire qu’en lice pour la Palme d’Or, il y avait aussi Dancer in the dark de Lars Von Trier !), reste très intéressant. Il raconte à sa manière L’Odyssée d’Homère, son Ulysse étant joué par un Georges Clooney qui n’a rien à voir avec celui des pubs Nespresso !
La chanson Man of Constant Sorrow, véritable hymne du film, a une longue histoire. À l’origine composée par Dick Burnett en 1913 (d’la bonne country, si vous voulez mon avis !), elle a été reprise une trentaine de fois, et pas que par des inconnu•e•s sur YouTube, hein : Bob Dylan (1962), Rod Stewart (1969) et un petit groupe pas-trop-connu, les Rolling Stones (1972), s’y sont frottés !
Coen ou Jaynes ? Joel ou Ethan ?
De 1984 à 2004, soit pour onze films (un tous les deux ou trois ans), Joel Coen est crédité comme seul réalisateur. Ce n’est à partir de Ladykiller (2004) que le nom d’Ethan Coen apparaît à côté du sien. De plus, il faut savoir que les frères ont réalisé le montage de quasiment tous leurs films… mais en se créditant sous le nom de Roderick Jaynes !
Pour la petite anecdote, Joel Coen a commencé sa carrière comme monteur en 1981 sur le film devenu culte de Sam Raimi Evil Dead.
Les anecdotes sur le Festival de Cannes
Quel âge il a, le Festival ?
Le premier Festival de Cannes a lieu en 1946… Enfin, le premier festival officiel, car une première tentative a eu lieu en 1939. Louis Lumière avait accepté d’être le président et les dates étaient fixées : l’édition devait se dérouler du 1er au 20 septembre. Mais le 1er septembre 1939, Hitler envahit la Pologne, sonnant le début de la Seconde Guerre Mondiale et mettant immédiatement fin au festival qui commençait à peine.
Toujours là pour foutre la merde, ces nazis.
Ironie supplémentaire : le festival de 1939 avait germé en réaction à la Mostra de Venise qui, à l’époque, servait en partie d’outil de propagande aux gouvernements fascistes d’Italie et d’Allemagne. On peut donc dire que le Festival de Cannes a été une réponse au fascisme italien des années 30… Et bim, Mussolini !
Ces membres du jury qu’on attendait pas
Certaines éditions du festival ont accueilli des membres assez inattendus parmi leurs jurés. Voici une petite sélection de mes préférés !
- En 2012, Jean-Paul Gaultier, couturier (avec Nanni Moretti en président)
- En 1999, Barbara Hendricks, cantatrice (président : Cronenberg)
- En 1998, MC Solaar (avec Scorsese à la tête du jury, v’là le swag)
- En 1997, Patrick Dupond, danseur chorégraphe (Isabelle Adjani était présidente)
- En 1989, Renée Blanchar, étudiante en réalisation à la Fémis (président : Wim Wenders, petite pression tout de même)
- En 1986, Charles Aznavour (avec Sydney Pollack en président)
- En 1980, c’est le président qu’on attendait pas : à l’origine, celui choisi par la commission du Festival était Douglas Sirk, mais à cause d’une erreur de transmission d’information, ce fut Kirk Douglas qui accéda à cet immense honneur !
Pauvre Dougie :(
Des invité•e•s pas très aimé•e•s par les photographes
Le premier acteur à déclencher une grève des photographes des marches du Palais est Paul Newman. En 1975, il est invité à Cannes pour le Festival et, après un voyage pénible, il refuse de poser pour les photographes. Le soir, lors de la célèbre montée des marches, tous les journalistes déposent leur appareil à leurs pieds en signe de protestation. Paul Newman avoue plus tard que c’est « la plus grande leçon de sa vie ».
Isabelle Adjani, en 1983, lors de la projection de L’été meurtrier, subira le même sort. À force d’essayer d’échapper aux photographes, l’actrice a fini par en subir les conséquences… Elle est huée pendant sa montée des marches, car elle a refusé de poser pendant le photocall et de se rendre à la conférence de presse de son film. Une fois au milieu du tapis rouge, elle se retrouve dans une situation cocasse : face à des paparazzis qui lui tournent tous le dos, leurs appareils posés au sol !
C’est quoi ces manières, Isa ?
Adjani la fauteuse de troubles
Les péripéties de cette chère Isabelle à Cannes ne s’arrêtent pas là. Elle accepte d’être Présidente pour le cinquantième anniversaire, en 1997, sous réserve de participer à l’élaboration du jury. Les ennuis commencent…
Adjani inspecte à la loupe les noms proposés, en écarte certains, en suggère d’autres, jamais disponibles. Elle s’entoure finalement de Tim Burton, Paul Auster, Luc Bondy, Patrick Dupond, Michael Ondaatje, Gong Li, Mira Sorvino, Mike Leigh et Nanni Moretti. Elle regrettera particulièrement ce dernier choix.
Elle exige que tout le jury visionne les films ensemble, à la séance de 8h30 du matin, puis enchaîne avec celle de 11h. Et fasse le point dans la foulée. C’est déjà un peu contraignant, mais ça ne va pas s’arranger !
Adjani demande ensuite à son jury de prendre le petit-déjeuner avec elle à 7h45 et impose même son régime à base de radis, poivrons grillés et protéines… Au moment de la délibération, elle s’est évidemment mis ses collaborateurs à dos. Nanni Moretti complote pour imposer ses vues et se fait traiter de « Machiavel » ; Mike Leigh lui lance pique sur pique et écope du surnom de « nain de jardin » !
Tarantino a du répondant
En 1994, Quentin Tarantino présente Pulp Fiction en compétition officielle et remporte la Palme d’Or. Rien d’étonnant, me direz-vous : ce film est aujourd’hui cultissime. Mais à l’époque, son cinéma ne faisaient pas l’unanimité… Si bien que lorsque le réalisateur est monté sur scène pour recevoir sa Palme, ce jour de clôture du 47ème festival de Cannes, une dame dans l’assistance a hurlé « Quelle daube, mais quelle daube ! ».
Avec sa légendaire condescendance, Tarantino a gratifié cette madame d’un beau doigt d’honneur, provoquant des rires euphoriques dans le public.
À lire aussi : Comment j’ai assisté à la projection de Pulp Fiction au Festival de Cannes 2014
Un Palais digne de ce nom
D’une superficie de 35 000 m², le Palais des Festivals cache bien son jeu. Si on peut voir de l’extérieur les nombreuses terrasses, la discothèque et le casino, sans oublier ces deux escaliers au tapis rouge, il faut savoir que de nombreux trésors se cachent sous ces tonnes de béton !
Composé de 18 auditoriums dont l’Auditorium Louis Lumière (2309 places) et le Théâtre Debussy (1068 places), de nombreux salons et salles d’exposition, le Palais possède aussi des merveilles en sous-sols, qui descendent jusqu’au niveau -5, lequel fait réellement penser à un film d’horreur.
Dans les étages, on trouve les bureaux, mais aussi les cabines de projection. Ce qui est amusant, c’est la manière d’accéder à la cabine de l’Auditorium Louis Lumière : il faut passer par ce que les techniciens du Palais appellent « le couloir de la mort », un passage d’une soixantaine de centimètres de large et pas plus d’un mètre soixante de haut, avec des tuyaux de partout, comme dans une usine ! Le plus drôle, c’est de le traverser en courant, car la réverbération du son donne un côté « film d’horreur » à l’ambiance.
Fait plus connu, le célèbre tapis rouge n’est pas unique, puisque ses soixante mètres recouvrant les marches sont changés trois fois par jour pendant 10 jours.
Une seule femme palmée
En 68 ans de festival de Cannes, une seule femme a reçu la prestigieuse Palme d’Or. La parité peut toujours se gratter.
Il s’agit de Jane Campion, primée pour La leçon de piano en 1993. Cette grande réalisatrice a été de nouveau récompensée en devenant en 2014 présidente du jury de la sélection officielle du Festival de Cannes.
Jane Campion est une femme de cinéma, qui aime écrire sur la société et son rapport à la féminité : « Mes films sont des réactions à l’obsession de la société pour la normalité, sa propension à exclure les déviants », a-t-elle déclaré. Elle est également passionnée de littérature anglo-saxonne romantique, avec une prédilection pour Emily Brontë et Emily Dickinson, ou encore Virginia Woolf.
- Le site PalaisDesFestivals
- Une compilation d’anecdotes signée ARTE
- Le livre La vie passera comme un rêve de Gilles Jacob
- Et ma propre expérience au Festival de Cannes !
Pour en savoir plus sur le Festival, jetez donc un œil à la chouette web-série Inside Cannes !
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