Après notre Le saviez-vous ? #3, voici une édition un peu spéciale de la rubrique : sur le thème de l’Enfance (notre dossier mensuel), voici une série de 10 types de connaissances qui nous ont longtemps fait défaut, à l’époque où nos cervelles de mioches n’envisageaient le monde qu’à travers une imagination débordante. Compilation de « ce que vous avez longtemps cru », jusqu’au jour où un adulte « vous a dit ».
Papier inspiré du sujet « Quand j’étais petite, je croyais que… » ingénieusement lancé par Bleuenn sur le forum.
Le saviez-vous ? Quand j’étais petite je rêvais de pouvoir porter des talons, maintenant que j’ai le droit je préfère porter des méduses. Bonne soirée !
1. RÈGLES, GROSSESSE ET PROCRÉATION : ON AVAIT TOUT FAUX
Les bébé sortaient par l’anus. Quoi, non, arrêtez, ne me dites pas que j’étais la seule à croire ça ? Cette voie de sortie me semblait être la plus logique : si l’on fait caca les aliments stockés dans notre estomac, pourquoi ne pas réserver le même sort au bébé qui a squatté 9 mois dans le ventre de Maman ?
Pareil pour l’expression « perdre les eaux ». Entre nous, cette expression m’a toujours laissé sans voix. Est-il question d’un barrage similaire à ceux construits par les castors au Canada, un truc à rompre pour laisser des litres et des litres d’eau s’écouler ? À moins que l’expression ne soit « perdre les os », comme le pensait Julina, auquel cas, désolé, mais c’est encore plus dégueulasse.
Et les règles ? Takenaback pensait qu’il s’agissait de règles en plastique (coucou, j’ai une grande Maped dans ma culotte !) Et Winter River était persuadée que « les filles décidaient elles-mêmes quand elles étaient prêtes et qu’elle rédigeaient une liste de choses auxquelles elles devaient se tenir.. les ‘règles’, quoi ». C’est vrai que « règles » est un mot bien autoritaire pour une si petite chose qu’est l’écoulement d’un peu de sang (oh les mecs qui font la moue, arrêtez ho, ALLO on est en 2011).
Bref, on dirait qu’en matière de maternité, tout est une succession d’effroyables accidents : on TOMBE enceinte, on PERD les eaux. Et en plus, on n’a pas des ovaires mais des « os verts », comme le croyait dur comme fer Bataza. Je soupçonne la langue française de nous avoir glissé des messages subliminaux pour nous dissuader de la reproduction humaine.
2. LE PASSÉ, CE TRUC CHELOU ET INCOMPRÉHENSIBLE DE L’ESPACE-TEMPS
On le disait dans un précédent article : le truc cool avec l’enfance, c’est que la temporalité ne s’envisage qu’en terme de dodo. Une semaine, 7 dodo, 1 journée piscine (lundi), 1 journée où c’est Papa qui sort plus tôt du travail (mardi) 1 journée des enfants (mercredi) et 1 journée des grands-parents (dimanche), c’est déjà ÉNORME.
Dans tout ça, le passé c’est un truc loin loin loin derrière nous et impossible à comprendre. D’ailleurs, la vie avant, à l’image de la télé, c’était en noir et blanc, non ? se demandait Bleuenn.
Et Rapsberry de penser qu’avant ses grands-parents, y’avait les dinosaures. Mamie, dans ta rue avant, y’avait des diplodocus ?
3. QUELQUES MALENTENDUS À L’ÉCOLE
« Le photocopillage tue le livre », moi je le prenais au pied de la lettre : je pensais que si l’on se risquait à photocopier une page de Ratus et ses amis, le livre se désintégrerait et que je me ferai défoncer par la bibliothécaire.
Jullian croyait que si l’on ratait son baccalauréat, il fallait reprendre toute sa scolarité à zéro. Quelque chose me dit que les gosses d’aujourd’hui, grâce au check-point à la fin de chaque niveau des jeux vidéo, doivent bien se douter que c’est la même chose avec l’école (j’ai des actions chez Nintendo et Sony Computer Entertainment, c’est pour ça que je dis ça, allez pas croire).
Oh, et pour Foxey, la maîtresse (la mienne avait une tête de bêche, alors c’est raccord) ne faisait pas « l’appel » mais « la pelle ». La fameuse, celle que l’on se roule en 4e dans la cour de récré. Avant de se manger des râteaux en seconde. Vous me suivez ? L’herbe est toujours plus verte ailleurs, pierre qui roule n’amasse pas mousse, et consorts.
4. LE CHANTEUR QUI CHANTE EN LIVE ET VA BIENTÔT MOURIR
Je croyais que lorsqu’à la télé, on entendait dans une publicité, « le dernier album de », ça voulait dire que l’artiste en question allait mourir juste après et ne plus jamais chanter. Aujourd’hui, quand j’entends « le dernier album de Lorie » à la radio du supermarché, j’avoue que ça m’arrangerait bien que ça marche vraiment (Dieu, si tu existes, c’est le moment). C’est p’têt pour ça que maintenant ils disent « le nouvel album de » : c’est pour ne plus décevoir les enfants.
Et Swoop pensait qu’à la radio, quand on entendait une chanson, c’est vraiment le chanteur qui se déplaçait pour aller la chanter en direct à l’antenne. C’est absolument touchant.
5. L’ARGENT À VOLONTÉ
Quand Maman refusait de m’acheter un énième jouet, je lui rétorquais « paye en chèque, c’est gratuit ! ». Je n’arrivais pas à me figurer qu’un rectangle de papier signé pouvait vraiment, quelque part et via une banque, te débiter de l’argent pour de vrai. Maman, tu comprends aujourd’hui pourquoi j’avais un comportement de pourrie gâtée. C’était pas pour te creuser un interdit bancaire et te mettre à la rue. Rien à voir avec le fait que je voulais me marier avec Papa, je te jure.
Dans le même registre, Sky Doll pensait que les distributeurs automatiques offraient généreusement des billets de 100 francs. Maintenant que c’est les soldes et que la tendance du mois est à la surconsommation, ça m’arrangerait bien. Mais à la place, je lis plutôt les conseils de Jack.
À ce propos, Season, très imaginative, avait sa propre lecture des logos de sécurité inscrits sur les jouets : « je croyais que le logo « dès 3 ans » (sur lequel on voit un bébé qui pleure barré) voulait dire qu’il ne fallait pas acheter ce jouet si l’enfant le réclamait en pleurnichant. C’est vrai que je voulais toujours qu’on m’achète tout. Du coup, j’étais toute gentille quand je voulais des jouets« . Oh, la malicieuse.
6. ON ÉTAIT DES POÈTES
Les enfants ont les oreilles que les poètes, amateurs de jeux de mots et rappeurs rêveraient de retrouver.
Ainsi, pour Nevada, dans la chanson « il est né le divin enfant », les paroles étaient « il est né le 18 novembre ». Pour Lilie-Rose, on ne parlait pas de bouc émissaire mais de « bouquet misère » (le mec à qui on ne lance jamais de roses et à qui on ne fait jamais de fleurs, en somme). Pour Docteur Jekyll, la droguerie était l’endroit où l’on pouvait acheter de la drogue (toujours plus pratique qu’une sortie de RER B, vous en conviendrez). Et pour Kriket, le cœur humain avait vraiment une forme de cœur ?. Les filles, c’est trop beau ce que vous dites, venez on monte un groupe et on l’appelle « le cercle des poètes disparus » . J’aime bien ce nom, c’est original et ça sonne bien.
7. L’HISTOIRE AVEC UN GRAND H
Quand on était gosse, l’histoire n’était pas l’Histoire mais DES histoires. MissMM pensait que la bande de Gaza faisait référence aux potes d’un mec appelé Gaza. Pour Loki., « les talibans » renvoyaient à « l’État Liban ». Oh, et pour Cent-scrupules, les guerrieros étaient des guerriers habillés en rose (j’aime à croire que c’était aussi le cas de Louis Chédid, et que du coup, il s’en est inspiré).
Tout ça me donne envie d’écrire le pitch d’un dessin animé historique cool qui passerait sur France 3 (tadaaaam, Gaza et ses potes sont arrivés, et puis ils ont vus les guerriers roses, heureusement l’État Liban n’était pas loin et puis blablabla et soudainement quelqu’un demanda à Charles de se dépêcher, en criant « Chaaaarles, magne ! »).
8. ON RENOMMAIT LES CÉLÉBRITÉS À NOTRE FAÇON
Pour le copain de Néroli, Jean Tibéri c’était Gentil Béri (alors qu’en fait, il est à l’UMP, il est méchant). Bleuenn pensait que Gloria Estefan renvoyait à Gloria ET Stéphane (mais où est Stéphane ?) et que Yasser Arafat, c’était Yassera Rafat (sexy). Oh, et June. croyait que Karl Lagerfeld était une meuf : Carla Gerfeld, donc. Ce qui, en y réfléchissant, n’est pas trop pas mal visé, puisque le mec est gay.
9. LA NATURE, CETTE BELLE MYSTÉRIEUSE
« Quand j’étais petite je pensais que lorsque l’on mangeait des haricots verts, les graines allaient pousser dans l’estomac » , explique CocoAzurii. On observe cette peur de façon assez récurrente chez les enfants, avec des variantes pour les noyaux des cerises et les pépins des pommes et des poires.
Sinon, mistouflette était persuadée que les orques étaient en plastique (« même après en avoir vues en vrai« , explique t-elle – comme quoi, quand on est gosse, on n’en démord pas) (ça me fait penser au fait que j’étais persuadée qu’un de mes oncles était en réalité une femme. Pas qu’il soit efféminé ou quoi hein, c’est juste qu’un jour il racontait à table que lors d’un voyage en Écosse il a porté une jupe pour tester la tradition locale, et tout le monde avait trouvé ça drôle, sauf moi qui, d’un air grave, étais persuadée d’avoir compris que c’était un message caché pour dévoiler qu’il avait pas même pas de zizi).
Sinon, Zen-alia croyait que les nuages étaient fabriqués par les usines. Depuis qu’elle a découvert la vérité, elle milite pour Europe Écologie (non c’est pas vrai hein – enfin on n’en sait rien, faudrait lui demander).
Ah, et selon Pavlova, les radis poussaient directement en botte. Ça arrangerait bien les agriculteurs que la nature soit plus coopérative, c’est vrai.
10. CRÉDULITÉ MAXIMUM
Le principal truc qui nous manquait quand on était gosse, c’est l’expérience suffisante pour ne pas tomber dans le panneau à chaque fois. Tu m’étonnes que les adultes se bidonnaient après, en racontant nos conneries à table à leurs potes, l’air de dire « ahaha ma fille est TROP CONNE, tu sais ce qu’elle a encore gobé la dernière fois ? » Sérieusement, les adultes ? Allez tous mourir.
Aussi, quand le papa de San Francisco. lui a dit que les cheveux des Barbie étaient ceux des petites filles pas sages, elle y a cru (auquel cas, je répondrais : bah les filles pas sages, en général elles sont blondes, alors).
Allez, maintenant on peut souffler un bon coup, a priori on est moins crédules qu’avant. Et dans quelques années, on fera tous des enfants, au moins pour pouvoir se fendre la poire sur leurs croyances d’allumés du ciboulot sous champignon.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Sinon, je veux bien rejoindre le cercle des poètes, là.
A 12 ans, assez tardive la meuf, j'ai déformé les paroles de "69, Année Erotique" de Serge G. et Jane B.
En effet. Je disais "ça sent l'oeuf, année érotique". Visiblement, j'étais encore innocente.