Si tu es un peu larguée dans le monde merveilleux des fashionistas une fois que tu as évoqué ta passion pour les dernières tendances H&M et les blogueuses qui achètent des appareils photos, voilà le remède qu’il te faut. Un peu d’histoire de la mode et de culture de la sape, ça fait pas de mal au porte-feuille, mais ça fait du bien à ta street-crédibilité.
1. La première petite culotte a reçu un prix important (et quand je dis prix, je parle de récompense, pas de shopping).
Ne commencez pas à dormir, c’est que le début !
Ta petite culotte telle que tu la connais aujourd’hui est née en 1918 et a reçu en 1937 le diplôme de Grand Prix à l’Exposition internationale de Paris. L’inventeur de ce carton s’appelle Etienne Valton, et c’est aussi le créateur de Petit Bateau. Avant lui, les « culottes » des femmes étaient des caleçons longs : Etienne s’est contenté de leur couper les jambes, et ça a fait une mini-révolution. Avoue que le confort de ton fessier, ça vaut bien tous les Oscars du monde. D’ailleurs le gus aimait bien les histoires de jambes, puisque ce serait en entendant son fiston chanter « Maman les p’tits bateaux ont-ils… » qu’il aurait eu l’idée du nom de sa marque.
2. »Demain j’ai pyjama-party dans la Creuse avec Jean-Rachid, faut que j’aille en friperie me dégotter des pantoufles vintage des années 80 ! » Cette phrase est fausse.
Grosse déception dans le code des victimes de la mode et gros abus de langage : le terme vintage aurait d’abord été employé pour qualifier des millésimes anciens de référence pour le vin, et s‘applique aux fringues fabriquées… avant 1980. Bref, si toi plus moi, plus les hipsters, plus tous ceux qui le veulent parlons de vintage pour désigner les sapes qu’on déniche en fripe sans vérifier leur date, nous avons tout faux. Petit exemple pour clarifier le barda : ta mère est vintage, ta cousine née en 1980, elle, est juste une meuf qui était déjà vieille quand Bob l’éponge a débarqué pour récurer la télé. Tu l’aimes quand même, c’est l’essentiel.
3. Zazou n’est pas le nom de l’oiseau pénible dans Le Roi Lion.
Et oui. Le blaze du piaf qui cause aux lions s’écrit Zazu. Les Zazous, c’est un courant de mode masculine des années 1940. Leur nom viendrait de la chanson Zaz Zuh Zaz, de Cab Calloway, un chanteur de jazz américain. Les Zazous étaient des rebelles de la sape, qui portaient des vêtements longs alors que le tissu était rationné pour la guerre, et les tifs savamment décoiffés. Ils avaient aussi la semelle de godasse épaisse et une veste en tricot sans revers. Ces jeunes amateurs de jazz se réunissaient dans les cafés pour refaire le monde et enquiquiner le régime de Vichy sous l’Occupation, qui publiait des masses d’articles contre eux.
4. En 1893, on avait prédit la mode du XXème siècle.
Oh, les jolies jupes des nineties !
Je ne sais pas quel genre de voyants avaient les gonzs du XIXème ni quel genre de substance plus extatique que le Nutella ils consommaient. Toujours est-il que dans
The Strand Magazine, une publication de juin 1893, un certain W. Cade Gall avait illustré toutes les tendances de mode pour les cent ans à venir, c’est-à-dire jusqu’à 1993. Le magazine prévoyait même des « ondes » de choc pour les changements de mode. Évidemment, si tu considères ces images aujourd’hui, ils étaient complètement à côté de la plaque en ce qui concerne les années 1990, mais ça devait être dur de prévoir l’arrivée des Spice Girls.
5. Théoriquement, en France, tu devrais te présenter au poste chaque fois que tu enfiles un pantalon.
Ça serait sympa les cabines d’essayage dans les commissariats, tiens. Une loi du 17 novembre 1800 (le 26 brumaire an IX) dit que « toute femme désirant s’habiller en homme doit se présenter à la préfecture de police pour en obtenir l’autorisation ». Heureusement pour ton fessier, elle n’est plus appliquée, mais elle n’a jamais disparu des textes officiels. Deux circulaires de 1892 et 1909 ont juste permis qu’une meuf porte un fute si elle « tient par la main un guidon de bicyclette ou les rênes d’un cheval », ce qui n’est pas tout à fait techniquement concevable à la caisse du Monop. Pourtant, un paquet de gens ont tenté de faire abroger cette loi : les dernières en date sont Ni Putes ni Soumises, qui l’avaient demandé aux candidats avant l’élection présidentielle d’avril 2012.
6. Le short bloomer tire son blaze de celui d’une féministe.
Amelia Jenks Bloomer était une avocate et féministe américaine du XIXème siècle, qui trouvait que la robe longue pour faire du vélo, c’était aussi pratique que de cuisiner avec des gants de boxe. Elle aurait alors adopté le pantalon bouffant et serré à la taille, vachement plus confortable, et les gens auraient vite identifié la sape au nom de sa porteuse. Mais l’époque, le monde n’était pas prêt pour la révolution du booty-booty, et il a fallu attendre 1945 pour que le bloomer refasse surface pour désigner les culottes bouffantes pour enfant. Aujourd’hui le terme s’applique plutôt à un short bouffant resserré en haut des cuisses.
7. A la cour de Napoléon, tu auras été obligée de porter de la soie. Même si de toutes les matières, c’est la ouate que tu préfères.
Tout ça, comme le chantait Abba, c’est de la faute de « Money money money ». A la fin du XVIIIème siècle, la mode en France était aux sapes de coton. C’était cool, c’était léger, mais ça faisait beaucoup de tort à l’industrie textile française, notamment à Lyon qui était connue pour fabriquer des soieries de dingos. Pour relancer l’économie qui se cassait la binette, Napoléon a pris un décret impérial qui imposait aux femmes et aux hommes de porter des fringues en soie pour les cérémonies officielles, et les encourageait fortement à faire pareil tous les jours à la Cour.
8. Au Togo, les journalistes jouent les mannequins de défilé.
Mais ça n’est arrivé qu’une fois pour l’instant à Lomé, fin mai 2012 ! L’événement, qui a eu lieu pour la Journée internationale de la liberté de la presse, a été baptisé « le T des médias » et avait pour but de montrer que la presse togolaise est libre et fait de l’information « vraie ». Seuls étaient autorisés à poser leurs petons sur le podium les journalistes professionnels. Les modèles ont été pondus par 7 jeunes stylistes togolais, qui se sont inspirés du quotidien vestimentaire des journaleux dans les rédactions et sur les plateaux télé.
9. Pendant la Renaissance, la mode était aux « crevés ». Et il n’y avait pas encore de pneus.
Pas de panique Monique, personne n’est décédé pendant la rédaction de cet article. A la Renaissance, les « crevés » désignaient des longues ouvertures ou des fentes, qui étaient faites dans l’étoffe d’une fringue pour laisser apparaître la chemise ou une doublure de couleur en-dessous. C’était un peu la mode des jeans déchirés et du soutif apparent sous chemise transparente avant l’heure (non, non, j’exagère pas du tout), le principe étant de laisser le dessus open pour qu’on puisse voir le dessous.
10. La Beatles Boots n’a pas été inventée par les Beatles.
All you need is boots
Bon, ça tu t’en doutais sûrement, c’est pas parce que Stella McCartney est une styliste famous que son Paul de papa était aussi doué des ciseaux. Dans les années 1960, les quatre scarabées auraient aperçu la bottine dans la boutique du chausseur Anello & Davide à Londres, qui existe encore aujourd’hui. Ils ont alors adopté ce spécimen cubain à talonnette, ce qui a bien évidemment fait une maxi-pub à la marque, qui était à la base spécialisée dans la chaussure de spectacle.
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos newsletters ! Abonnez-vous gratuitement sur cette page.
Les Commentaires
Il n'y a pas encore de commentaire sur cet article.