Quand on parle dessins animés, il nous vient tout de suite à l’esprit des idées telles que "Il était une fois", Disney ou encore galochage langoureux entre prince et princesse. Mais surtout, lorsqu’on parle dessins animés, on pense à enfance. Oui, parce qu’à la base, la plupart des dessins animés sont destinés aux enfants. Mais il existe certains dessins animés qu’un enfant comprendra aisément, mais qu’un adulte verra d’un tout autre œil. Je pense particulièrement au japonais Hayao Miyazaki (Kiki la petite sorcière, Princesse Mononoké, Le Voyage de Chihiro…) qui arrive à donner une certaine légèreté à ses films, tout en y plaçant des sujets sérieux tels que la guerre, l’écologie ou le féminisme.
Si je devais parler d’un film d’enfance, un seul… Et Dieu sait qu’il y’en a ! Mon lecteur de VHS (oui oui, la boîte noire rectangle avec une bande dedans comme on en fait plus d’nos jours) était mon unique ami. Moi, pauvre petite fille sans défense, passant mes étés dans la réplique exacte de l’Overlook (cf. Shining) sans les petites filles en bleu et heureusement. Ah non ? J’suis pas là pour raconter ma vie ? Soit. Bande de rabas-joie.
Je disais donc. Un film qui a marqué ma jeunesse. Un beau film. Empli de poésie. Qui me faisait un peu peur mais que j’adorais néanmoins regarder, toute collée contre ma sœur. Un film qui me tiendrait à cœur… Oui, ça serait Le Roi et L’Oiseau.
Au commencement…
Ce dessin animé, créé par Paul Grimault, est tiré du conte d’Hans Christian Andersen, La Bergère et le Ramoneur. Oui, encore lui ! Celle du fond, oui oui toi là-bas, qui ne le connaîtrais pas, on doit à cet auteur danois des histoires comme La petite sirène, Le vilain petit canard ou encore La petite fille aux allumettes. C’est bon, t’as recentré le bonhomme?
Il sort une première fois en 1953, sous le titre que lui avait donné Mr. Andersen. C’est en 1966 que Grimault acquiert les droits d’auteur, redessine les scènes, en crée de nouvelles et les remonte entièrement pour donner alors Le Roi et l’Oiseau. Le film sort le 19 mars 1980 et récolte 1,7 millions d’entrées. Rien que ça !
© Gebeka Films
Et ca raconte quoi tout ca ?
Le roi et tyran Charles V + III = VIII + VIII = XVI (Charles Cinq et Trois font Huit et Huit font Seize) gouverne le Royaume de Takicardie (oui oui, comme la tachycardie mais sauf que ça s’écrit pas pareil. Ah parce que tu croyais que ça existait ? Naïve). Il est amoureux d’une petite bergère. Mais le cœur de celle-ci est déjà pris par un petit ramoneur « de rien du tout ». Le petit couple, sorti des tableaux présents chez le Roi, s’enfuie pour vivre son amour. Le Roi, qui avait également un tableau de lui, se voit voler sa place par « son double ». Un oiseau aide les deux tourtereaux à s’enfuir, mais ceux-ci sont poursuivis par la Police que le Roi a lancé à leurs trousses.
Oui, dit comme ça, avec ces histoires de tableaux, c’est un peu incompréhensible. Mais tu verras que tout s’éclaire lors du visionnage.
Et puis oui, ça parait tout simplet aussi. Un mec qui veut fracasser la tronche d’un autre parce que sa donzelle n’est pas amoureuse de lui, c’est vu et revu. Mais là c’est différent.
Le film raconte donc cette escapade amoureuse avec une poésie sans pareille. Difficile de décrire avec des mots les images que Paul Grimault a mises sous nos yeux.
Les textes de Jacques Prévert (décédé en 1977, juste avant la sortie du film) reprennent souvent des thèmes aimés par celui-ci, tels que l’amour et la liberté. Mais le film montre également des allusions au nazisme, par exemple.
Beaucoup d’objets d’arts prennent vie pour renforcer le côté poétique du film.
La musique du polonais Wojciech Kilar a également un rôle primordial. Certains morceaux sont très forts et me remettent encore en mémoire mes souvenirs d’enfants. Je me rappelle particulièrement de la scène où le ramoneur, alors esclave du Roi, effectue des travaux à la chaîne (scène faisant référence aux Temps Modernes de Charles Chaplin). J’entends encore ces notes de musique très fortes, dures et même carrées.
J’ai longtemps eu peur de ce grand robot commandé par le Roi. Je garde en tête la sublime scène finale. Je ne dévoile rien, afin que tu y goutes toi-même. Et puis, l’explication de cette scène serai incohérente sortie du contexte du film. Néanmoins, elle représente tellement de choses, comme la liberté, l’amitié ou encore la différence entre les deux derniers protagonistes. Elle sera d’ailleurs la dernière scène sur laquelle Grimault et Prévert ont travaillé ensemble. Ce dernier était déjà hospitalisé à cette époque.
On peut aussi rajouter qu’Hayao Miyazaki s’est inspiré de ce film pour créer son Château dans le ciel…
Je le disais donc, un tel film s’explique difficilement par des mots. Il se savoure. Il se déguste lentement. Il se revisionne encore et encore. Pour goûter pleinement à la qualité des images, des personnages et la finesse des traits. Les moindres détails sont soignés, jusqu’à la petite goutte qui reste au fond d’un verre après que le Roi y ait bu.
Merci Messieurs Grimault et Prévert pour avoir laissé tant de poésie dans mes yeux d’enfant.
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