Pourquoi continuer de s’intéresser à Koh-Lanta sans Freddy ? On se pose la question, et on a le temps de se la poser, pendant que s’enchaînent résumé, laïus de Denis, prégénérique, générique, post-générique. Il est déjà neuf heures vingt et je me souviens d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître où la soirée commençait à vingt heures cinquante.
Le deuxième épisode démarre ensuite en expliquant à quelle sauce ont été cuisinés Ugo et Karima, les sortants de la semaine dernière qu’on avait laissé devant un panneau « À vous de choisir ».
Celui-ci leur propose d’aller à gauche ou à droite, et il est inspiré d’un twist américain. La règle est simple : chaque sortant découvre qu’il peut rentrer à la maison ou aller sur une autre île, s’ennuyer à mort, se faire engueuler par ceux qui sont là depuis le début et un ou deux d’entre eux seulement auront une chance de réintégrer le jeu à des stades-clé de l’aventure (comprendre : la réunification).
Une nouveauté qui peut donner des résultats zinzins : si les bonnes conditions sont réunies, tout le casting peut se retrouver dans le jury, et certains peuvent voter pour un ou une gagnante avec qui ils n’ont pas échangé un mot. Ou, au contraire, on peut être biaisé car on a tissé des relations sur ce petit jeu parallèle. Mais devrait-on gagner quand on a été sorti une fois ? C’est une question qui fait régulièrement trembler les puristes.
Ugo et Karima sont donc confrontés au même petit « dilemme » et entament le Concours De Celui Ou Celle Qui Fera Semblant Le Plus Longtemps De Prendre Une Décision, car soyez assurés que 0% des candidats, devant une caméra allumée, diront « non ». Je vous laisse proposer des gages si l’avenir me donne tort.
Ils intègrent donc l’Îles des Bannis, où ils attendront les suivants, puis feront un petit jeu pour savoir qui reste et qui part. Donc ça a les atours d’un twist, mais c’est en fait Tout le monde veut prendre sa place, déjà adaptée dans Le Combat des Héros, la deuxième saison remportée par Clémence (C’EST UN SIGNE). C’est présenté comme si c’était du jamais-vu, personne ne comprend rien, et de toute façon on n’y reviendra pas de la soirée. On espère juste voir l’accueil de la Maire des Bannis à chaque fois.
Comment virer quatre aventuriers de Koh-Lanta en très peu de temps ?
Il n’y a toujours pas d’équipes pour ce deuxième épisode, ce qui est une manière plutôt élégante de virer quatre aventuriers en très peu de temps : avec 20 têtes de pipes, des épisodes manquants pour avoir un chemin de fer classique et au moins un rentrant quelque part dans la saison, il y a trop de monde et tout est bon pour éviter ces épreuves où le dernier est (il faut imaginer Denis pointer ses deux index vers le sol dans un geste parfaitement coordonné) éliminé sur le champ.
Cet épisode est donc dédié à la lente autodestruction de Patrick. Le Pat cherche un collier d’immunité, n’en trouve pas, fait semblant d’en avoir un, fait flipper tout le monde et se fait remettre à sa place par Claude, qui fait pourtant la même chose ouvertement, mais dont l’image est étrangement plus lisse, on y reviendra sûrement plus tard dans la saison.
Pour avoir fait un trek solo dans la pampa, Patrick devient le stratège officiel (horreur !) et se traîne même un poids supplémentaire : un vote en plus, pour avoir été le dernier lors de l’épreuve d’immunité des garçons. Celle-ci consistait en un « coco-basket » (avec aller-retours sportifs), largement dominé par Loïc, modeste ET bon lanceur de cocos.
Laurent et Patrick doivent donc faire ce petit rituel inutilement humiliant où ils vont voter pour eux-mêmes devant toute la classe. Soyons honnêtes, Laurent ne sera pas vulnérable tant que ses potes qui constituent la moitié du casting seront encore là. La fin de l’épisode s’écrit donc toute seule, côté mecs.
Du côté des femmes, elles doivent se coltiner une épreuve statique, en s’accrochant à une corde. Un format de jeu un peu casse-gueule pour le spectateur, où l’on aime bien voir les candidats sortir d’improbables performances sur la durée. Mais Denis a toujours un train à prendre et comprenez bien qu’une épreuve ne peut pas durer plus d’une heure, sinon on la départage en levant une jambe. Toujours est-il que Clémence et ses abdos zigouillent tout le monde, #TeamClémence. C’est néanmoins très long, et comme disait le poète, mon esprit glissait ailleurs. Dois-je m’acheter un nouveau MacBook à deux semaines des keynotes ? Vais-je pécho Thanatos ou Meg en premier dans le jeu vidéo Hades ? Vais-je réussir à caser plus de cinq références à Survivor dans l’un de ces papiers ?
On passe rapidement sur les quelques entrechats pré-conseil, où les femmes sont moins présentes à l’écran, mais l’étau se resserre autour de Cindy, « c’est une stratège, et les stratèges sèment la zizanie », dixit Jade. À aucun moment, la caméra ne va nous expliquer cet état de fait, juste nous montrer qu’elle aime prendre du bon temps et se fondre dans le décor. Alexandra est le plan B, jugée au bout du rouleau — mais là encore, c’est du discours rapporté — et son stress est communicatif.
Tout ceci nous mène au second conseil, un peu difficile à suivre : six personnes sont immunisées, trois autres sont préservées par un twist magique, Claude est naturellement intouchable (quelqu’un, dans le casting, brandit l’éventuel comportement de sa communauté sur les réseaux sociaux comme une menace anti-vote, mais quiiiiiii ?). Bref, c’est un bazar improbable et un jour, il ne restera plus qu’une personne qui sortira par défaut.
La semaine dernière, l’avantage-surprise aux gagnants des jeux était un vote à attribuer, là, c’est carrément une immunité supplémentaire. D’aucuns trouveraient ça suspect, cela permet en tout cas à Loïc de sauver Alexandra, sa collègue, au détriment de Cindy. Une candidate normale aux punchlines rigolotes, un archétype encore trop rare dans un jeu de real-tv. Pour quelle raison perd-elle vraiment, nul ne le sait, mais comme chaque épisode fait immédiatement sortir mon nouveau favori dans l’ordre, je peux déjà vous dire que les finalistes seront Sam et Eric Ciotti.
« Koh Lanta : La légende, épisode 2 » : le résultat des courses
- Le générique est assez stylé. Ok, pas autant que certains génériques de Survivor, mais il me fait un petit quelque chose.
- Il m’est mentalement difficile d’accepter que Denis Brogniart lance un concours pour qu’un téléspectateur puisse gagner 480.000 euros alors qu’un gagnant de Koh-Lanta qui meurt de faim et doit supporter ses camarades pendant un mois doit se contenter du cinquième de cette somme. Je vous promets que si la timbale montait à un million, vous auriez de la meilleure télévision et un casting qui se mettrait réellement à jouer.
- Chouette hommage à Bertrand-Kamal, décédé l’année dernière. Il serait sans doute élégant de faire un véritable segment pour le premier présentateur de Koh-Lanta, Hubert Auriol, qui tutoyait timidement les candidats dans la toute première saison et est décédé en 2021.
- Je réalise que le format all-stars nous débarrasse pour de bon des portraits des candidats, quel plaisir ! On s’en fiche, ça prend du temps, et c’est un spoil passif (quelqu’un dont le portrait n’a pas encore été diffusé est de facto protégé).
- Alerte enlèvement : Phil est invisible.
- Et la médaille d’or de la bonne copine revient à Clémentine dans cet épisode. Verbatim, à Alexandra : « Je t’apprécie, mais j’ai l’impression que t’es toujours au bout de ta vie. Sur les épreuves t’es extraordinaire, mais je dirais que c’est ce petit décalage (…) tu m’apportes beaucoup moins, mais c’est ta personnalité et t’y peux rien. »
La tribu a parlé, la suite dans deux semaines !
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