Vingt ans déjà. Un bébé né devant le premier épisode de Koh-Lanta (dans lequel le regretté Hubert Auriol tutoyait les premiers candidats avec aisance) a maintenant l’âge de postuler à l’émission.
Pour fêter le début de troisième décennie de la vénérable télé-réalité, Adventure Line a concocté une édition All-Stars anniversaire, avec dix hommes et dix femmes qui ont fait « la légende » de Koh-Lanta. Promesse tenue pour une grosse majorité du casting, qui rassemble quelques gagnants, des personnalités iconiques de différentes ères de l’émission, et certains choix de casting un peu plus improbables.
Hélas, les vraies légendes, Raphaël (2004) et Tony (2003 et 2009, celui qui a calmé Moundir avec autorité) ne sont plus dans la fleur de l’âge et/ou ne veulent plus rien à voir avec l’émission. Mais qu’importe : vingt ans de Koh-Lanta, vingt ans de candidats qui font des petites foulées tout sauf naturelles pour venir faire les épreuves et surtout vingt ans d’épithètes étranges donnés aux candidats par Denis, le grandmaster et embrouilleur en chef !
L’édition La Légende qui promet de révéler le paradoxe alpha du show : son incapacité à admettre son volet stratégique. Koh-Lanta pique beaucoup de choses à son homologue américain — épreuves, twists, morceaux de direction artistique — mais pas son ADN compétitif. La version française de Survivor porte, en son cœur, des valeurs d’esprit sportif et d’« humain », quoi que ça veuille dire, qui restent inchangées. Le beau jeu et l’honnêteté avant tout, surtout quand on caste des personnalités athlétique.
Avec une telle édition, comportant des gens peu concernés par l’image qu’ils peuvent avoir (exemple : Claude), la chevalerie pourrait cependant ne pas dominer longtemps. Ce genre de format est, parfois, voué à tourner en tragédie grecque.
Alors voyons ce que donne Koh-Lanta : La Légende, épisode 1 !
Koh-Lanta : La Légende, épisode 1, le récap
Dans Koh-Lanta, tout commence avec un montage qui spoile beaucoup trop. Quelqu’un d’observateur peut sans doute comprendre qui compose la première moitié du casting en regardant cette introduction lardée d’images de jeux individuels — donc dans le seconde partie du jeu.
Autre prérequis de l’émission : Denis Brogniart et ses quatre roues motrices (regardez ses gestes de bras, toujours parfaitement en miroir, c’est hypnotisant) mettent littéralement le feu. En Polynésie, pas encore touchée par la recrudescence de Covid (l’émission a été tournée en hiver), il accueille un à un ses dix candidats et dix candidates.
C’était peu ou prou le deuxième défilé des athlètes de la journée, après les Paralympiques. Et tout le monde joue son rôle à fond.
Sam est le consultant de l’émission et est fan de tout le monde, mais une malédiction maya l’empêche toujours de sourire. Freddy, toujours pimpant, sort directement des références à la communauté de fans. Teheiura est à domicile, et les monteurs claquent toujours des petits effets sonores exotiques à chacune de ses respirations. Ses potes Claude et Laurent (participer à d’autres télé-réalités n’était pas un facteur d’exclusion ?) sont de la partie.
Côté femmes, « Clem la rage » a le regard mauvais 24/7. Namadia et Alix ont été « capitaines de leurs équipes », sachez-le. Jade n’en a toujours pas marre d’être qualifiée d’« amazone » par Denis. Christelle et Clémence, les gagnantes, sont prêtes à en découdre.
Attention, d’ailleurs : notez que dans les All-Stars étrangers, c’est souvent une femme qu’on ne soupçonnait pas qui remporte la timbale…
Cette saison, en tout cas pour le premier round, ce sera la guerre des sexes. Et la ségrégation commence dès la première épreuve d’immunité.
Les garçons doivent se fader un parcours du combattant, une épreuve « mythique » de Koh Lanta — il est vrai, elle est d’origine, mais ce ne sont pas ses trois bambous qui demandent un grand effort de direction artistique… En termes d’efforts, par contre, les candidats sont servis : environ soixante-douze obstacles. Il ne manque qu’un stroboscope, des loups, et votre serviteur qui explique avec un porte-voix à tout le monde pourquoi Survivor c’est mieux.
Heureusement, Sam rend l’épreuve pénible tout seul comme un grand, en se livrant à un duel de valeurs avec Téhé. QU’ILS SONT ÉNERVANTS.
Étonnamment, l’ordre d’arrivée n’est pas par âge croissant. Plus inattendu encore, l’épreuve a tué Freddy, et mon petit cœur avec. L’ami des geeks (les soirées à suivre les dix premières saisons sur les forums HFR sont légendaires) est évacué, et remplacé par le sympathique Loïc, finaliste de l’année dernière.
Derrière, les femmes ont droit à une épreuve d’adresse à base de grappins et de palets à ramasser, après avoir franchi quelques obstacles et rampé dans la boue (elle deviennent dont automatiquement : « des amazones »). Clémentine arrive dans les derniers, et assassine tout le monde avec ses regards zehef.
On se passera de la suite pour cette fois : un premier épisode de Koh-Lanta, c’est surtout une enfilade de séquences qui n’intéressent plus les fans de la première heure mais qui, on ne sait pourquoi, sont indéboulonnables.
Des gens trouvent de l’eau, des gens font du feu, des gens ont du mal à faire semblant de ne pas chercher des colliers d’immunité. Les candidats se lancent dans un festival de gender politics étranges. « On sent que les femmes sont très féministes. Et c’est vrai que c’est bien, je prône l’égalité hommes-femmes, mais par contre, je sais que j’aurai toujours besoin des hommes », souffle Cindy. Eh bah super.
Dans un tel jeu de survie, la stratégie la plus efficace est de se fondre dans le décor et de se faire oublier, ou du moins de ne pas faire de vagues. Ugo a un peu trop embrassé cette philosophie, Karima pas du tout, mais les deux se rejoignent dans le seum : après un conseil où tout le casting est présent façon couverture de Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band, ils sont les deux premiers à être éjectés.
Claude et Coumba, qui ont un avantage, décident mutuellement de ne pas se mouiller et de s’offrir à chacun un vote supplémentaire mais ça ne change rien : la sentence est irrévocable.
À MOINS QUE !
Résultat des courses…
- Clémence a passé le premier épisode, elle doit donc gagner. C’est la loi irrévocable de Koh-Lanta. Ses camarades semblaient l’avoir compris avant qu’une autre cible ne leur soit servie sur un plateau.
- Mes deux petits chouchous chez les mâles : Freddy (car c’est un jock bi-classé nerd) et Ugo (car c’est un Colliourenc) sont déjà hors de la partie. Mais celles et ceux qui connaissent Survivor, et ont reconnu la mécanique qui semble avoir été copiée par la production française, savent que tous les départs ne sont pas définitifs…
- Denis Brogiard ne peut toujours pas physiquement voir une femme sans parler « d’amazones ». La séparation genrée n’est pas non plus hyper rassurante, pour être honnête.
- Vingt votes, et personne n’a utilisé l’obligatoire « je vote pour toi car tu es la personne avec qui j’ai le moins d’affinités » ! Pensez-y la prochaine saison, c’est obligatoire, comme les candidats de Pékin Express qui disent « is possiblé » qu’ils soient au Pérou, au Japon ou dans les Baux de Provence. Il faut maîtriser ses classiques, quand même.
Allez, à la semaine prochaine !
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