Le réalisateur autrichien de Dog Days (Grand prix du jury de la Mostra de Venise), d’Import/Export (sélectionné au festival de Cannes de 2007) et de la trilogie de Paradis (Amour, Foi, et Espoir, sélectionnés à Cannes en 2012, à la Mostra de 2012 et à la Berlinale de 2013) a-t-il fait vivre un enfer à des enfants pendant le tournage de son film, Sparta ? C’est ce que révèle une enquête du média d’investigation Der Spiegel, publiée le 2 septembre 2022.
Un tournage qui maltraiterait des enfants pour un film sur la pédophilie
L’hebdomadaire allemand a enquêté pendant six mois, recueillant les témoignages d’une douzaine de personnes au cours du tournage en Roumanie de l’hiver 2018 à l’été 2019 du film Sparta. L’intrigue tourne autour d’un professeur de judo qui se découvre une attirance sexuelle pour les enfants (sans pour autant passer à l’acte, a priori).
Pour incarner ces derniers, le cinéaste aurait notamment choisi de jeunes comédiens non professionnels âgés de 9 à 16 ans, recrutés dans un petit village roumain d’une région pauvre, sans préciser à leurs parents le véritable sujet du film : le point de bascule de la pédophilie à la pédocriminalité.
Der Spiegel relate donc un consentement faussé, notamment pour jouer des scènes en sous-vêtements, et une absence d’accompagnement psychologique pour ces enfants subitement exposés à des scènes d’alcoolisme, de violence et de nudité. Certains épisodes de violence psychologique et même physique à l’encontre des enfants, dans la réalité au service de la fiction, sont également décrits.
Ulrich Seidl, un cinéaste à l’esthétique crue, quasi documentaire
Le réalisateur Ulrich Seidl, via son avocat, nie ces accusations, assurant que parents et enfants savaient dans quoi ils s’embarquaient. Déjà, en juillet 2019, les autorités roumaines avaient ouvert une enquête concernant de supposés « actes de violence variée », avant de refermer le dossier en février 2022. Celui-ci sera-t-il rouvert suite à cette nouvelle enquête de Der Spiegel ?
À noter que ce film controversé, Sparta, bénéficie de multiples soutiens financiers, dont l’Institut autrichien du film (équivalent au CNC français), du fonds culturel du Conseil de l’Europe, comme le relève Libération. Il s’inscrit dans un diptyque dont le premier volet, Rimini, sortira en France le 23 novembre 2022. Et l’on peut s’attendre à ce qu’Ulrich Seidl poursuive son esthétique crue, quasi documentaire, à grand renfort de castings sauvages de non-professionnels pour dépeindre les affres de l’humanité dans ses fictions. Mais à quel prix, en réalité ?
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Crédit photo de Une : Ulrich Seidl, Prix du cinéma autrichien 2013 dans la salle de bal de l’hôtel de ville de Vienne, photographié par Manfred Werner – Tsui / Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported
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