Si vous avez du diabète, que vous avez eu un cancer ou bien que vous êtes obèse et que vous souhaitez acheter un bien, vous craignez très certainement ce fameux questionnaire de santé proposé par les banques, qui vous empêchera d’acquérir la maison ou l’appartement tant convoité ou générera un surcoût important pour l’assurance.
Cette assurance est à payer chaque mois en plus du remboursement du crédit et protège en cas de décès ou d’invalidité de l’emprunteur ou même en cas de perte d’emploi. Dans ce cas, l’assurance rembourse le prêt en totalité ou en partie, selon les conditions et la formule préalablement choisie.
Si la banque considère que vous êtes « à risque », via le questionnaire de santé et les examens médicaux, vous payerez plus cher.
« Éviter la double peine »
Le Crédit mutuelle est en passe de mener une petite révolution dans ce domaine, qui jusqu’à présent, comme toutes les autres banques, discriminait les personnes malades ou ayant été malades, en appliquant une sorte de double peine. Le PDG, Nicolas Théry, l’a annoncé au Monde hier : ce questionnaire va disparaître.
« Il n’y a pas de loup. L’objectif, c’est d’éviter la double peine, la maladie et l’exclusion de l’accès à la propriété. »
Cette avancée est néanmoins restreinte car les personnes qui bénéficieront de cette nouvelle mesure doivent être des clients « fidèles », domiciliant leurs revenus principaux depuis au moins sept ans au Crédit mutuel ou au CIC (l’autre réseau du groupe) et avoir moins de 62 ans. Cela concerne uniquement l’achat de résidences principales et le crédit sera plafonné à 500 000 euros par emprunteur.
Cette initiative devrait coûter à la banque jusqu’à 70 millions d’euros par an mais aussi ramener un certain nombre de nouveaux clients.
« C’est révoltant »
Jusqu’à présent et dans toutes les banques, les surcoûts financiers pouvaient être importants. Et cette injustice choque les futurs acquéreurs concernés. Les surprimes ne s’appliquent pas uniquement aux personnes âgées, qui ont fumé toute leur vie, mais cela concerne aussi les jeunes, ayant par exemple une maladie chronique.
C’est le cas de Marc, 30 ans, contacté par Madmoizelle, qui évoque la situation de sa compagne, Julie, 29 ans, avec qui il est sur le point d’acheter un appartement :
« Ma compagne a eu une surprime de 75% sur son assurance liée au crédit de notre appartement, à cause d’un diabète de type 1 contracté à l’âge de 25 ans. Quand elle l’a appris, ça l’a tellement chamboulée qu’elle a pleuré devant la banquière.
Cela l’a décidée à choisir une moindre protection : 50% au lieu de 75% comme on avait décidé à la base, car même si elle pouvait se payer une mensualité élevée, compte tenu de son salaire, elle a voulu payer comme quelqu’un qui n’est pas malade. Résultat : la protection sera moindre si elle décède, que ce qu’elle avait prévu. C’est révoltant. »
Patricia Lemoine, députée de Seine-et-Marne, va prochainement défendre à l’Assemblée nationale une proposition de loi qui permettra de résilier sans frais et à tout moment l’assurance des prêts immobiliers. Si elle est adoptée, et il y a de grandes chances qu’elle le soit, peut-être assisterons-nous à un mouvement de foule vers le Crédit mutuel.
Les autres banques devraient elles aussi se pencher sur cette question rapidement et mettre fin à cette injustice.
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Image en une, © Unsplash, Andrew Mead
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