Un film queer, c’est quoi ?
Qu’est ce que le cinéma LGBT ? Et le cinéma LGBTQIA+ ?
Toutes ces appelations ne sont-elles que des synonymes ? Soulignent-elles des différences, des contradictions ou plutôt des complémentarités entre les films ?
Alors que le festival de cinéma LGBTQ+ In&Out s’est ouvert à Nice ce jeudi 6 avril, Madmoizelle a rencontré son directeur, Benoit Arnulf. À l’origine d’une programmation de films aussi passionnants que contestataires, originaux, féministes et émancipateurs, ce dernier nous a expliqué quelles étaient les spécificités du cinéma queer, dans la grande famille du cinéma LGBT.
c’est quelque chose de très queer car ça dépasse la question LGBT.
Rencontre avec Benoit Arnulf
Le cinéma queer dérange, déborde de la marge et conteste les normes
Benoit Arnulf. En France, il y a des festivals LGBT et des festivals queer. C’est important de dire que ce n’est pas la même chose et de revenir au sens du mot queer :
Nous, dans LGBTQIA+, on se retrouve. Dans LGBTQ, ce n’est pas qu’on se retrouve pas, mais ce sont des films plutôt orientés vers des thématiques liées aux orientations et aux identités sexuelles et de genre. On s’est rendu compte que même si on était complètement raccord avec des programmations de festivals LGBT, on veut vouloir essayer de se caractériser un petit peu différemment.
On aime se dire qu’il y a d’autres possibilités, qu’on peut élargir le spectre des représentations pour aller vers le dérangeant, le débordant, dans la marge, dans la contestation des normes. Et effectivement, les normes en sexualité sont des normes cis hétérosexuelles. Le festival In&Out est là pour mettre en valeur ce cinéma qui chamboule ces normes.
À lire aussi : À la recherche de pépites méconnues du cinéma queer ? Le site Queer Cinema Club, de Lawrens, est une mine d’or
Un film LGBT n’est pas forcément queer
L’idée, n’est pas de se concentrer uniquement sur des drames ou des comédies tournant autour de sentiments, de relations, de l’homosexualité ou de la bisexualité. Ou encore, des films qui aborderaient la question de l’intégration, l’inclusion, de l’acceptation de la transidentité. Les films de notre programmation collent complètement à ces définitions, mais ils sont loins de s’y limiter.
Par exemple, la plupart des films d’Émilie Jouvet racontent des relations amoureuses homosexuelles entre femmes mais elle aborde aussi des questions beaucoup plus vastes sur le corps, sur la sexualité, sur l’émancipation des amants, l’émancipation des individus, et en particulier des femmes grâce à leur sexualité.
Pareillement Yann Gonzalez est vraiment dans le trouble, dans le cinéma de genre, toutes ces choses qui font que son cinéma est un queer et pas forcément LGBT. Et ça, c’est quelque chose de très queer car ça dépasse la question LGBT.
Yan Gonzales a également monté une boîte de production avec Bertrand Mandico, un autre réalisateur qui fait un cinéma très queer, qui peut dérouter plein de gens. La forme de ses films peut apparaître comme violente – même si elle ne l’est pas vraiment, cruelle, politique.
Certes, le simple fait de représenter des romances gaies, lesbiennes est forcément politique. rendre ces sexualités visibles, c’est politique. Mais après, il y a aussi une manière vraiment de se poser les questions de manière contestaire. Le queer, c’est contestataire.
À lire aussi : Oliver Sim (The xx) révèle être séropositif au VIH dans un clip réalisé par Yann Gonzalez (et dispo sur Mubi)
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Il n'y a pas encore de commentaire sur cet article.