L’intelligentsia française a beau vouloir entretenir son mépris pour les plateformes de streaming, arguant qu’elles ne seront jamais à la hauteur du grand et noble cinéma, elles accueillent néanmoins de grandes œuvres.
Macbeth de Joel Coen sur Apple tv+, Spencer de Pablo Larraín sur Amazon, Don’t Look Up d’Adam McKay : les catalogues de SVoD impressionnent en ce moment par leur qualité.
Mais parce qu’il convient d’équilibrer la balance et, par la même, de donner raison aux médisances anti-plateformes, Netflix et consorts admettent régulièrement dans leur giron quelques bouses.
Après 365 DNI l’année passée, Brazen (adapté du roman de Nora Roberts Brazen Virtue) est le nouveau thriller-érotique qui cartonne sur la plateforme au sigle rouge.
Et il est positivement ridicule.
Brazen, un coup de martinet qui fait mal (et pas comme on aimerait)
Grace Miller est une autrice de thrillers à succès. Elle pond bouquin sur bouquin, et aide même la police à résoudre certaines enquêtes grâce à son « instinct sans pareil ».
Celle qui s’auto-vante d’être profileuse est un jour appelée à la rescousse par sa sœur, qui demande la garde exclusive de son fils unique et doit ainsi se battre contre son ex-mari, un connard prétentieux, pervers et violent.
Prof le jour dans un lycée, la sœur de Grace exerce une autre activité lorsque la nuit tombe. Elle est Desiree, une dominatrice virtuelle qui officie sur un site spécialisé dans les rapports BDSM.
Coiffée d’une généreuse perruque brune, chaussée de bottes en cuir, son fouet à la main, elle donne des ordres à ses clients, et arrondit ainsi ses fins de mois.
Mais l’expérience érotique tourne au drame lorsque la jeune femme est étranglée dans son propre domicile par un individu masqué.
C’est Grace qui retrouve sa sœur morte dans sa chambre, après avoir diné avec un voisin beau gosse (et flic) à qui elle aimerait bien faire voir son intérieur.
Grace et le flic se mettent alors en quête du tueur masqué, tandis que celui-ci continue de décimer des cam-girls BDSM en susurrant « Desiree ».
Passons sur les détails (qui sont peu nombreux, les scénaristes de Brazen ayant manifestement oublié de travailler) et entrons dans le vif du sujet : la vanité cuisante de la production Netflix.
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Brazen, un plot qui fait flop
Sur le papier, un thriller sur fond de pratiques BDSM, ça pique notre curiosité.
D’autant plus qu’après le désastre littéraire et filmique de Fifty Shades of Grey, on attend impatiemment l’arrivée d’un polar érotique malin et plastique qui nous réconciliera avec le genre et nous fera mouiller notre slip, puisqu’elle est sa vocation.
Mais force est de constater que domination et cinéma font un mauvais mariage, on en veut pour preuve le très mauvais et problématique 365 DNI sorti l’année dernière, qui a eu droit à un succès immédiat et important sur la plateforme.
Si Brazen n’a, de son côté, rien de problématique et aborde la thématique du travail du sexe avec prudence, ses défauts se trouvent ailleurs.
D’abord, ils résident dans le vide abyssal du scénario, qui prend toutes les facilités possibles et imaginables pour faire progresser son récit.
Ainsi, d’autrice à succès, Grace passe tout à coup à profileuse (elle annonce qu’elle exerce ce métier à la moitié du film) et convainc la boss de la police de la laisser travailler sur le dossier de sa sœur en évoquant une différence entre deux scènes de crime.
Une différence qu’un enfant de 4 ans et 12 jours aurait pu trouver en se curant le nez.
D’ineptie en ineptie, le long-métrage progresse alors pour terminer précisément comme on l’avait supputé.
On vous le dit tout de go : si vous avez déjà lu ne serait-ce qu’un quart d’un roman de Arthur Conan Doyle, il ne vous faudra pas plus de cinq minutes pour résoudre la piètre enquête de Brazen.
Le meurtrier est exactement la personne à laquelle vous pensiez dès le début.
Comment dire… c’est peut-être le pire défaut pour un thriller.
Brazen ne tient pas ses promesses
N’importe quelle maman vous le dirait : le plus important dans la vie, c’est de tenir ses promesses.
En bon impoli qu’il est, Brazen a failli aux siennes, en n’ayant d’érotique que sa publicité.
Brazen, en réalité, est le film le plus lisse et radicalement anti-sexy qui soit, déjà parce qu’il ne joue que sur les clichés du BDSM sans jamais explorer ses nuances ni même la pluralité potentielle des désirs des clients du site Fantasmes, ensuite parce qu’il ne comporte que trois scènes succinctes (et caricaturales) érotiques.
Le cœur du film est donc une enquête à la mords-moi-le-nœud qui n’a aucun atout dans sa besace si ce n’est sa tête d’affiche : Alyssa Milano.
Mais là encore, Brazen parvient à décevoir, tant l’actrice livre une performance oubliable. Mais on n’en tient pas rigueur à Alyssa Milano, qui fait ce qu’elle peut avec les (ineptes) répliques qu’on lui a servies.
Non, décidément, Brazen n’a aucun attrait.
Si vous ne l’avez pas encore vu, épargnez-vous la douleur de son visionnage, et préférez plutôt, si vous êtes abonnée à Prime Video, l’extraordinaire Spencer ou bien encore l’étonnant Macbeth de Joel Coen sur Apple TV+.
Si toutefois vous êtes très courageuse, vous pouvez regarder Brazen sur Netflix
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