Après avoir écouté son nouvel album, Le plus grand chanteur de tout l’étang, on n’est pas près d’oublier son nom, à Monsieur Genty. Et si on se rappelle bien de lui, ce n’est pas seulement parce qu’il martèle qu’il s’appelle "Gérald et pas Gérard" dans une chanson d’ouverture façon "Elaeudanla Teïteïa" de Gainsbourg, qui te rentre dans la tête en moins de temps qu’il ne faut pour l’écouter.
Certes, il fait bien de mettre les points sur les I et les L entre les A et les D : pour draguer, Gérald, c’est mieux que Gérard. Mais si on ne l’oublie pas, c’est surtout parce qu’il a une griffe tellement à lui qu’on ne peut le confondre avec personne, même s’il en rappelle beaucoup d’autres.
Musicalement, il y a un petit air des Innocents (je rêve peut-être mais le "Plaire" de Gérald me rappelle furieusement leur "Colore") et d’Albin de la Simone (la touche ludique). Vocalement, ça serait entre Vincent Delerm version "Sous les Avalanches" (un vrai compliment dans ma bouche, si si !), Emmanuel Donzella, Alexis HK et Bastien Lallemant. Encore une comparaison : dans son art de se créer son propre univers, original et (très) personnel, il me fait penser à M et à ses concerts délirants.
Bon, le but n’est pas de faire du name dropping, mais bien de montrer que Gérald Genty, qui a assurément son propre style, s’inscrit bien dans le courant de la "nouvelle chanson française". Une vague sur laquelle Gérald Genty surfe en toute originalité.
Dans ce nouvel album, Gérald utilise à bon escient son art incomparable du jeu de mot : tantôt il fait "du yoyo dans l’Ohio, de l’aïoli dans l’Iowa" où il est aussi un peu pizzaïolo, tantôt il se demande si "c’est pour décorer, hein ?" ou si "c’est pour des coréens" (nettement plus compréhensible quand on écoute la chanson). J’allais oublier la "barraquée Rebecca qui habite à Baccarat" qui nous montre que Gérald vient bien des Vosges. A vrai dire, les 14 titres regorgent de perles, que je préfère te laisser découvrir au fur et à mesure de l’écoute, pour préserver l’effet de surprise :-)
Il nous raconte aussi sa vie quotidienne, avec une mention particulière pour le titre "Le métro", dans lequel il nous parle de ces micro-histoires d’amour entre deux stations, de cette brune qui descend trop tôt, mais immédiatement remplacée par une jolie blonde. Tout le monde connaît ces moments volés à la grisaille quotidienne où l’on se met à rêver d’aller s’installer à Pornic avec son charmant voisin qu’on "regarde dans la vitre presque droit dans les yeux". Sache que si ce voisin, c’est Gérald, tu as toutes tes chances. Une vraie pub pour "la RATP, à nous de vous faire préférez les transports en commun" !
Mais parfois, sa plume redoutable est aussi au service de ses convictions : il doute des effets bénéfiques de la mondialisation, qui fait "qu’Istanbul est de moins en moins à Istanbul". Il trouve que les filles qui veulent maigrir pour plaire "jusqu’à se fondre enfin dans les airs" sont bien déprimantes. Et il redoute de se faire tirer dessus dans le métro par la police londonienne pour délit de sale gueule comme Jean-Charles de Menezes, abattu après une regrettable erreur d’appréciation de la police britannique…
Gérald est lucide, il ne sera jamais "ni steward ni cosmonaute", et préfère s’accrocher à sa guitare. Il a bien raison, car ça lui va drôlement bien. Il fait penser à plein de gens, mais ne ressemble au final à personne. Réussir à faire passer à travers un album un univers aussi riche, original et loufoque n’est pas chose aisée. Il y arrive avec tellement de brio que je n’ose même pas imaginer ses concerts… Le plus grand chanteur de tout l’étang devrait très vite agrandir son marécage pour faire le grand saut vers la Grande bleue !
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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Vouaaalaaaa.