Le hasard a voulu qu’au détour d’une librairie de seconde main, je tombe sur sa dernière œuvre. Parue en 2009, elle nous entraîne dans le monde de Louis et de ses millefrères. Louis a 12 ans, des mots plein la bouche et des pensées plein la tête. Il a aussi une mère qui se pare comme un paon, s’éclaire du jeudi au dimanche, quand elle part à la recherche de l’homme gentil, avant de s’éteindre du lundi au mercredi quand elle ne le rencontre pas. Louis qui est entouré de ses mille frères qu’il ne nomme pas, tant ils sont nombreux, ne voit son père qu’un mois l’été. La plume pour l’illustrer se teinte de rancune, sans jamais verser dans le drame.
Chaque semaine Louis aide sa maman a dénicher l’homme gentil, en se demandant quelle étrangeté permet aux enfants de naître et d’exister sans père. Le trouver l’effacera-t-il ? Un père peut-il naître après ses enfants ?
Il n’a que douze ans lorsque déjà les femmes de son entourage se mettent à l’envisager à la façon des adultes. La belle-mère ou la grand-mère se font caressantes, insistantes l’enfant ne réagit pas. En pointillés, les pourquoi, l’inceste léger, l’émoi profond. Louis ne ressent rien. Enfance ou indifférence ?
Jusqu’à Denis, la vie suit son cours. Jusqu’à Denis, la vie est lente, plus qu’enrichissante. Il est l’homme-gentil. L’homme instruit. L’étudiant qui lit jusqu’à se perdre au travers des mots. L’homme plus jeune, l’homme amoureux de la mère.
Louis l’épie, se nourrit de sa présence, découvre la lecture, se plonge en elle, espérant y retrouver l’empreinte de Denis. Parfois, la nuit, il n’y résiste pas : il rejoint la chambre des amoureux, caresse l’étoffe des dessous de l’homme et s’endort au son des soupirs du couple.
La maman de Louis est jalouse de loin. De leur amitié. De leurs liens. Des regards échangés qui l’éloignent du fils et de l’amant. Elle se tait.
Intuitivement, on comprend, on ressent. L’émoi. Les froissements du désir. On aperçoit au loin l’adolescent qui quitte l’enfance, l’étudiant qui tendrait bien la main.
On ferme les yeux, rien n’est écrit vraiment. On se prend à rêver doucement…
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Les Commentaires
Je n'avais pas vu ton commentaire et tu n'imagines pas l'immense sourire que tu viens de me coller sur le visage
Je crois qu'il n'y a rien qui me fasse plus plaisir que l'idée que j'ai pu communiquer ce que j'ai ressenti en lisant un roman.
Merci