Les bookmakers l’annonçaient gagnante, et ils avaient vu juste : l’écrivaine Annie Ernaux vient d’être récompensée du prix Nobel de littérature. Elle est la 17e femme et la 16e française à décrocher le prestigieux prix, et succède ainsi au romancier tanzanien Abdelrazak Gurnah (récompensé en 2021), huit ans après Patrick Modiano, dernier français à avoir remporté le prix dans cette catégorie.
Annie Ernaux auréolée du Nobel de littérature
Après Le jeune homme (2022), son dernier et bouleversant roman, l’autrice est récompensée pour « le courage et l’acuité clinique avec laquelle elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle », précise le jury du Nobel.
Un prix qui couronne une œuvre importante s’étalant sur plus de quarante années au cours desquelles elle n’aura eu de cesse de faire bouger les lignes. Écrivaine engagée, Ernaux a largement contribué à faire évoluer la littérature française en mettant sur le devant de la scène des sujets jusque-là ignorés tels que l’avortement, la domination de classe ou encore le RER, des thèmes croisant son propre vécu et ses origines.
Icône intellectuelle d’une génération
C’est cela, mais aussi et surtout une écriture exigeante qu’elle veut tout sauf creuse, qui constitue la plume Ernaux. Une approche littéraire qui la place dans le genre autobiographique, ce qu’elle a pourtant toujours récusé. Une écriture qui parle d’une femme, elle-même, mais qui réussit avant tout à atteindre son objectif, celui de rendre des émotions personnelles universelles et de donner aux expériences qu’elle conte un vécu collectif. Comme une radiographie de l’évolution de notre société et de toute une génération, traversée par le récit de l’expérience d’être au monde lorsque l’on est une femme, à travers, notamment, le corps ou encore les violences.
Écrivaine incontournable en France, elle est, comme le suggère Le Monde, probablement devenue « nobélisable » lorsque son chef-d’œuvre Les Années, paru en France en 2008, a été traduit en anglais en 2018.
Plaçant elle-même son œuvre à la croisée de la littérature, de la sociologie et de l’histoire (elle s’est longuement intéressée au travail de Pierre Bourdieu), Ernaux est progressivement devenue, à 82 ans, l’icône incontournable de toute une génération de féministes et d’intellectuels.
Photo de Une : capture d’écran Youtube
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