Le tome 2 du Monde de Narnia, à voir sous peu sur grand écran, est cerné d’un bandeau noir avec inscrit en rouge sanglant Lisez le livre avant de voir le film ! Comme à l’habitude, la sortie de l’adaptation ciné donne lieu à une réédition de la série, et, malheureusement, les fines illustrations de Pauline Baynes ont été remplacées par les affiches du film. (Les gens un peu chiants sur ce genre de détails peuvent cependant dénicher auprès de leur librairie de qualité l’édition précédente). Bref. Lis le livre avant de voir le film, oui, je crois que ça résume assez bien mon propos (qui va suivre). Allez, je t’accorde la possibilité de ne le lire qu’après, mais on sait bien les risques qu’on prend : le bouquin va perdre toute sa puissance évocatrice.
En effet, tout en écrivant simplement, l’auteur sait donner vie à son univers. Pas de longs passages descriptifs, littérature jeunesse oblige, mais des détails choisis qui installent immédiatement l’atmosphère. Les dialogues sont souvent enfantins mais replacent le lecteur (moi, quoi) à la fois dans un contexte de conte (morale incluse) et dans une sorte de réalisme un peu décalé.
Car, du réalisme, sur le fond, point. Quatre mômes sont hébergés loin du centre de Londres, bombardé, chez un vieil homme étrange. Un jour de pluie, ils jouent à cache-cache et la plus jeune, Lucy, se planque dans une armoire. Magique, l’armoire : en quelques secondes, ce n’est parmi les manteaux que la petite fille attend, mais en plein cœur d’une épaisse forêt glaciale. Elle y rencontre un faune accueillant qui lui révèle bientôt le terrible sort qui pèse sur Narnia : la Sorcière Blanche y fait régner l’hiver depuis terriblement longtemps – sans que ce ne soit jamais Noël !-, asservit et tyrannise tous les animaux. Or, une légende prétend que le retour des fils des Humains pourrait bien mettre fin à son pouvoir…
Il y a donc quête, valeurs, lutte du Bien contre le Mal, combats douloureux et sacrifices, notion émergeante d’épopée, toutes choses qui faisaient cruellement défaut au premier tome. En passant, d’ailleurs, le narrateur remballe la plupart de ses commentaires off – et du coup, ouf, ça allège.
Si les studios Disney exploitent le filon « fantastique » actuellement tendance, c’est il y a déjà un bon demi-siècle que C.S. Lewis a décrit les aventures de ces quatre enfants dans le monde de Narnia. C’est dans les vieux pots, etc.
Le Monde de Narnia : le lion, la sorcière blanche et l’armoire magique, de C.S. Lewis, illustré par Pauline Baynes, aux éditions Folio Junior.
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